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Billet de blog 19 mars 2022

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Déjà Hugo parlait de Kiev (ou presque)

(Re)vu dans le Canard ce texte de Hugo adressé aux soldats russes attaquant la Pologne. Changeons Pologne par Ukraine et Varsovie par Kiev et nous sommes aujourd'hui.

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Déjà, Hugo parlait de Kiev (ou presque)...

Un siècle et demi plus tard, rien n'a changé : les mots de Victor Hugo sonnent toujours juste. Janvier 1863 : insurrection polonaise contre la Russie, laquelle occupe le territoire polonais depuis que trois partages successifs (entre les empires russe, allemand et austro-hongrois) l'ont rayé de la carte.
Dès février, Hugo adresse, ce texte aux soldats russes. Il suffit de remplacer les mots « Pologne » par « Ukraine » et « Varsovie » par « Kiev », et c'est d'aujourd'hui :

« Soldats russes, redevenez des hommes.
Cette gloire vous est offerte en ce moment, saisissez-la.
Pendant qu'il en est temps encore, écoutez :

Si vous continuez cette guerre sauvage ; si, vous, officiers, qui êtes de nobles cœur. mais qu'un caprice peut dégrader et jeter en Sibérie ; si, vous, soldats, serfs hier, esclaves aujourd'hui, violemment arrachés à vos mères, à vos fiancées, à vos familles, sujets du knout, maltraités, mal nourris, condamnés pour de longues années et pour un temps indéfini au service militaire, plus dur en Russie que le bagne ailleurs ; si, vous. qui êtes des victimes, vous prenez parti contre les victimes ; si, à l'heure sainte où [l’Ukraine] vénérable se dresse, à l'heure suprême où le choix vous est donné entre Pétersbourg où est le tyran et [Kiev] où est la liberté ; si, dans ce conflit décisif vous méconnaissez votre devoir, votre devoir unique, la fraternité ; si vous faites cause commune contre les [Ukrainiens] avec le czar, leur bourreau et le vôtre ; si, opprimés, vous n’avez tiré de l'oppression d'autre leçon que de soutenir l'oppresseur ; si de votre malheur vous faites votre honte ; si, vous qui avez l'épée à la main, vous mettez ou service du despotisme, monstre lourd et faible qui vous écrase tous, Russes aussi bien que [Ukrainiens], votre force aveugle et dupe ; si, au lieu de vous retourner et de faire face au boucher des nations, vous accablez lâchement, sous la supériorité des armes et du nombre, ces héroïques populations désespérées, réclamant le premier des droits, le droit à la patrie ; si, en plein XIXe siècle, vous consommez l’assassinat de [l'Ukraine], si vous faites cela, sachez-le, hommes de l'armée russe, (...) vous soulèverez l'exécration du monde civilisé ! Les crimes de la force sont et restent des crimes ; l'horreur publique est une pénalité. Soldats russes, inspirez-vous des [Ukrainiens], ne les combattez pas.

Ce que vous avez devant vous en [Ukraine], ce n'est pas l'ennemi, c'est  l’exemple. »

 Victor Hugo (Hauteville House. Février 1863)

© Le Canard Enchaîné (et Victor Hugo)

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