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Kenny Nigel Williams Walker est le coordinateur de la maison de la culture de Limón. C'est aujourd'hui le seul endroit où peuvent se réunir les habitants lors d'une pièce de théâtre ou une séance de cinéma gratuite. Il répond à trois questions, sur l'histoire des peuples, la politique touristique de la ville et sur les importations du pays.

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Peux-tu nous dire comment les créoles sont arrivés jusqu'à Limón ?
KW : Il y a beaucoup de jeunes qui ont oublié l'histoire parce qu'elle n'est pas transmise dans les livres. Le musée National de Costa Rica a réalisé une courte vidéo pour en retracer les grandes lignes. Les Créoles sont les descendants des esclaves africains et de Jamaïque venus construire le ferrocaríl, le chemin de fer Costaricain édifié au 19è siècle pour faciliter les exportations. Ils se sont mêlés aux indigènes présents sur place auparavant. Ainsi est née la culture créole sur la côte des Caraïbes. Elle s'étend d'Haïti au Panama, en passant par le Nicaragua. La culture ressemble à celle des Garifunas, plus au nord, le long des côtes du Honduras, du Guatemala et du Belize. Mais la langue et la nourriture sont différentes.
Tu as des idées pour développer Limón, qu'est-ce qu'il faudrait faire d'après toi ?
KW : Le tourisme pourrait être fort, ça servirait la région. Mais on manque d'un appui politique et gouvernemental. Sachant que 80% des touristes viennent des bateaux de croisière et qu'ils accostent à Limón, je pense qu'il faudrait augmenter notre offre d'hôtels pour qu'ils puissent rester sur place.
Il faudrait revoir l'organisation actuelle, afin de faciliter leur voyage vers d'autres parties du pays. Il n'y a pas de guides pour visiter les attractions d'ici, comme el Mirador El Fortín. On pourrait rendre la présence de touristes plus profitable pour la ville, des emplois pourraient être créés.
Beaucoup de marchandises transitent par le port. Notamment du riz et des haricots. Quel est l'intérêt du Costa Rica d'acheter des produits qu'il cultive déjà ?
KW : Le Costa Rica importe du riz, une denrée que le pays cultive aussi, certes. On a l'obligation d'en acheter à cause du contrat de libre échange avec nos voisins. Ça coûte moins cher d'acheter que de fabriquer. Certains agriculteurs ne peuvent pas vendre leurs légumes parce que c'est moins cher d'importer. Ils sont contraints de vendre aux commerces pour raisons d'hygiène et de salubrité.
Selon une carte de Perspective monde, le Costa Rica fait surtout venir de l'extérieur des produits manufacturés. En 2015, ils représentaient 76% des importations totales, tandis que les articles agricoles représentaient en 13%. Selon Kenny, le pays se dédie aux services et facilite l'installation d'entreprises venant des Etats-Unis depuis les années 1980, notamment celles les centres d'appels. En effet, être au Costa Rica permet de réduire ses coûts de 20%, promet une entreprise originaire de l'Ohio qui pousse les start-up à se délocaliser.