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Diplômé d'un master recherche en histoire contemporaine. Thème de recherche : domination de la bourgeoisie à la fin du XIXe siècle.

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Billet de blog 9 février 2022

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La Cravate : un documentaire pour une compréhension de la montée de l'extrême droite

La Cravate est un formidable document de première main pour qui sait y prêter attention. Il fait œuvre ethnographique, comme il est si important aujourd’hui d’en avoir pour comprendre notre espace-temps politique. Je crois qu'il explique beaucoup de chose de la montée de l'extrême-droite depuis 30 ans.

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Introduction

Dans ce film, ce que j’ai vu, ce ne sont pas des ignorants, sans outils de compréhension. Ce que j’ai vu, au contraire, ce sont des personnes isolées, violentées, abandonnées. Je n’ai pas vu des naïfs qui n’avaient rien compris. Au contraire, ils avaient peut-être été celles et ceux qui avaient comprit en premier de quoi Macron était le nom. François Ruffin l’avait déjà affirmé dans l’entre-deux tours des Présidentielles 2017. Il avait été calomnié pour avoir dit une telle chose. Mais ce film en donne la confirmation. Oui, ces gens avaient compris sans y mettre de mot que Macron était en parti responsable de la décrépitude. En ce sens, nous pouvons rapprocher ce documentaire de celui de Matthieu Bareyre, L’Époque, où une grande bouffée de réel sortait de la bouche des intervenants et intervenantes1. Le mépris assumé que j’ai pu entendre parmi certain·e·s spectateurs et spectatrices présents à la projection - rejoint par d’autres commentaires typiques de la bourgeoisie dans d’autres espaces -, qu’il soit de la pitié, ou du dénigrement n’a pas lieu d’être.

Ce documentaire réalisé par Mathias Théry et Étienne Chaillou retrace la politisation de Bastien Régnier. Les réalisateurs vont le suivre de novembre 2016 à juillet 2017 durant la campagne présidentielle puis législative. Bastien est un jeune garçon d’une vingtaine d’année qui trouve refuge dans le parti du Front National, il est « du Front », comme il dit. Ce documentaire est un formidable document de première main pour qui sait y prêter attention. Il fait œuvre ethnographique, comme il est si important aujourd’hui d’en avoir pour comprendre notre espace-temps politique. Mathias Théry, présent au moment de la projection, expliquait la difficulté de ne pas connoter le film, de ne pas laisser transparaître leurs opinions. Ce prérequis constitue sans doute l’intérêt principal de ce documentaire. Cela permet de laisser de côté des commentaires qui auraient pu frôler le moralisme de gauche rendant le propos inadéquat. À la place, les réalisateurs nous ont offert une œuvre qui peut permettre de faire penser politiquement les choses. À aucun moment, nous avons un jugement moral sur Bastien, on renoue là avec l’idée que la politique n’est pas morale. Bastien n’est ni un « connard », comme il se le demande à plusieurs reprises, ni un ange à qui l’on doit pardonner quelque chose. Bastien est. Voilà, c’était l’enjeu de ce film. Et c’est réussi. En effet, grâce au savoir faire des réalisateurs nous avons un formidable document de compréhension de l’altérité. En retraçant sa vie, et en la faisant confirmer par le protagoniste lui-même, nous sommes éclairés quant au parcours du jeune Frontiste. Il pourrait manquer une partie plus importante sur ses parents, mais le contexte est bien présenté : une région picarde et plus généralement du nord complètement abandonnée, qui semble si morose à habiter.

Violence à l’école, violence de la vie

Le premier commentaire dans la salle a porté sur Bastien, nous ne pouvons en faire reproche. Pourtant, je crois que c’est raté le point névralgique transmis par le documentaire. Bastien donne corps et chair à un propos plus général. Il montre des éléments structurels expliquant comment un enfant, un ado, puis un adulte peut rejoindre des idées d’extrême-droite. Si le film s’occupe à humaniser, au sens propre du terme, je vais ici tenter de faire l’inverse. De voir en quoi Bastien est le réceptacle symbolique de structures qu’il a croisées. D’abord et surtout le capitalisme et l’idéologie bourgeoise. Le nord a été la région la plus touchée par la désindustrialisation de la France, par la robotisation, et par les délocalisations, celles que François Ruffin n’a eu de cesse de mentionner2. Néanmoins, le plus important pour Bastien semble être l’école. Il raconte cet événement, et de bout en bout il en ressort une souffrance. Il était dans un collège privé de sa commune, il n’y arrivait pas, les professeurs lui mettaient énormément de pression, parlaient de lui comme s’il était nul. Il indique qu’il travaillait sans arrêt, ses professeurs ne voyant que l’évaluation, jugeaient l’inverse. Il n’y arrivait pas, mais c’était interprété comme un manque de travail. Comme il travaillait, il devait se dire qu’il était idiot ou un raté. On lui avait dit que s’il ne s’améliorait pas, il allait changer d’établissement pour rejoindre le collège public. Cela ajoutait une pression supplémentaire. C’était le signe qu’il allait rater sa vie, emplie de préjuger, dont il n’était pas le responsable, l’école public était le lieu de la déchéance et du raté. Il était face à un dilemme insoluble : il n’y arrivait pas mais ne pouvait pas se retrouver dans un collège public avec « la racaille ». L’intérêt du format documentaire par rapport à un questionnaire sociologique nous permet de ressentir à travers son récits comment ça a pu le toucher, sans qu'il ne se cherche d’excuse. Le fait qu’il prenne un fusil pour aller buter 17 personnes dans son collège après n’est qu’un épiphénomène, c’est le résultat d’un antécédent. Il avait accumulé une souffrance et une violence dont il présente lui-même le dilemme : expurger cette violence soit vers l’extérieur soit vers lui-même. Slate indique à partir d’une étude de l’UNICEF paru en septembre 2021 « qu’une majorité d’enfants, plus de 5 sur 10 (55,3%), est angoissée à la fois de ne pas réussir à l’école et dans la vie ». On retrouve précisément Bastien dans ce cas. Agnès Florin rajoute que « les relations à l’avenir et à la société sont développées au sein des institutions éducatives, et notamment à l’école ». Cette critique est symptomatique de cette dispersion des sciences sociales en sciences autonomes et qui ont des perspectives très partielles d’un phénomène social. En effet, la chercheuse oublie dans cette analyse l’importance qui résulte de l’habitus des individus, c’est à dire l’incorporation d’une psychologie et d’une attitude liée à la classe et qui favorise davantage encore ce sentiment qu’évoque l’étude de l’UNICEF3. A cette violence institutionnelle, se rajoute des violences interpersonnelles que peuvent produire les enseignant·e·s ou des camarades de classes, c’est ce que constate Agnès Florin dans un article de slate.fr, professeur émérite en psychologie de l’enfant et de l’éducation : « La violence de telles remarques [commentaires violents de la part des professeurs] est décuplée par le fait qu’elles sont effectuées face à un public, généralement constitué des camarades de classe, “ Cela contribue à endommager encore plus profondément l’estime de soi de l’enfant visé. En plus, c’est inefficace et contre productif. La violence entrainant la violence, l’enfant finira par se rebeller d’une manière ou d’une autre, contre ses parents ou contre le système scolaire4 ” ». Pour résoudre ce problème, le système social l’envoya dans une famille d’accueil et dans un collège public. Il y rencontrait pour la première fois les Skinheads (groupe politique d'extrême droite utilisant la violence comme mode d’action) dans des conditions floues et indécises : était-il allé vers eux ou avait-il été obligé de se les mettre de coté puisqu’il avait été un gamin vulnérable et qui cherchait de l’approbation ? Cet épisode symptomatique qui voit sa politisation prendre un tournant en apprenant très vite à détester les étrangers peut être rapprocher de l’ouvrage de Didier Éribon, Retour à Reims. L’analyse sociologique de la conversion du vote du Nord du PCF au Front National s’explique par l’abandon du PCF de ces zones5. Le réalisateur du film ajoute que de manière générale c'est la désagrégation de la foi en la gauche (on ne peut que leur donner raison, comme le mentionne Sandra Lucbert dans Personne ne sort les fusils, la libéralisation de l’économie française a été pleinement lancé en 1985 par le gouvernement Bérégovoy, sous Mitterrand – sans parler des trois années d’austérité qui précède6). Le discours d’extrême droite occupe aujourd’hui cette zone économique très fragile, et accueille dans ses rangs des jeunes perdus comme Bastien. Il le reconnaît : Marine Le Pen lui a ouvert une porte vers une famille et un groupe, où « tout le monde » est accueilli et donne voix à une colère intérieur. Le Front National a su proposer une vision holiste de la société, répondre à des interrogations et remplir un manque psychologique, et en l’occurrence affectif. À l'orée de cette perspective, la montée de l'extrême droite est a mettre sur le dos des partis de gauche, qui ont abandonnées la classes laborieuses du Nord. Plus profondément, Didier Éribon soutient que le PCF atténuait voire évacuait les pensées ombrageuses des classes populaires. Le racisme était profondément ancré dans les classes laborieuses, mais le PCF donnait à cette classe une conscience de soi et une fierté. Le film-documentaire qui adapte Retour à Reims montre, image à l'appui, que le PCF ne fut pas qu'une force politique, il fut un vecteur socio-culturel d'une culture alternative, tourné vers le monde ouvrier. Cela se traduisit par des bals, un langage et par dessus tout, une vision civilisationnel propre à la classe ouvrière et dans laquelle elle jouait le rôle principal - héritage de l’analyse marxiste de l’histoire7.

Le diplôme, un enjeu majeur dans la montée de l'extrême-droite et de la violence

Revenons également un instant sur le problème de l'école que Bastien rencontre. Il a affaire à l'idéologie bourgeoise de la méritocratie et d'une sorte d'évalutionnisme. Le système capitaliste et la société bourgeoise qui s'affirment pleinement au XIXe siècle mettent en place un système de mérite et de justice afin de construire formellement une sorte d'évaluation juste des actions individuelles. Les institutions du mérite récompensent ainsi les comportements heureux, quand la justice ou de manière plus générale ces premières institutions engendrent des peines sociales pour qui ne s'est pas conformé à la société8. Bastien, comme tant d'autres, n'était pas adapté au système scolaire. Lorsqu'on l'écoute, il est loin d'être idiot, le documentaire met par ailleurs en scène un jeune qui ne cesse de réfléchir sur soi même, ce qui est confirmé par le réalisateur. Avec les peu d'éléments que nous avons, Bastien semble plutôt doué d'une intelligence émotionnelle et sociale. Des intelligences qui ne compte pas dans l'école de la République. Cette école qui récompense les méritants, se charge d'évacuer ceux et celles qui ne pourront pas être bourgeois·e, qui n'ont pas les codes de la bourgeoisie9 : c'est précisément dit dans le documentaire lorsque Bastien se rend compte qu'il n'appartient pas au même monde des bureaucrates et des hommes en costumes. Il mentionne d'ailleurs une certaine haine des diplômés qui croient tout savoir, ces élites déconnectées. La sociologie des élections 2017 est à cet égard éclairante. D'abord, les sans diplômes sont ceux qui s'abstiennent systématiquement en plus grand nombre, et la région des Hauts de France est celle qui s'abstient le plus avec la région PACA, deux régions où le RN/FN est fortement implanté10. Parmi les votes pour le Front National, 30% des suffrages exprimés de sans diplômés vont au au parti d’extrême-droite et 24% ont le bac11. En bref, on constate que les exclus du parcours général dans le système scolaire sont ceux qui s'abstiennent ou votent extrême droite. La démagogie de Marine Le Pen concernant l'anti-élitisme est récompensé. Cela devrait peut-être donner des idées quand à l'école républicaine que vante Jean-Luc Mélenchon et consort12. Peut-être est-il temps de changer radicalement l'école et l'idéologie qui la sous-tend. Cette concurrence et compétition évidente, ce poids de l'avenir professionnel qui pèse sur les classes laborieuses fabriquent des exclus qui sont attiré par un discours critiquant l'éducation nationale, parce qu’elles ont elles-mêmes fait l'expérience de ces inégalités et de cette violence symbolique13.

Cela m'amène sur un point subsidiaire. Je crois que nous avons ici la seconde face d'une même pièce. Cet isolement dont parle Bastien, ce besoin de normes hiérarchiques et de valeurs concrètes, d'un combat, d'un Grand récit, pour reprendre l'expression de Johann Chapoutot se perçoit aussi chez les terroristes islamistes. Dans le résumé du rapport de l'IFRI, on peut ainsi lire : « il en ressort que ces individus se distinguent par un niveau d'éducation et une intégration professionnelle plus faible, un degré de pauvreté plus important, un engagement dans la criminalité plus élevé et un rapport plus étroit au Maghreb et à l'Afrique subsaharienne que la moyenne de la population française14». Cette difficulté à s'insérer dans l'école s'y retrouve aussi, où parmi 68 profils, près de la moitié sont sans diplômes. Les proportions montent à 89% pour celles et ceux qui ont le bac, un diplôme équivalent ou sans diplôme, quand la moyenne de la population française tourne autour de 80% de bachelier. Les mêmes conclusions s'imposent pour ce qui est de l'insertion salariale. Dans ces profils-ci comme celui de Bastien, la discrimination scolaire et l'exclusion par définition les écartent d’une compréhension de l’autre, d’une construction empathique ; la violence idéologique venant combler un manque. La résolution des problèmes par la violences par exemple est une compensation. C'est ce que propose par ailleurs Olivier Roy, spécialiste de la question (je cite J. Chapoutot qui le cite) : « Au lieu d'une approche verticale qui irait du Coran à Daesh […] en supposant un invariant (la violence islamique) qui se manifeste régulièrement, je préfère une approche transversale, qui essaie de comprendre la violence islamique contemporaine en parallèle avec les autres formes de violence et de radicalité, qui lui sont fort proches (révolte générationnelle, autodestruction, rupture radicale avec la société, esthétique de la violence, inscription de l'individu en rupture dans un grand récit globalisé, sectes apocalyptiques)15». L'auteur continue : « Daesh puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu'il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L'écrasement de Daesh ne changera rien à cette révolte ». Nous l'aurons compris, cette assertion peut aussi bien s'éprouver juste pour Bastien, moyennant quelque amendement. Son approche des skinheads, qu'il l'ait voulue ou non répondait à un besoin de révolte. S'il s'en est écarté pour trouver en Marine Le Pen un projet de société, cette dite société n'en est pas moins violente, fondamentalement. Le FN construit par l'antagonisme avec les étrangers une identité commune basée sur le rejet de l'autre. Didier Éribon propose même de dire que cela peut permettre aux individus « déclassés » de se valoriser par la dévalorisation de l'autre. En constituant les étrangers comme victimes et oppressés, les « frontistes » obtiennent une position qui n'est plus celle de la domination permanente16. Dans le cas de Bastien, j'interprète l'école comme la responsable la plus proximale de ce qui s'est passé. L'école est l'un des premiers et des plus intenses lieux de sociabilisation de la jeunesse. Aussi, elle est un lieu d’exclusion qui fonctionne par homothétie vis à vis de la vie hors de l’école. Sans rentrer dans les détails, l’école est à la fois un vecteur de pacification et de violence. Comme le dit Édouard Louis, celle-ci traverse les corps tel un flux, dont les élèves seront destinataires et transmetteurs. Mais aussi parce que dès le plus jeune âge on comprend sans peine si on est fait pour avoir le bac ou non, et ce que cela implique. Le même auteur explique parfaitement bien dans Combat et métamorphose d'une femme. S'il était différent, les fils des collègues ouvriers de son père savaient et étaient même préparer à reproduire l'exacte position sociale de chacun des pères17. Et c'est ce qui explique cette pression si intense que ressentait Bastien18.

Par ailleurs, l'école est une illusion quant à son rôle réel. Suite à la diffusion, l'un des participants constata « une misère intellectuelle » et une faillite de ces individus à l'école à partir d'une des scènes du documentaire où l'on peut voir une population pauvre et sans diplôme (selon leur habitus) dans un bureau du Front National. En sous-texte, et nous savons que ce discours existe, que le vote pour le Front National, et sans doute pensait-il pareil des soutiens à « l'extrême gauche » (rappelons nous les mots d’Éric Brunet insultant les 19,6% de vote pour la France insoumise d'idiot), s'expliquait par un niveau intellectuel plus faible, des outils d'analyses moins performants et moins quantitatifs. Ainsi, ce système scolaire aurait, en principe, pour vertu de faire des citoyens critiques. Pourtant ces diplômés qui votent pour Emmanuel Macron croient dans une certaine mesure à des inepties comme la théorie du ruissellement ou ne comprennent pas les discours critiques systémiques. Les uns comme les autres ne sont pas doués de facultés d'analyses exceptionnelles donné par le système scolaire. Leur vote est un vote de classe et d'intérêt. C'est ce que dit en substance Didier Éribon. Le vote pour le Parti Communiste des classes laborieuses il y a de cela quelques décennies étaient aussi un vote de classe. Il me semble que les concepts politiques qui nous servent à analyser la société nous sont donnés par une multitude d'institutions et de rencontres : la famille en premier lieu, le milieu social, les liens de sociabilisation, l'école aussi dans une certaine mesure et à la marge.

La centration sur le thème de "l'immigration" : deux faces d'une même pièce entre l'extrême droite et le macronisme

J'aimerais pointé un autre aspect symptomatique que met en exergue ce film lors du dialogue le soir du 1er tour où Bastien rencontre une partisane d'Emmanuel Macron. On voit un débat, apriori lancé par la macroniste, sur le sujet de l'immigration, en accusant son adversaire du soir d’être réactionnaire sur cette question. D'abord c'est vrai, mais ensuite, pourrait elle en dire de même aujourd'hui quant à la politique migratoire de Macron 19? Certainement pas, ou avec mauvaise foi. Plus important me semble être les sujets toujours évoqués par les centristes pour débattre avec le FN. Il s'agit souvent de l'immigration – qui peut aussi trouver sa genèse dans un thème qu'a longtemps mis en avant Jean-Marie Le Pen –, pourtant la politique d'extrême droite, d'où qu'elle soit n'a jamais apporté des solutions aux classes travailleuses, ni des droits aux LGBT, ni à personne sinon à la bourgeoisie. Cet appel moral que partagent toutes les personnes du centre ne fait en rien diminuer le vote FN, ces arguments sont par apriori démonétisés par le simple fait que la grille d'analyse de la pauvreté et du chômage, c'est à dire leurs problèmes principaux, est parti lié avec l'immigration. Et par ailleurs, ces personnes précaires savent d’ors et déjà que le discours libéral sur la pauvreté est du vent, elles ont expérimentés depuis des années le modèle capitaliste et les réformes libérales. C'est là où nous pouvons rejoindre la classique et antienne analyse selon quoi la « gauche a oubliée les classes populaires ». Et c'est vrai, quand la gauche a abandonné le combat anticapitaliste pour se concentrer sur des questions morales, elle a de fait abandonné les classes travailleuses20. Si le FN/RN ou un de ses séides passaient, il est évident que les personnes racisées seraient les premières touchées. Mais, paradoxalement il faut s'intéresser à la lutte anticapitaliste pour endiguer ces partis. Sans la masse des travailleurs et travailleuses qui votent pour le FN/RN, point de ces partis, point de chantage lors d'un vote, point de surmédiatisation, point de fenêtre d'Overton d’extrême droite…

Critique romantique de l'écologie

De son côté, Bastien n'hésite pas à débattre comme il l'a apprit, en dédiabolisant le RN/FN. Il évoque notamment l'écologie, et je ne pense pas que cela soit anodin. D'abord parce que l'écologie souffre d'une amphigouri lexicale : en récupérant ce concept, la gauche morale l'a vidé de son sens en exsudant l'aspect socle de l’anticapitalisme et qui est structurant dans ce combat. À partir de ce moment, si l'écologie n'est que la réduction des gaz à effet de serre, tous les partis ont quelque chose à proposer. On voit aujourd'hui que le FN/RN propose la fin de ces gaz par un tout nucléaire ou par la réindustrialisation de la France afin d'éviter les transports longs courriers. C'est par ailleurs un thème qui peut parler à la population du Nord et de la Picardie, qui sont des terres d'industrie qui ont vu justement leurs industries disparaître, pour les raisons évoquées plus haut. Or, Bastien parle à un moment de la beauté de la Picardie et du Nord de France, de ses prairies. Le réalisateur dira de même, que pour ces individus la Picardie c'est le socle de la France et de la culture blanche, européenne, chrétienne. Je crois que cette critique écologique de l'extrême droite est celle du romantisme du XIXe siècle alors que les paysages commençaient à évoluer pour se transformer en ville-usine, comme dans le Cambresis, en Artois. Des villes sortent de terre ex nihilo pour satisfaire les besoins de l’industrie. Il y a là une tentative de retrouver une beauté mythifiée et poétique pré-capitaliste, mais dans des formes plutôt rétrograde21. C’est d’ailleurs un discours qui existait déjà au cours du XIXe siècle, chez des « écologistes » romantiques comme François-Antoine Rauch. Si le vocabulaire employé n’est pas le même, en revanche, on retrouve une même idée d’un paysage, réel ou supposé, transformé en mythe éternel et esthétique :

"[C]es antiques et beaux climats, où les premières fractions du genre humain trouvèrent une terre si belle, si féconde, si libérale ; la température si douce, l’air si suave, et le créateur si paternel […], privés aujourd’hui de leurs rafraîchissantes forêts, se trouvent sans nuages, consumés, desséchés par la présence trop immédiate, de cet astre bienfaisant qui autrefois les vivifiait… 22!"

Ce discours trouve une autre occurrence lorsqu'il évoque un monde robotisé, où tout le monde doit être pareil. C'est une nouvelle critique romantique de la rationalité capitaliste moderne. Je crois que pour comprendre cette remarque de notre protagoniste il faut s'intéresser notamment aux théories critiques qui s'appuient sur le surréalisme. Il me semble qu'il désespère d'un capitalisme qui détruit les individus au profit d'une rationalisation dont l'objectif est l'efficacité économique au profit de quelques un·e·s. C'est une critique qui se plonge dans la réalité matérielle des faits et qui n'est pas neuve, mais dont on voit qu'elle se perpétue même sans une grande éducation historico-politique. Nombres d'historiens ont travaillé sur ces questions de robotisation, on le retrouve aussi dans les images d'archives présentes dans Retour à Reims [Fragments], adaptation de l'essai du même nom23. Alors que le rythme de la fabrique pré-capitaliste s'imposait par l'homme, la robotisation et l'automatisation des tâches s'accompagnent d'une obligation donné aux travailleurs et travailleuses de suivre la cadence de la machine. Par ailleurs, il peut s'avérer vrai que le capitalisme à tendance à uniformiser une partie de la population afin qu'elle devienne consommatrice de même produit. Néanmoins, cette assertion est négligeable. La mondialisation qui s'accompagne avec le capitalisme permet aussi de profiter d'une plus grande diversité d'inspiration ou d'objet culturel. Le contre coup est de dénaturaliser le contexte de production de ces mêmes objets. L'art devient une catégorie, tous les objets deviennent des biens consommables, sans nature propre. D'une thématique qui peut sembler plus personnelle à Bastien, en allant vers le RN/FN, il souhaite un retour aux valeurs. On le constate bien lorsqu'il est désenchanté par le monde politique, ces bureaucrates semblent ne pas avoir plus d'éthique que les politiciens qu'il décri. Dans Les Caractères de la Bruyère, les qualités des uns sont ses avoirs monétaires :

"Gidon a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes […] Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps; il se croit des talent et de l’esprit. Il est riche.

Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec, et le visage maigre […] il parle pas dans la conversation; et il articule mal; libre contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère, il ‘n'ouvre la bouche que pour répondre […]. Il est pauvre24".

On retrouve cette même critique dans les Manuscrits de Karl Marx :

" Il apparaît alors aussi comme cette puissance de perversion contre l’individu et contre les liens sociaux, etc., qui prétendent être des essences pour soi. Il transforme la fidélité en infidélité, l’amour en haine, la haine en amour, la vertu en vice, le vice en vertu, le valet en maître […]. 
Comme l’argent, qui est le concept existant et se manifestant de la valeur, confond et échange toutes choses, il est la confusion et la permutation universelles de toutes choses, donc le monde à l’envers, la confusion et la permutation de toutes les qualités naturelles et humaines25".

En effet, la société capitaliste tend à évaluer les individus pour leur apport économique concret, faisant fi des qualités personnelles, thème qui rejoint ce que l'on disait sur l'évalutionnisme dans des institutions comme l'école. Je crois que cette critique que formule Bastien révèle la volonté de se distinguer par ses qualités personnelles, son être, dont il semble être convaincu. Sa fidélité, plusieurs fois rappeler par le réalisateur ou la salle, en est une d’elle.

J'aimerais également qu'on s'arrête sur le sentiment qu'il n'est pas d'extrême droite. Le réalisateur nous explique qu'ayant rejoint Les Patriotes de Florian Philippot, Bastien dit avoir quitté l'extrême droite en partant du FN/RN. Je crois que c'est symbolique de deux phénomènes sociaux. D'abord, l'évacuation du contenu « extrême droite », comme j'en parlait avec l'écologie. Et surtout et qui explique le premier, par la réutilisation de concept de l'extrême droite des partis centristes à la droite anciennement républicaine (du PS aux Républicains/UMP). La confusion qui règne aujourd'hui sur qui est d'extrême droite, qui est dans la nébuleuse fasciste, vient tout simplement d'un rapprochement de tout ce monde politique avec l'extrême droite en terme d'idée et de concept. Par ailleurs, la dédiabolisation de Marine Le Pen, à la fois par son propre travail d’esthétisation et par les médias participent à son recentrage26. Ainsi de Manuel Valls à Marine Le Pen, en passant par Xavier Bertrand, les différences de grilles de lecture deviennent ridicules. Alors pourquoi Marine Le Pen, ou Florian Philippot seraient-ielles d'extrême droite, alors qu'Éric Ciotti et Manuel Valls non ? Le PS comme les Républicains n'ont eu de cessent de crier à la violence de l'extrême droite, mais quand ils étaient au pouvoir, les CRS ont fait des blessés voire des morts lors des manifestations. En l’occurrence, à l'heure actuelle, les violents sont ceux et celles qui qualifient Le Pen d'extrême droite tout en reprenant ses modes de penser – il faut tout de même préciser, qu'en effet, un gouvernement d'extrême droite serait un basculement qualitatif et quantitatif en terme de violence. Un tel phénomène a été parfaitement expliqué par Johann Chapoutot dans Libre d’obéir. Le régime Nazi était imperméable aux critiques venus de pays comme les États-Unis parce que ces derniers participaient eux-mêmes à ce qu’ils critiquaient chez les Nazis, ces derniers n’ayant fait que développer à son paroxysme ces pratiques27. Il est difficile de critiquer quelqu’un ou quelque chose quand le critique n’a pas un appareil idéologique complètement extérieur à ce qu’il critique. C’est précisément l’objet de l’ouvrage de Sandra Lucbert, Personne ne sort les fusils, où les responsables de la politique de licenciement d’Orange sont jugés avec les mots du système qui a précisément produit ces comportements28.

L’éloignement de la violence dans les démocraties représentatives

Je terminerai cet exposé de fait par une petite phrase qui m'a fait réagir. C'est lorsque Bastien, en lisant le roman qui lui a été offert par la production, dit : « ça fait un peu flipper tout ça ». Que j’accompagnerais de toutes ces interrogations : « je suis un connard ? », « est-ce que ça fait de moi un salaud? ». Je me demande s'il se pose la question lorsqu'il est chez lui ou seul. Est-ce qu'il s'est questionné lorsqu'il a frapper les deux personnes racisées ? Je crois que le discours politique tend à dissimuler l'évidente violence de certains de ses propos par des mots qui euphémises, par des expressions, en jouant sur des analogies et tout un tas de procédé; autant de phénomènes qui permettent aux individus de rejoindre ces partis et de s’approprier ces discours sans qu'ils se sentent promouvoir la violence. C'est là aussi tout l'intérêt de cet exercice que font faire les co-réalisateurs à Bastien. Le roman qu'il reçoit est celui de sa vie condensée. Celui-ci permet de reformuler et de cristalliser les propos que Bastien lui même a tenu sans qu'il sente de travestissement. Il s'est ainsi rendu compte que raconté par un autre, accumulé en quelques lignes, ce qu'il faisait pouvait peut-être s'apparenter à de la violence. Il faut aussi reconnaître l'extrême bonté que Bastien devait percevoir chez les réalisateurs pour qu’il ne se sente ni jugé ni acculé. On retrouve cette idée dans les dernières scènes de Batman The Dark Knight où le résultat du vote pour faire exploser le bateau des détenus est positif, mais personne ne prend la responsabilité de le faire. Je crois qu'il y a dans la politique institutionnelle des démocraties européennes ou anglo-saxonnes une tendance à distancer la violence de la politique par des processus de délégations, d’externalisation et de segmentation entre pouvoirs et mise en action. Ainsi, les Forces de l’ordre qui découpent ou délogent des réfugié·e·s à Calais ou à Paris peuvent se décharger de leur action puisqu’ils ne sont que des outils d’une politique. Une politique elle-même légitimer par un vote et des institutions.

Conclusion

Il est temps que l’on écoute les gens qui souffrent, comme Bastien à 12 ans lorsqu’il était au collège Saint-Exupéry. « Écouter » n’est pas un vain mot, il recouvre un contenu bien souvent oublié. Ce verbe ne signifie pas entendre, ne signifie pas dialoguer. Écouter c’est comprendre et intérioriser ce que disent les personnes. C’est s’oublier, faire comme si cette personne qui évoque les violences qu’elle vit avait de fait raison. De cette écoute, il faut en tenir compte, il faut changer ce qui est, sinon c’est comme s’il n’y avait jamais eu ces mots mit à nôtre connaissance. Qu’entend-on fréquemment ? « ils ne nous écoutent pas ? » : le gouvernement les entend comme on entend un brouhaha, mais ne fait pas de démarche de compréhension et d’empathie. Pourquoi ? Parce qu’il y a des intérêts collectifs et de classes. Alors, pour celleux touché par la violence, il faut écouter. Sans quoi, l’inexorable ascension du fascisme n’aura guère de fin. S’il y a une chose à retenir de ce film documentaire, c’est que, toujours, le fascisme, comme le FN/RN, sont les symptômes d’une violence toujours plus acérée sur les plus faibles. Ainsi, deux camps s’opposent anthropologiquement depuis 150 ans : les constructeurs de la violence, les profanateurs de la compersion, les destructeurs des plus hauts sentiments humains : entendre la fourchette allant du PS au FN/RN, et toutes les déclinaisons idéologiques plus ou moins affirmées de ces partis. De l’autre bord, les solidaires, les doués d’amour, les collectifs humains, ces associations qui tentent d’envisager et de fabriquer un monde sans domination ni oppression de toutes sortes, un monde sans violence. Choisissez votre camp.

1BAREYRE Mathieu, L’Époque, produit par Artisans du film, 2019.

2On peut se référer au dossier POUPARD Gilles & BAUDE John, « Les territoires inégaux face à la désindustrialisation », in Population et avenir, n°720, 2014/5, p. 4 à 8. Également à l’article de BOST François & MESSAOUDI Dalila, « La désindustrialisation : quelle réalité dans le cas français ? », in Revue Géographique de l’Est, vol. 57, 2017/1-2, p. 1-20. Dans ses interventions télévisuelles, Thomas Porcher rappelle également que le Grand Est n’a toujours pas rattrapé son PIB d’avant crise de 2008.

3MESSIAS Thomas, « “ Ça me réveille parfois la nuit ” : les petites phrases humiliantes des profs, une violence éducative banalisée », in Parents et enfants, slate.fr, 3 janvier 2022 (consulté le 8 janvier 2022).

4MESSIAS Thomas, « “ Ça me réveille parfois la nuit ” : les petites phrases humiliantes des profs, une violence éducative banalisée », in Parents et enfants, slate.fr, 3 janvier 2022 (consulté le 8 janvier 2022). L’article rajoute que selon la chercheuse et ses paires, estime de soi et réussite sont intimement liées. Il y aurait à revenir sur cette question d’estime de soi et de réussite qui n’est pas sans poser des difficulté quant au regard critique porté sur l’éducation nationale en France. On notera également qu’il est évoqué à la fin l’aspect sexiste et raciste de ces reproches, touchant principalement des élèves vulnérable, sans qu’il soit noter l’aspect classiste de telles remarques. Puisque en tout état de cause, ces commentaires sont avant tout là pour marquer des différences de classes, c’est à dire dans les positions sociales. L’école bourgeoise produit par ce qu’elle est des distinctions de classes.

5ÉRIBON Didier, Retour à Reims, Paris, Champs, 2018 (2009).

6LUCBERT Sandra, Personne ne sort les fusils, Paris, Seuil, 2020.

7PÉRIOT Jean-Gabriel, Retour à Reims [Fragments], 2020. Actuellement disponible gratuitement sur Arte.fr.

8Je renvoi à mes deux mémoires de master sur la vertu et le mérite : BONFILS Lorys, Le discours et la morale bourgeoise à travers les rapports des Prix de vertu entre 1877 et 1901 dans l’Académie de Stanislas, celle de Rouen et à l’Académie française, Mémoire de Recherche, Université de Bretagne Sud, 2020; et BONFILS Lorys, Dominer par le verbe. L’imposition des vertus de la bourgeoisie dans l’espace public en France entre 1880 et 1905, Mémoire de recherche, Université Bretagne-Sud, 2021.

9Cf. le travail de Bourdieu, notamment BOURDIEU Pierre, La Distinction. Critique social du jugement, Paris, Éditions de Minuit, 1974.

10« Élections présidentielle et législatives de 2017 : neuf inscrits sur dix ont voté à au moins un tour de scrutin », in Insee Première, n°1670, Octobre 2017.

11« 1er tour. Sociologie des électorats et profils des abstentionnistes », étude réalisée par Game Changers et Sopra Steria.

12Il ne s’agit pas de jouer sur l’anti-intellectualisme ou l’anti-élitisme, mais bien de repenser l’école relativement à l’usage méritocratique, et élitiste de fait, qui en est fait.

13Il n’est pas question de donner quitus au discours frontiste, qui n’a rien d’une remise en cause de ce champ.

14HECKER Marc, « 137 nuances de terrorisme. Les djihadistes de France face à la justice », Focus stratégique, n°79, IFRI, Avril 2018, p. 7.

15ROY Olivier, Le Djihad et la Mort, Paris, Seuil, 2016.

16ÉRIBON Didier, Retour à Reims, Paris, Champs, coll. « Essai », 2018 (2009).

17LOUIS Édouard, Combat et métamorphose d’une femme, Paris, Seuil, 2021.

18Pour un propos plus général et scientifique voir : BOURDIEU Pierre, Les héritiers, Les Édition de Minuit, 1964.

19Rappelons-nous de la simple petite phrase de Gérald Darmanin lancé à Marine le Pen : « je vous trouve un peu molle sur le sujet » ou bien les multiples preuves vidéos des agents de l’État déchiré des tentes.

20Nous pouvons définir « questions morales » comme le cercle de la raison modérée qui analyse les violences racistes ou envers d’autres minorités politiques comme morales et individuelles quand le problème est systémique et politique.

21LÖWY Michael, La comète incandescente. Romantisme, surréalisme, subversion, Orange, Éditions Le Retrait, 2020.

22Cité dans : BOUNOUA Samy, « Penser l’écocide au XIXe siècle : crimes contre la nature, châtiment divin et vengeance de la terre », in Criminocorpus, Actes de colloques et de journées d’études, mis en ligne le 14 décembre 2020.

23Comme historien.ne, nous pouvons nommer JARRIGE François, « Le ludisme, refus de la mécanisation », in Histoire des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 2012, p. 69-78 ainsi que d’autres articles (qui est spécialiste aussi de la pollution au XIXe siècle); NOIRIEL Gérard, « Un monde sans protection », in Une histoire populaire de la France, Paris, Agone, 2018, p. 303-311…

24LA BRUYÈRE, « Des biens de fortune », Les caractères, Séville, Rombaldi, coll. « Le Club des classiques », p. 172-174.

25MARX Karl, Manuscrit de 44, Paris, Les Éditions sociales, 1972, p. 110.

26La dernière preuve en date est l’interview type Konbini de Marine Le Pen sur France Inter ou l’émission de Karine Le Marchand, dont laquelle Marine Le Pen est humanisé, on s’intéresse plus à sa personnalité : elle aime les chats, elle a une famille… sans évoquer les aspects politiques violents.

27CHAPOUTOT Johann, Libre d’obéir. Le management. Du nazisme à aujourd’hui, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essai », 2020.

28LUCBERT Sandra, Personne ne sort les fusils, Paris, Seuil, 2020.

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