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Louis Albert SERRUT

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Billet de blog 9 avril 2024

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Le choix des mots contre les extrêmes droites 3/4

Le texte est riche par l’exigence de précision et long par souci d’être complet. Il balaie des thèmes étroitement intriqués qui ne peuvent, pour la compréhension de l’ensemble, être séparés. Ce sont successivement : 1- L’antisémitisme, historique et moderne 2- La notion de race et l'usage de son terme 3- Les caractéristiques des extrêmes droites 4- Le mot précis pour les nommer

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NOMMER LES FAITS ET LES ACTES D’EXTRÊMES DROITES

Nous pouvons répéter à l’envi que les extrêmes droites sont antisémites et racistes. Ce sont des truismes que les faits et les enquêtes confirment. Ils sont tant répétés qu’ils n’effraient plus, comme s’ils avaient perdu leur sens. Et si « raciste » doit disparaître, c’est pour être remplacé comme nous le proposons plus haut, par des termes plus précis et plus exacts. Et vrais. Si nous avons pour projet de comprendre l’audience et l’influence des extrêmes droites, il nous faut aller au-delà de ces truismes qui s’affadissent à force de répétition. C’est bien plutôt en nommant précisément les discours et les pratiques des extrêmes droites que leur critique sera mieux comprise, qu’elle s’entendra et portera.

Nous pouvons déclarer que les partis d’extrême droite sont des partis attrape tout ; des partis populistes qui prononcent ce que veulent entendre leurs auditoires, un jour ceci, un jour cela ; qui agrègent les mécontents, les déçus ou les déclassés, aussi bien que ceux qui refusent de participer au collectif, les individualistes. Nous pourrions reprendre la formulation de Joseph Kessel écrivant en 1932 à propos du parti national socialiste allemand : « Hitler entraîne les demi-soldes, tous les éléments troubles, fervents de violences et de coups, les déçus, les aigris, les désespérés de toutes les classes, mais surtout les classes moyennes, et même les ouvriers chômeurs. »[1] Si le constat est similaire, confirmant une constante longue, il ne suffit pas à lui seul pour éclairer la stratégie des extrêmes droites dans un contexte où les sociétés ont changé depuis près d’un siècle sur nombre d’aspects.

Avançons donc point par point. 

Les extrêmes droites sont xénophobes : la xénophobie, c’est la peur de l’autre, de l’étranger. La « préférence nationale », quand bien même elle a été renommée « priorité nationale », est l’argument premier fondateur des partis d’extrême droite xénophobes dont ils tirent leur nom, partout en Europe. Ce programme fait de tout « autre » un étranger, qu’il soit européen, hindou, malien ou asiatique - ce fut longtemps le Juif. La citoyenneté même, quand il s’agit de Français, est déniée au motif de l’apparence, du « faciès » ou de la confession. Les extrêmes droites ont pour seul principe le refus à l’ « autre » d’appartenance à la nation, refus fondé sur l’origine, soit un ethnocentrisme excluant tout individu exogène[2]. L’immigré est bien sûr la cible première des extrêmes droites, elles le détestent a priori. Selon elles, il est improductif, dangereux, fraudeur, voleur, violent, toutes appréciations infondées et mensongères. Les extrêmes droites identitaires ajoutent un sectarisme confessionnel, catholique, à l’exclusion, au rejet de l’étranger, de l’immigré, notamment musulman.

Le Rassemblement national indique comme projet sur son site internet « stopper la submersion migratoire », autre présentation du fantasmatique « grand remplacement »[3]. Cela renvoie aux politiques de repeuplement que la Chine a déployées depuis des décennies au Tibet, plus récemment au Xinjiang pour remplacer les populations autochtones par des populations Han provenant d’autres régions de Chine. Ce sont des millions de Ouïghours et de Kazakhs musulmans qui sont internés dans des camps de rééducation forcée, un « grand remplacement » inversé que le gouvernement chinois d’extrême droite met en œuvre.

Les extrêmes droites recyclent les thèmes nazis : de nombreux groupuscules s’inspirant du IIIème Reich ou ouvertement néonazis sont régulièrement poursuivis pour différents délits et crimes : injure, diffamation, négationnisme, provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Lorsqu’ils sont dissous, ces groupes se reconstituent et continuent à prôner la violence à l’égard des étrangers, des immigrés, des musulmans et à la mettre en œuvre. Leurs membres trouvent dans les partis politiques des tribunes pour poursuivre leur propagande[4]. En France, le Rassemblement national est la continuation du le Front national, « créé pour rassembler toutes les composantes de l’extrême droite française et, parmi elles, il y avait nombre d’individus (François Duprat, Victor Barthélémy) sur une ligne ouvertement antisémite. »[5] En 2019, une ex-élue du RN a été condamnée pour propos négationnistes. En 2021, la CDEH a confirmé la condamnation de Julien Sanchez pour appel à la haine contre des musulmans. En Allemagne, Alternative für Deutschland (AfD) compte parmi ses membres et élus des apologues du nazisme. En Autriche, le Freiheitliche Partei Österreichs (Parti de la liberté d’Autriche, FPÖ) fondé par d’anciens nazis fut dirigé à ses débuts par un ancien général SS. Parti nationaliste et populiste, il compte parmi ses membres et responsables des néonazis.

Les extrêmes droites sont haineuses : elles haïssent qui ne leur ressemble pas. Elles s’assemblent par cooptation, assimilent la ressemblance à l’égalité, le semblable à l’identique dans une réduction à un  modèle archétypal, la sympathie est réservée à l’entre soi. Au-delà du clan ou du cercle, les individus d’autres groupes ou traditions suscitent la méfiance, la mésestime, le dénigrement, le mépris et l’agressivité qui en découle[6].

Les extrêmes droites sont dominatrices : elles se considèrent naturellement investies d’un pouvoir, dépositaires d’une mission : restaurer, réparer, éduquer mais surtout celle de décider, diriger, commander. Elles entendent imposer comme une évidence, un droit naturel immanent, leurs idées, serait-ce par la force et la brutalité.

Les extrêmes droites sont suprémacistes : elles se considèrent, blanches et françaises, (ou italiennes, allemandes, suédoises, hindoues…) d’essence supérieure à tout autre groupe humain. Elles usent des théories « raciales » pour construire leurs discours différentialistes et anti-humanistes. Elles postulent une inégalité naturelle.

Les extrêmes droites mentent : opportunistes et démagogues, elles flattent les électeurs. Pour cela, elles usent d’approximations, d’affabulations et de contradictions dans leurs discours et démonstrations, leurs arguments sont tronqués ou biaisés pour séduire et rallier à leurs conceptions politiques et culturelles. Le mensonge comme instrument de prosélytisme est avéré[7], il est l’un des instruments favoris de ces partis qui ont comme procédé de discours de dire ce qu’attend d’eux leur public. Ces partis énoncent haut et fort ce que disent parfois tout bas des individus. En relayant l’expression des individus, ils semblent leur témoigner une attention et une écoute qui ne sont que falsification, ou populisme. Cette adaptation à leur auditoire les met inévitablement en contradiction avec leurs propos autant qu’avec leurs actes. Ainsi quand les élus RN votent pour la défense du droit à l’avortement en France, les élus RN au parlement européen ont voté contre. Le RN prétend défendre les salariés. Au Parlement européen, des amendements pour améliorer les salaires minimaux en Europe ont été adoptés à une large majorité. Les députés du RN ont tous voté contre.

Les extrêmes droites falsifient et réécrivent l’histoire : s’ils leur sont contraires, les faits avérés et attestés sont niés ou déformés[8]. Elles s’efforcent de faire correspondre les faits et les réalités établies à leurs thèses en les adaptant, les déformant, les transformant ou si besoin en les niant. Elles vivent une histoire fantasmée où se mêlent des désordres anachroniques, des références simplistes, des analyses tronquées et des théories aussi approximatives qu’absurdes[9]. Par un identique processus, les extrêmes droites réécrivent leur propre histoire, dissimulant leur origine sur les pas du nazisme, leur idéologie de l’inégalité naturelle, leur antisémitisme et leur refus des idées des Lumières, la liberté, l’égalité et la démocratie. Elles prétendent être devenues, en dépit des résurgences continues de leurs fondamentaux, des forces tout à fait républicaines et démocratiques.

Les extrêmes droites revendiquent les racines chrétiennes de la France (ou de l’Europe) : Elles travestissent les faits pour tenter de conforter une idée ancienne, celle des contre-révolutionnaires et des anti-Lumières, qu’elles réactivent. L’histoire nous apprend cependant que la France s’est lentement constituée d’apports divers indistinctement mêlés, grecs, celtes, romains, Juifs, francs, visigoths, helvètes, burgondes et bien d’autres. Tous apports exogènes qui ruinent le thème des extrêmes droites, repris du nazisme, du peuple (ou du sang) pur, qu’il faudrait préserver de la souillure par les étrangers. Quant à l’appareil sacerdotal chrétien qui devint progressivement totalitaire à partir du XIIIème siècle, c’est bien tardivement qu’il a pris le contrôle des populations, avec l’appui de l’aristocratie, jusqu’à ce que la Révolution le mette à bas. La place du protestantisme est gommée, oubliée ou niée du récit des extrêmes droites.

Les extrêmes droites sont pro-capital : elles n’ont jamais remis en cause le capitalisme comme organisation économique et sociale des sociétés. La doctrine économique du capitalisme détermine les classes d’individus selon leur possession. Elle leur attribue aussi, sur cette même détermination, un pouvoir ou une autorité. Cette hiérarchisation s’accorde à la théorie de l’inégalité naturelle des extrêmes droites dont les projets sont favorables au néolibéralisme : moins d’Etat et plus de laisser faire. Le capital est l’antichambre des extrêmes droites, il en est le reflet économique. Son pouvoir, illégitime, habitue les individus à l’inégalité, à l’individuation, au pouvoir non partagé, non démocratique, du petit nombre ou d’un seul, le chef. Le capital, par sa nature et sa structure, est préfasciste. Il éduque, par ses média publics ou internes, et prépare les esprits à ce régime qui le représente parfaitement, avec lequel il est en osmose et qui le prolonge politiquement[10].

Les déclarations populistes que les tribuns d’extrêmes droites adressent aux travailleurs ne sont destinées qu’à les séduire, car elles sont en double contradiction, avec leurs votes dans les instances où elles siègent et avec leur projet. Dans celui du Rassemblement national en France, par exemple, concernant les salaires, l’exonération des cotisations sociales patronales est reconduite, mais rien n’est prévu pour la hausse du smic, pour la réduction du temps de travail, sur le recul de l’âge de départ en retraite… Par une pirouette, le RN affiche « la retraite à 60 ans pour ceux qui commencent à travailler tôt »[11]. En favorisant l’entrée précoce dans le monde du travail, il ferme la porte à la possibilité d’étudier, de se qualifier, notamment aux enfants issus des classes populaires de plus en plus exclu des études supérieures.

Avec le RN, c’est la reproduction amplifiée des inégalités de classe. Concernant la Santé, il ne critique pas les logiques capitalistes qui ont affaibli la santé publique. Au contraire, il faudrait selon lui « desserrer l’étau bureaucratique et lever le carcan administratif ». Il propose l’étatisation de la Sécurité sociale, voie vers une fiscalisation de ses ressources, projet patronal ancien. Les extrêmes droites veulent la libéralisation de la santé publique (c’est-à-dire sa privatisation et sa marchandisation) et la fiscalisation de la protection sociale. Marine le Pen, durant la campagne présidentielle de 2022, a posé avec des salariés en grève qu’elle est allée rencontrer, accompagnée des médias. Opportunisme et démagogie, il y avait de plus là une forme d’indécence à voir cette privilégiée économique jouer la défenseure de ceux qui défendent leurs emplois et leurs conditions de vie.  

Les extrêmes droites sont anti-syndicats de salariés : la haine du syndicalisme salarié est dans le projet des extrêmes droites qui prévoient leur contrôle et leur disparition au prétexte d’une réconciliation entre le capital et le travail. Les extrêmes droites promeuvent la création de nouvelles organisations accueillant patrons et ouvriers. Quand Marine Le Pen parle de « liberté syndicale », c’est à « une grande réforme des syndicats sera mise en œuvre… des syndicats moins tentés de recourir à un rapport de force » qu’elle pense. Les extrêmes droites sont ainsi dans la lignée de la Charte du travail (« Réconciliation entre les intérêts opposés des employeurs et des travailleurs et leur subordination aux intérêts supérieurs de la production. »), mise en place par Mussolini en Italie en 1927, par Pétain en France le 4 octobre 1941.

Les extrêmes droites sont malhonnêtes : alors qu’elles prétendent avoir « les mains propres », leur manque de probité est largement démontré. En 2020, le RN a été condamné pour recel d’abus de biens sociaux dans le financement des campagnes législatives de 2012. En 2021, Gilbert Collard et Wallerand de Saint Just ont été condamnés pour diffamation. En 2022, Florent de Kersauson a été condamné pour délits financiers, abus de biens et abus de pouvoir. En 2022 en appel, le journal Valeurs actuelles a été condamné pour injures publiques à caractère « raciste » (nous ajoutons les guillemets). En 2023, pour éviter une saisie, Marine Le Pen, ex présidente du RN, a remboursé trois cent trente mille euros au Parlement européen pour emploi indu de deux assistants. Septembre 2023, 27 eurodéputés et assistants du RN sont renvoyés devant le tribunal pour détournement de fonds publics.

Les extrêmes droites sont élitistes : elles se considèrent comme l’élite, seule digne de régner sur le peuple, la populace qu’il faut encadrer et diriger comme un enfant ignorant. Leur égérie en France, Marine Le Pen, héritière d’un parti politique familial, ignore tout de la condition salariée. Elle est partie du système qu’elle prétend condamner et combattre.

Les extrêmes droites sont exclusives : elles procèdent par l’exclusion de ceux qui ne sont pas de leur clan. L’inclusion, l’ouverture, c’est-à-dire la fraternité, sont contraires à leur esprit clanique et sectaire.

Les extrêmes droites sont violentes : leurs projets ont toujours reposé sur une violence idéologique, elle est intrinsèque à l’extrême droite et prédispose à la violence physique. Cette violence vise les personnes immigrées, les femmes et leurs droits et les personnes LGBTQI, en fonction de leur origine ou confession[12]. Les affidés d’extrême droite et leurs groupuscules n’hésitent pas à passer à l’acte, à la violence physique contre des personnes. Ils ne cessent d’agresser physiquement des populations et groupes divers. En 2021, plus de cent événements violents ont été commis par des militants d’extrême droite. En 2022, ils ont attaqué la manifestation parisienne du 25 novembre contre les violences faites aux femmes. Deux professeurs d’université écrivent : «  Cet activisme radicalisé ne manque pas d’inquiéter […] celui d’une extrême droite qui multiplie les pressions et les insultes contre certain.es artistes et intellectuel.les, ainsi que les violences dont témoignent désormais régulièrement les étudiant.es dans les réunions des services centraux, à la Sorbonne et dans d’autres universités. »[13] Les violences policières sont le reflet de cette stratégie d’agression et la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre sont dans le projet des partis d’extrême droite. C’est le projet de mise en place d’une violence d’Etat comme jamais connue en régime démocratique.

Les extrêmes droites sont liberticides : le projet du RN affiché sur son site internet de « remettre la France en ordre », le renforcement du système capitaliste, du patriarcat, la xénophobie sont les grands axes des projets d’extrême droite. Pour y parvenir, les partis d’extrême droite savent comment éliminer toute opposition : par la loi qui en réduit l’expression, par le référendum qui ôte aux parlementaires la discussion de la loi et impose aux citoyens une décision qui leur échappe (le RN promeut le référendum d’initiative citoyenne par lequel il pourra faire adopter les changements hors du Parlement). Par le changement constitutionnel qui prive les partis de participer au débat et aux citoyens de s’exprimer. Les exemples leur montrent, et nous montrent, le chemin : le contrôle du Conseil constitutionnel tels que l’ont organisé Victor Orban en Hongrie, voulaient le faire le PIS en Pologne ou Nethanyahou en Israël. C’est la Commission européenne qui l’a empêché en Pologne sous menace de sanctions, ce sont les citoyens qui ont massivement protesté en Israël.

Les extrêmes droites ne supportent pas d’autre pensée que la leur, elles refusent la liberté d’expression ou de création autant que de la critique. Elles ne cessent d’attaquer, via les groupuscules ou associations catholiques intégristes, les spectacles, les expositions, les théâtres ou les cinémas qui présentent des œuvres qu’elles jugent non conformes à leur idéologie[14]. Comme les nazis le firent pour terroriser et faire taire toute pensée autre que leur idéologie[15], les extrêmes droites recourent à l’intimidation, à l’agression physique autant qu’aux moyens de dénigrement des réseaux sociaux et systèmes numériques, toutes manœuvres qui sont des faits de censure[16].

Enfin, les extrêmes droites sont anti-démocratie : autoritaires par nature, elles veulent imposer leur conception de régime politique et de vie en société, sans alternative, par tous moyens. Les extrêmes droites ont un seul mode d’action, l’affrontement et la coercition : le compromis et la concorde, la paix et l’entente leurs sont inconnus. Elles refusent la discussion, n’acceptent pas le débat ni la critique. Elles dénigrent la démocratie, qu’elles considèrent un régime des faibles soumis aux opinions diverses. Admiratrices des hommes forts qui détruisent dans leur pays la démocratie et imposent un régime autocratique, elles ont pour modèles Viktor Orban en Hongrie, Poutine en Russie ou Trump aux Etats-unis. Les extrêmes droites veulent, à leur exemple, réduire les droits parlementaires et d’expression à leur seule voix, leurs seuls partis, réduire l’Etat pour laisser le capital dérégulé agir et décider. Un régime à parti unique est leur horizon et leur projet.  

[1] Joseph Kessel. Les forgerons du malheur. Dans Joseph Kessel, Reportages, Romans. Edition établie et dirigée par Gilles Heuré. Gallimard, « Quarto », 2010, p. 704. Cité par Dominique Bona, Les partisans, Gallimard 2023, p. 31.

[2] Une autre expression, synonyme du même sens xénophobe que la « priorité nationale », est apparue pour dire la même exclusion : la « régression ethnique » que la présence d’immigrés provoquerait dans la population française. C’est Bruno Retailleau, président du groupe de droite Les Républicains (LR) au Sénat, qui a initié cette formule mercredi 5 juillet sur l’antenne de la radio France Info. Retailleau est issu du Mouvement pour la France, de Philippe de Villiers, idéologiquement proche d’Eric Zemmour.

[3] En France, lors du vote de la loi « Asile et immigration » au Sénat le 14 novembre 2023, les sénateurs Les Républicains, conduits par Bruno Retailleau, ont atteint à « l’inhumanité et la déraison en mutipliant les outrances et propos stigmatisant », cf. le communiqué de plus de 30 associations, dont la LDH. Ils ont été jusqu’à restreindre le principe, constitutionnel, du droit du sol.

[4] Marine Turchi. Aux marches contre l’antisémitisme, des élus d’extrême droite au lourd passif. Médiapart, 13 novembre 2023. Cécile Boutelet. En Bavière, un député AfD soupçonné de proximité avec les milieux néonazis. Le Monde, 3 novembre 2023 ; Thomas Wieder. Elections en Allemagne : le parti d’extrême droite AfD progresse. Le Monde, 8 octobre 2023 : « …Freie Wähler (électeurs libres), un parti ultraconservateur dont le chef, Hubert Aiwanger, numéro deux du gouvernement bavarois, est soupçonné d’avoir diffusé un tract antisémite et pronazi dans sa jeunesse. »

[5] Nonna Meyer. Les préjugés antisémites remontent légèrement à l’extrême gauche. Le Monde, 11, 12, 13 novembre 2023, p.10. Les actes « de l’antisémitisme ordinaire : des tags, des graffitis, de insultes, des provocations… ».

[6] Eric Zemmour a été condamné le 17 janvier 2022 pour incitation à la haine pour avoir affirmé que les migrants isolés « n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, assassins, il sont violeurs ».

[7] Jordan Bardella, président du Rassemblement national, dans un entretien le 5 novembre 2023, a nié l’antisémitisme de Jean-Marie Le Pen, condamné cependant à six reprises par la justice pour ce motif. Ce mensonge a été largement commenté dans les médias.

[8] Victor Orban, premier ministre Hongrois, Vladimir Poutine, président de la Russie, Recip Erdogan, président de la Turquie, sont des dirigeants de partis d’extrême droite ayant largement changé l’historiographie de leur pays.

[9] En France, Philippe de Villiers, catholique, est le fondateur du Mouvement pour la France (MPF), parti souverainiste, défenseur des « racines chrétiennes de la France ». Villiers est affilié au parti Reconquête d’Éric Zemmour. Ses propos complotistes lui ont valu des critiques des médias. Le spectacle du puy du fou, qu’il a créé en 1978 en Vendée, est l’archétype des errements des extrêmes droites et de leur propagande : imagerie simplificatrice, violence, victimisation de la région contre la Révolution, transmission héréditaire du parc à son fils.

[10] La désinformation publique diffusée par les média appartenant à Bolloré est l’illustration de cette manipulation. La presse de Murdoch aux Etats-unis est un autre exemple, qui se retrouve partout où un pouvoir non démocratique, autocratique ou dictatorial est en place.

[11] https://rassemblementnational.fr/  Site consulté le 23 novembre 2023.

[12] La députée de La France Insoumise Danièle Obono a été la cible du journal d’extrême droite Valeurs actuelles pour son origine supposée, sa couleur de peau et ses convictions politiques. Le journal et son directeur ont été condamnés en première instance et en Appel.

[13] Frédéric Regard et Anne Tomiche. Op. cit. p. 18.

[14] L’observatoire de la liberté de création, affilié à la Ligue des droits de l’Homme,  ne cesse de défendre les artistes et les œuvres attaqués par les activistes d’extrême droite et de les faire condamner à tout coup. https://www.ldh-france.org/sujet/observatoire-de-la-liberte-de-creation/

[15] Uwe Wittstock, Février 33. Grasset, 2023, p. 41. « En 1930, le lendemain de la première à Berlin et dans d’autres villes de A l’Ouest rien de nouveau, Goebbels envoya les meutes de la SA lancer des boules puantes dans les cinémas, menacer ou frapper les spectateurs jusqu’à ce qu’on soit forcé d’interrompre les projections. »

[16] Communiqué de la société des réalisateurs de films (SRF) du 22 novembre 2023, L’extrême droite attaque la culture (extraits): « D’autres films […] ont déjà fait les frais de telles charges assorties de commentaires haineux imputables à des groupes d’extrême droite. […] nous assistons à une offensive résolue, massive et coordonnée de cette mouvance sur le terrain culturel, dont le cinéma, art populaire. […] nous, cinéastes de la SRF, viscéralement attachés à la liberté d’expression […] dénonçons vivement ces manœuvres d’intimidation car elles cherchent en réalité à pratiquer une censure de fait qui ne dit pas son nom. Elles portent ainsi atteinte à la liberté de création des cinéastes et à la libre diffusion des œuvres. »

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