Conditionner la citoyenneté à des durées de résidence des parents puis à une demande, 13 ou 18 ans plus tard, revient en multipliant les obstacles à la refuser. C’est considérer que ces personnes, hommes ou femmes, qui naissent ici, grandiront ici, étudierons et travaillerons ici, ne sont pas dignes d’être français, et plus précisément qu’ils et elles ne sont pas « conformes » à un modèle-type supposé.
C’est un vote identitaire qui considère que le citoyen français, ou européen, est blanc. Les nuances qui ruinent cette prétention sont exclues comme le sont les individus qui les portent. En effet, quel identique teint définir entre un blond scandinave et un ibère brun au teint halé, quels phénotypes retenir entre un breton et un caucasien, un antillais et un réunionnais, un hellène et un saxon, par exemples. Nous pourrions continuer à l’infini des variantes.
De plus, le citoyen français, ou européen, serait catholique. C’est une vieille lubie que répètent hors de tout raison depuis des années, des décennies même, les extrêmes droites rejointes par les droites partout en Europe.
Retailleau, dont la hantise est « la régression ethnique », l’a dit haut et fort sur LCI en parlant des comoriens et des maorais : « ils sont noirs et musulmans ». Ce qui signifie qu’ils sont moins hommes ou femmes, qu’ils sont une sous humanité en quelque sorte.
Quelle infamie ! Quelle prétention et quelle haine dissimule ce mensonge.
Ces propos xénophobes et discriminants, tout comme ce vote, nous déshonorent tous.
Ils résonnent comme un affront à la République, à son origine émancipatrice, à son dessein universaliste, et à la déclaration des droits de l’homme de 1789 au fondement de la Constitution, qui expose les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme [et de la femme], et en son article 1er que « les hommes [et les femmes] naissent et demeurent libres et égaux en droit ».