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Louis Albert SERRUT

Auteur, essayiste. Docteur en sciences de l'Art (Paris 1 Panthéon Sorbonne)

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Billet de blog 16 juin 2023

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La mascarade parlementaire d’un pouvoir antidémocratique et idéologique

Pour faire adopter, contre les avis des parlementaires et l’opinion de la majorité des citoyens, sa loi sur les systèmes de retraite, le pouvoir a choisi, plutôt qu’accepter le résultat du débat, d’utiliser tous les artifices constitutionnels.

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Un bilan accablant

L'exécutif a eu recours aux articles 49.3, 44.1, 47 et enfin au 40, auquel s'ajoute la corruption de la fonction de présidente de l’Assemblée nationale. Abandonnant son rôle de veille et garante de l'expression de tous les avis, Yaël Braun-Pivet est devenue partisane pour éviter le refus des députés. Tous ces instruments faussement constitutionnels ont été nécessaires à l'exécutif pour imposer une loi qui n'a jamais été votée.

Les manœuvres et arguties procédurales ne parviennent pas à convaincre ni à masquer la carence démocratique, devenue flagrante. Elles laissent entendre, au contraire, une volonté de Macron de satisfaire absolument à une obligation supérieure au fait majoritaire sur laquelle il est nécessaire de s’interroger. S’agit-il des recommandations de l’Union européenne, du FMI ou de l’OCDE, des influences discrètes des marchés, discernables au travers des taux et les publications des agences de notation, ou la puissance à l’Elysée du patronat et des grands groupes ? Quelle que soit la réponse, elle accrédite le caractère non démocratique de la démarche, qui qualifie une politique anti-démocratie, contre la démocratie.

Tout en jetant sans cesse le discrédit sur l’opposition de gauche, Macron avec son gouvernement n’a cessé de mentir sur le bien-fondé économique de son projet de réforme dont les formats n’ont cessé de changer et dont les arguments ont été largement contestés par ses opposants et démontés par de nombreux économistes, syndicalistes, universitaires et instituts de réflexion. Ainsi, la seule véritable compétence reconnue à Macron, l’économie, s’est trouvée écornée, contestée et contredite. Mais il s’entête, au nom de l’économie capitaliste qu’il représente et promeut, quand bien même le postulat capitaliste - l’appropriation et l’accumulation du surplus - soit illégitime car non fondé ni en raison, ni en droit, ni juste. Nous avons à faire à une détermination idéologique qui prétend ne pas s’encombrer de démocratie, obstacle à ses objectifs.

Jusqu’au retrait

Nous voilà confrontés à un pouvoir qui, par idéologie, entend et a commencé à s’affranchir du principe démocratique : le libre débat et le respect des oppositions, fussent-elles manifestantes. Liberté et démocratie sont liées, ce sont deux valeurs fondamentales ; l’enjeu n’est pas économique, il est social et idéologique, c’est-à-dire politique ; il est suffisamment important pour que les organisations syndicales de salariés et les partis politiques progressistes convergent eux aussi dans la défense de ces valeurs, sans cesse et encore demain, jusqu’au retrait d’une « réforme » non votée et rejetée par la majorité de la nation.

8 juin 2023

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