La réalité duale de la société sous régime capitaliste perdure, il y a toujours, et plus que jamais, possédants et démunis, exploitants et exploités, dominants et dominés, contraignants et subissants. Cette réalité n’a pas disparu, elle ne s’est pas réduite, elle s’est durcie. Renforcée par les dérives que les idéologues du capital ont infligées au droit, à la justice, à la solidarité, la réalité est devenue abrupte, lorsqu’elle n’est pas sordide. Et cynique quand ceux-là qui accaparent, abusent, mentent, dissimulent et trompent, entendent faire la leçon à la multitude qu’ils dépouillent. Paraphrasant le Figaro de Beaumarchais, nous nous demandons : aux vertus exigées des travailleurs, combien de capitalistes donneurs de leçon seraient dignes d’être de ceux-là ?
L’extraction de la richesse produite par les travailleurs est à un niveau de captation et de détournement par des intérêts privés jamais atteint dans l’histoire humaine ; les services publics débilités sont insidieusement transférés à des groupes privés ; les biens communs sont captés par les oligarques insatiables ; la décision politique est soumise au marché et à la spéculation ; l’information captive et orientée influence et entrave la liberté de pensée ; les injonctions au silence, les procédures bâillon, se multiplient contre ceux qui s’opposent et résistent à cet ordre capitaliste ; les répressions de l’action sociale, écologique, syndicale, culturelle, s’accroissent au mépris du droit et de la liberté.
Il est illusoire de penser que la discussion, ce que nous nommons le social-technicisme - le débat technique des conditions imposées par le capital - pourrait modifier ces réalités. Discuter les paramètres du capital (la captation et l’accumulation, le productivisme, le rendement, le management, le profit) pour des ajustements marginaux, c’est les accepter et les naturaliser, quand ils sont sans fondement et sans autre objectif que celui de conserver le pouvoir. Les accepter, c’est attribuer à ces paramètres une véracité qu’ils n’ont pas. Les reconnaître comme vrais, c’est promouvoir un régime, le capitalisme, intrinsèquement antidémocratique. Le capitalisme subsiste par l’exercice d’un faux droit, la propriété, imposé par la contrainte. Contraire aux deux seuls droits fondamentaux de l’homme, la liberté et l’égalité, le régime capitaliste est par nature injuste, et par son processus d’institution, illégitime.
Voulons-nous une société injuste ? Pas plus qu’inégalitaire. Le changement est inéluctable au regard de l’égalité et de la justice. La rupture de classes est nécessaire, elle éclaire la réalité et montre la voie pour une société démocratique, égalitaire, sociale et solidaire.