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Louis Albert SERRUT

Auteur, essayiste. Docteur en sciences de l'Art (Paris 1 Panthéon Sorbonne)

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Billet de blog 29 novembre 2024

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L'aventure Macron, un fiasco total

L'aventure Macron touche sans doute à sa fin. Son bilan est celui d'un fiasco complet qui révèle un projet désastreux pour la France, les françaises et les français.

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Les années durant lesquelles Macron a influencé ou décidé  des choix pour la société et l’État français s’avèrent très néfastes, quel que soit le domaine examiné. Sociale, économique, écologique, culturelle, politique, démocratique, chacune des composantes de la vie commune a été profondément dégradée et avec elles, c’est la République qui est affectée et affaiblie dans ses principes et ses valeurs. Les observer successivement permet de saisir rapidement l’ampleur des atteintes.

     Social. L’accroissement du nombre de mal logés, de sans domicile et d’enfants à la rue sont les conséquences directes des mesures contre le logement social et le détournement de ses réserves. La rupture du contrat éducatif, la dégradation organisée des conditions de travail des enseignants, le soutien à l’enseignement privé sont des choix sociaux soutenus par l’idéologie du marché. Les empêchements du syndicalisme aux premiers jours du premier mandat de Macron, puis sa répression et sa criminalisation s’inscrivent dans une volonté d’imposer le silence, de faire taire toute opposition à la logique néolibérale. L’aggravation des inégalités, dans des proportions qui retrouvent celles d’avant la première guerre mondiale, ravive le sentiment et la réalité de classes, contraires à la devise républicaine d’égalité des citoyens.

     Ecologie. Les choix et décisions pour davantage d’écologie dans la vie quotidienne, l’alimentation, les transports, mais aussi pour les biens communs que sont l’eau ou l’air, sont prises à petit pas alors qu’il faudrait les accélérer, quand elles ne sont pas à l’inverse de leur objectif, telles les règles d’usage de l’eau ou d’utilisation des pesticides et autres produits toxiques sans cesse reconduites, au détriment de la santé de tous. Quant aux mesures pour préparer au changement climatique, pourtant déjà visible et subi, elles marquent un recul constant sous la pression des lobbies de la doctrine marchande très écoutés par Macron. L’avenir proche et prévisible est sous leur contrôle, l’imprévisible n’est pas envisagé, au détriment de la volonté démocratique.

     Economie. Macron est convaincu par la doctrine capitaliste de marché, quand bien même ses choix s’avèrent inefficaces ou antidémocratiques. La longue série des cadeaux fiscaux aux entreprises (CICE, CIR, loi Pacte, exonérations de cotisations…) décidées sans débat, n’a pas produit d’autre effet que le gonflement des dividendes versés aux actionnaires. La contrepartie annoncée des créations d’emplois n’est pas remplie. L’Insee attribue majoritairement la baisse du chômage aux recrutements dans le public. Quant aux projets de réindustrialisation et d’innovation de Macron, ils ne sont que vœux insincères. Il était en responsabilité quand il vendit quelques fleurons et continue à l’encourager. Et les entreprises innovantes, soutenues par les financements publics, elles s’expatrient dès qu’elles prennent de l’importance. La présentation en 2023 du budget 2024 s’est révélé quelques mois plus tard insincère ou mensonger, quand le déficit annoncé de 4,4% est soudain passé à 5,5 puis à 6%. Ce fiasco, s’il démontre l’impéritie du gouvernement et de Macron, confirme leur action néfaste pour la nation et l’État. La paupérisation qui gagne sans cesse davantage de français résulte des choix économiques des gouvernements successifs et du détournement de la richesse au profit de quelques-uns.

     Politique. A ce point de l’examen, nous constatons l’incompétence politique notoire de Macron et les dangers auxquels il soumet la République. Au constat de l’échec de ses gouvernements successifs, il a décidé d’ajouter le désordre d’une dissolution, d’élections législatives précipitées et la vacance du gouvernement durant plus de trois mois. L’attention qu’il n’a cessé d’accorder, durant ses deux mandats, aux extrêmes droites et au fascisme aboutit à sa reprise de leur idéologie et leur entrée au gouvernement. C’est une faute politique majeure dont personne ne peut préjuger des conséquences futures. L’exclusion des territoires d’outre-mer du champ de la démocratie, différenciés de plusieurs manières, le refus de dialogue en Nouvelle Calédonie placent la France en situation postcoloniale. La représentation européenne et internationale de la France par Macron est déficiente au sens qu’elle n’est pas au diapason de ses discours, voire parfois en contradiction avec eux. Son affichage et ses hésitations avec Poutine, ses atermoiements sur l’Ukraine, ses contresens sur l’Algérie, ses rodomontades adressées aux dirigeants libanais, bien avant la situation de guerre actuelle, le rejet de la France par les pays du Sahel sont quelques-unes des manifestations qui signent cette déficience.

     Démocratie. Ces éléments traduisent et convergent pour dresser un paysage ou l’antidémocratie est de plus en plus à l’œuvre. L’exemplarité des élus et gouvernants n’est plus de mode, l’abandon de son principe par Macron est révélateur d’un relativisme coupable de la part du plus haut magistrat de la République. La justice, premier garant de la démocratie, est utilisée pour activer l’inégal traitement des citoyens. Les délits économiques se négocient quand la répression des manifestants opposés aux choix politiques est brutale et meurtrière. Ce fut le cas des gilets jaunes, qualifiés de séditieux pour ne pas les écouter, des émeutes, ignorées et réprimées pour éviter de les entendre, des Soulèvements de la terre, des opposants à la réforme des retraites. La démocratie, principe d’égalité, est toujours plus inégalitaire dans son corps, les citoyens, et dans ses territoires. Parmi ceux-là, les territoires d’outre-mer manifestent depuis quelques jours, mais depuis des mois, des années à qui veut les entendre, contre cette inégalité constituée d’inégalités multiples. A tous ces joutent ses dénis de la démocratie lorsqu’il refuse de prendre en compte le résultat du scrutin des législatives de juillet 2024. L’inefficacité et la dangerosité des choix de Macron mettent à mal la démocratie quand ils ne la combattent pas.

 Article publié dans la rubrique "Débats" sur le site L'Humanité.fr le 8 novembre 2024 sous le titre L'aventure anti-démocratique de Macron

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