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Billet de blog 29 avril 2014

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L'aristocratisme écologique.

Le dernier volet du rapport du GIEC est consternant. Les scientifiques sont désormais certains de l'influence anthropique du réchauffement climatique. Le consensus n'est plus discuté par personne; si ce n'est quelques obscures sachants américains partisans des think tanks pro-républicain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le dernier volet du rapport du GIEC est consternant. Les scientifiques sont désormais certains de l'influence anthropique du réchauffement climatique. Le consensus n'est plus discuté par personne; si ce n'est quelques obscures sachants américains partisans des think tanks pro-républicain. Malgré le constat alarmant, nos gouvernants n'ont visiblement que faire de l'avenir de notre planète. Ceux qui font semblant de s'en préoccuper, nos chers amis les verts, ne le font que par mercatique politique. Il est bien dramatique d'avoir à s'indigner de cela sans prendre aucune décison. Les politiques n'ont jamais eu et ne peuvent pas avoir de vison à horizon de 50 ans. L'ADN du présidentialisme et de l'absolutisme communicationnel limitent mécaniquement toute pensée ambitieuse, cohérente et iconoclaste d'émerger sur la scène publique. Comment des électeurs -souvent à raison- plus préoccupés par l'emploi, le pouvoir d'achat et le déclin français que l'on nous assène à longueur de journaux peuvent-ils se projeter raisonnablement dans des sujets qui ne les concerneront pas directement ? La biosphère ne connait pas la règle du quinquennat ni celle du suffrage. 

Il est des questions, qui, même si elles sont intrinsèquement politiques, ne peuvent faire l'objet de politiques publiques pertinentes, surtout au niveau national alors que l'augmentation de la température ne connaît pas la notion de frontière. De plus, jamais les États n'accepteront de concéder la moindre part de souveraineté pour seoir au bien commun de l'Humanité. On le voit avec la récente sortie du Canada de Stephen Harper des engagements de Kyoto, qui n'ont même pas été ratifiés par les étasuniens. Le culte de la croissance est trop durablement encré dans la tête des dirigeants pour amener à un changement radical de nos comportements. L'idée même, et les hypothèses de la croissance et du PIB sont incompatibles avec une existence écologique. Dès lors qu'un politique parle de croissance, il ne peut pas sérieusement penser écologique. La révolution écologique sera certainement la plus grande révolution de l'Histoire, au sens premier du terme, c'est à dire à celui d'un retour à la sobriété et à la simplicité. 

Cette révolution sera individualiste et aristocratique ou ne sera pas. Elle nécessite une prise de conscience rapide et profonde de la part de tous les habitants de notre planète. Il n'y a rien à attendre des pouvoirs publics. Elle nous obligera à changer durablement et radicalement nos comportements de tous les jours, que cela soit au niveau de l'utilisation des transports, de la consommation d'électricité, d'eau, de nourriture et d'articles de loisirs. Il me semble impossible que le niveau de vie occidental puisse continuer à augmenter. Il nous faudra nous résigner à vivre moins somptueusement que nos aînés. Évidemment, sans partage un peu plus égalitaire des richesses au niveau local comme au niveau mondial, l'écologie ne sera que synonyme de pauvreté et de frustration. Cette révolution des mentalités est fondamentalement aristocratique dans le sens où elle s'appuie sur la noblesse et la prise de conscience de chacun de nos congénères habitant sur cette planète. Ce sont les citoyens, et eux seuls qui feront bouger les lignes politiques. Croire en l'institutionnalisation systématique de l'écologie me semble dangereux. Sans le consentement et la prise de conscience de tous, l'écologie ne peut être que fantocherie de façade. Le verdissement de tous les sujets politiques est dangereux. Cela revient à édulcorer le contenu exigeant de la véritable écologie politique personnaliste. Un siècle de culture industrielle sera difficile à transformer. Peut-on compter sur l'éducation et le redéploiement des investissements privés en faveur de la recherche écologique ? C'est sans doute utopique. Mais au contraire des autres utopies, c'est la seule qui est nécessaire, ne serait-ce qu'à notre survie.

L'aristocratisme n'est pas un gros mot. Nous devons le cultiver et le rendre accessible à tous. Cultivons (de façon durable) notre jardin à la manière de Candide et n'attendons pas les politiciens pour nous montrer la voie. Le chemin de la liberté s'ouvre à tous ceux qui acceptent de se libérer de leurs certitudes et de leurs préjugés. Le vrai libéralisme est écologique.

Louis Anicotte.

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