Le choix des français s'est donc porté sur deux candidats hors du clivage traditionnel PS/LR.
Ces deux votes, En Marche et FN sont des votes de peur :
- Le premier traduit une peur à l'égard de tout ce qui pourrait menacer un potentat financier qui continue, malgré tout, dans le "conscient collectif", à incarner une garantie de prospérité (théorie du "trickle down" selon laquelle l'accumulation de capitaux chez les plus riches ruissellerait sur le reste de la société).
L'éventualité d'un Armageddon en cas de réforme des institutions financières et européennes a été largement relayé par les chiens de garde en fin de campagne et ont probablement refroidi les ardeurs de certains électeurs séduits par Mélenchon.
Celui-ci a mené une très belle campagne, vivante, créative, innovante etc... mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'en est tiré une belle dans le pied en fin de campagne avec son souhait de rallier l'alliance bolivarienne et sa rencontre avec Pablo Iglesias. Alors qu'il avait réussi à gagner pas mal d'électeurs grâce aux deux débats dans lesquels il s'était démarqué par son humour et une image assagie, il aurait dû continuer sur cette tonalité modérée pour avoir une chance de passer ce premier tour. L'annonce répétée de rallier l'Alliance bolivarienne et la rencontre avec le leader de Podemos sont, selon moi, de graves erreurs de stratégie de fin de campagne.
- Le second vote, le vote FN traduit la peur d'une altérité, une insécurité face à la brutalité du néo-libéralisme et prospère sur une crispation identitaire qui s'appuie sur la nostalgie d'une fiction nationale.
Enfin, dix minutes à peine après l'annonce des résultats, c'est Hamon qui, le premier a invité ses électeurs à reporter leurs voix sur Macron. La "fronde anti-libérale" s'est donc rapidement mise en marche pour les législatives..