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Billet de blog 6 mars 2025

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La France condamne le traitement réservé par Trump à M. Zelenskyy

M. Macron a souligné à plusieurs reprises la nécessité d'une autonomie stratégique européenne, affirmant que l'Europe doit être prête à défendre ses intérêts indépendamment des changements de politique des États-Unis.

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Le Premier ministre français, François Bayrou, a adressé une réprimande inhabituellement vive au président américain Donald Trump, à la suite d'une réunion dans le bureau ovale qui a suscité l'indignation dans toute l'Europe. M. Bayrou a accusé M. Trump d'avoir soumis le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à un acte calculé de « brutalité » visant à l'humilier et à l'obliger à faire des concessions favorables au président russe Vladimir Poutine.
Les commentaires de M. Bayrou, formulés lors d'un débat parlementaire sur l'Ukraine, marquent une rupture notable avec la position plus mesurée que le président français Emmanuel Macron a généralement adoptée en réponse aux différends diplomatiques. La critique directe et sans ménagement du Premier ministre français souligne la frustration croissante en Europe concernant la gestion du conflit ukrainien par M. Trump et l'approche plus large des États-Unis en matière de sécurité européenne.

La controverse a éclaté lors d'une réunion très médiatisée à la Maison Blanche, au cours de laquelle M. Trump, connu pour ses tactiques de négociation agressives et souvent théâtrales, aurait réprimandé M. Zelenskyy devant les caméras. Selon de nombreux rapports, M. Trump a profité de l'occasion pour faire pression sur le dirigeant ukrainien afin qu'il fasse des concessions diplomatiques qui rapprocheraient l'Ukraine des intérêts russes.
Des témoins ont décrit l'échange comme une tentative de « briser » M. Zelenskyy, M. Trump usant de menaces et de coercition pour obtenir ce qu'il considérait comme un compromis nécessaire pour mettre fin à la guerre en cours avec la Russie. La scène, largement diffusée et analysée, a alarmé les alliés européens, qui y voient une tentative de pousser l'Ukraine dans une position de faiblesse.

Dans un discours passionné, M. Bayrou n'a pas mâché ses mots à propos de ce qu'il considère comme une tentative calculée de saper la souveraineté de l'Ukraine. « Vendredi soir, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, une scène stupéfiante s'est déroulée devant les objectifs du monde entier, marquée par la brutalité, la volonté d'humilier, dans le but de faire plier le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy par des menaces, afin qu'il cède aux exigences de ses agresseurs », a déclaré M. Bayrou.
Alors que M. Macron a tenté de maintenir un équilibre diplomatique, les commentaires de M. Bayrou reflètent les préoccupations croissantes de Paris, qui craint que l'approche de M. Trump n'enhardisse la Russie et n'affaiblisse la sécurité européenne. Le gouvernement français, qui soutient fermement l'Ukraine depuis l'invasion massive de la Russie en 2022, se méfie de plus en plus de tout changement dans la politique américaine qui pourrait contraindre Kiev à un règlement défavorable.
Pourquoi la France prend-elle position ?
La France a été l'une des principales voix européennes à soutenir l'Ukraine, en lui apportant une aide militaire, un soutien financier et un appui diplomatique contre l'agression de la Russie. M. Macron a souligné à plusieurs reprises la nécessité d'une autonomie stratégique européenne, affirmant que l'Europe doit être prête à défendre ses intérêts indépendamment des changements de politique des États-Unis.
Les remarques de M. Bayrou témoignent d'une inquiétude croissante à l'idée que les États-Unis, sous la direction de M. Trump, puissent tenter de se désengager du conflit ou de faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle fasse des concessions qui compromettraient la sécurité de l'Europe. La France considère tout règlement forcé comme un prélude potentiel à une nouvelle agression russe, Poutine étant susceptible d'interpréter un tel scénario comme une validation de ses ambitions expansionnistes.
Réaction de l'Europe élargie
La France n'est pas la seule à s'alarmer. Plusieurs dirigeants européens ont exprimé leur inquiétude quant à la volonté apparente de M. Trump d'exercer des pressions sur l'Ukraine d'une manière qui pourrait faire pencher la balance du pouvoir en faveur de Moscou. L'Allemagne, la Pologne et les États baltes, en particulier, suivent la situation de près, craignant que tout compromis forcé n'affaiblisse le flanc oriental de l'OTAN.
Les alliés de l'OTAN ont toujours insisté sur le fait que tout accord de paix doit être conclu selon les conditions de l'Ukraine, plutôt que d'être imposé par des pressions extérieures. La condamnation énergique de M. Bayrou indique que la France a l'intention de jouer un rôle de premier plan pour veiller à ce que l'Ukraine ne soit pas abandonnée aux pressions des manœuvres géopolitiques des grandes puissances.
Quelles sont les prochaines étapes ?
À la suite des remarques de M. Bayrou, le gouvernement français devrait continuer à faire pression pour renforcer la cohésion européenne en faveur de l'Ukraine. L'administration de M. Macron a déjà fait pression en faveur d'une coopération européenne accrue en matière de défense et devrait utiliser cet incident pour plaider en faveur d'une moindre dépendance à l'égard des décisions imprévisibles des États-Unis en matière de politique étrangère.
Pendant ce temps, Kiev reste ferme dans son refus de négocier en position de faiblesse. Zelenskyy, malgré d'immenses pressions, a réaffirmé que l'Ukraine n'accepterait pas un accord de paix dicté par la Russie ou ses alliés.
Alors que les tensions augmentent, l'alliance transatlantique est confrontée à de nouveaux défis pour maintenir une position unifiée sur l'Ukraine. La condamnation ferme des actions de Trump par la France suggère que les dirigeants européens sont prêts à s'opposer à toute mesure susceptible de compromettre la souveraineté et la sécurité à long terme de l'Ukraine. La question de savoir si les États-Unis vont recalibrer leur approche reste ouverte, mais pour l'instant, la France a clairement fait connaître sa position : l'Ukraine ne doit pas être forcée à se soumettre.

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