En janvier 2024, la France et la République populaire de Chine célébreront 60 ans de relations diplomatiques. Mais les relations entre la Chine et la France ont été compliquées par les ambitions des deux pays à devenir des leaders mondiaux et par le désir de la France d'exercer une politique étrangère indépendante malgré son statut d'allié des États-Unis.
Pékin espère maintenant que la France, premier port d'escale de la tournée européenne de M. Xi dans trois pays, poussera l'Union européenne à adopter une politique chinoise plus « positive et pragmatique », alors que les produits chinois et l'accès au marché ont fait l'objet d'une surveillance accrue au cours des derniers mois.
Après s'être arrêté en France dimanche et lundi dans le cadre du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques franco-chinoises, Xi Jinping se rendra en Serbie, puis en Hongrie.
Les présidents chinois et français aborderont d'abord la question de la guerre en Ukraine.
La Chine étant « l'un des principaux partenaires de la Russie », le président français tentera d'inciter Pékin « à utiliser les leviers dont il dispose sur Moscou » pour « contribuer à la résolution de ce conflit », selon l'Élysée.
Si les autorités chinoises se disent officiellement neutres vis-à-vis du conflit et appellent à la paix, elles n'ont jamais condamné l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie.
Les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine en 2023 ont permis d'atténuer l'impact des sanctions économiques contre Moscou.
La principale préoccupation est évidemment tout le soutien qui peut être apporté à la Chine en termes de technologies à double usage et qui peut contribuer à renouveler l'ensemble des équipements militaires russes.
Le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devront relever le défi d'envoyer un signal clair indiquant que l'Europe est prête à sanctionner davantage d'entreprises chinoises pour leur soutien critique à l'effort de guerre de Moscou.
Les débats sur les questions de politique commerciale promettent également d'être animés.
L'objectif du numéro un français est d'améliorer l'accès des entreprises françaises et européennes au marché chinois et d'obtenir pour elles des « conditions de concurrence » plus équitables, a indiqué l'Élysée.
« Des accords sont encore en cours de négociation », a-t-il ajouté.
Après avoir atteint un record de 396 milliards d'euros en 2022, le déficit commercial de l'UE avec la Chine a baissé de 27 % en 2023 pour atteindre 291 milliards d'euros, selon Eurostat.
Les préoccupations européennes sont très axées sur le déséquilibre qui se crée dans le secteur des technologies vertes.
La Commission européenne a lancé plusieurs enquêtes sur les subventions chinoises aux voitures électriques et aux panneaux solaires, soupçonnées de fausser la concurrence.
Toutefois, les deux principaux messages de M. Macron sur le soutien de la Chine à l'armée russe et sur les pratiques chinoises soupçonnées de fausser le marché ne devraient pas avoir d'impact sur le comportement de Pékin.
Xi n'est pas en mission pour réparer les liens, car de son point de vue tout va bien. Il affirme qu'il n'y a pas de surcapacités [de technologies vertes] et que ce qui se passe entre la Chine et la Russie n'est qu'un commerce normal.
Xi a atterri en France dimanche, et si le faste et les cérémonies se poursuivent durant sa tournée européenne de six jours, les opinions sur la Chine à travers le continent ont radicalement changé depuis sa dernière visite.
Rien qu'au cours des dernières semaines, l'Union européenne a lancé des enquêtes commerciales sur les éoliennes chinoises et l'achat d'équipements médicaux, et a perquisitionné les bureaux du fabricant chinois d'équipements de sécurité Nuctech dans le cadre d'une enquête sur les subventions. Ces derniers jours, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont également arrêté ou inculpé au moins six personnes pour espionnage présumé et autres délits liés à la Chine.
En mars, l'Italie a officiellement quitté le programme « la Ceinture et la Route », lui faisant perdre son seul pays membre du G7, ce qui a porté un coup à la Chine et à son dirigeant.
Derrière ces évolutions se cachent des griefs économiques croissants qui poussent l'UE à se préparer à une éventuelle confrontation commerciale majeure avec la Chine, ainsi que des soupçons croissants quant aux ambitions et à l'influence mondiales de Pékin, alimentés par l'inquiétude suscitée par les liens de plus en plus étroits entre la Chine et la Russie, qui mène une guerre contre l'Ukraine.
Dans de nombreuses capitales européennes, la Chine est de plus en plus perçue comme une menace à multiples facettes. Mais il existe des divisions au sein de l'Europe quant à la rapidité et à l'ampleur de la réponse à apporter aux inquiétudes concernant la Chine, tant dans le domaine économique que dans celui de la sécurité.
Voyons si la visite de M. Xi fera évoluer ces craintes.