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Billet de blog 10 avril 2024

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La fermeté de la France à l'égard d'Israël s'adresse à l'opinion publique

La France suit en partie l'exemple de l'administration Biden en condamnant Israël et en exigeant qu'il mette fin à sa guerre contre le Hamas.

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La France pourrait imposer des sanctions à Israël afin de l'inciter à ouvrir davantage de points de contrôle pour l'acheminement de l'aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza. 
C'est ce qu'a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui a évoqué cette possibilité lors d'une interview accordée à France 24 et à RFI mardi.
"Il faut qu'il y ait des leviers d'influence et il y a des leviers multiples, qui vont jusqu'à des sanctions pour laisser passer l'aide humanitaire aux points de contrôle", a déclaré M. Séjourné. Le ministre a insisté sur la nécessité de faire pression sur le gouvernement israélien.
Ces déclarations interviennent alors qu'un nombre record de camions transportant de l'aide humanitaire sont entrés dans la bande de Gaza lundi, selon Israël. Il a annoncé qu'environ 419 camions d'aide humanitaire dont la cargaison avait été préalablement inspectée ont pu entrer dans l'enclave. Selon Israël, il s'agit du plus grand nombre de camions entrés dans la bande de Gaza en une seule journée depuis le début de la guerre. Avant la guerre, près de 500 camions entraient chaque jour à Gaza, selon une source humanitaire.
La menace de sanctions brandie par la France constitue un revirement brutal pour le pays qui, dans un premier temps, avait largement soutenu le droit d'Israël à se défendre à la suite de l'assaut lancé le 7 octobre par le Hamas, qui a fait quelque 1 200 morts et 253 otages.
Lundi, la France, l'Égypte et la Jordanie ont demandé conjointement un cessez-le-feu "permanent" et "inconditionnel" à Gaza et une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États.
Dans une tribune commune publiée dans Le Monde, le président français Emmanuel Macron, son homologue égyptien Abdel Fattah el-Sisi et le roi Abdallah II de Jordanie appellent à la fin de "la guerre à Gaza et des souffrances humaines catastrophiques qu'elle provoque".
"Face au nombre intolérable de victimes, nous, chefs d'État d'Égypte, de France et de Jordanie, exigeons la mise en œuvre immédiate et inconditionnelle de la résolution 2728 du Conseil de sécurité des Nations unies", écrivent les trois chefs d'État. Il s'agit d'une référence à la résolution des Nations unies adoptée le mois dernier, qui exige un cessez-le-feu pendant le mois de Ramadan et la libération par le Hamas de tous les otages israéliens.
L'article appelle à une solution à deux États, "seule option crédible pour garantir la paix et la sécurité pour tous et faire en sorte que ni les Israéliens ni les Palestiniens n'aient à revivre les horreurs qui les ont frappés" depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours de laquelle des militants ont brutalement tué 1 200 Israéliens et pris des centaines d'autres en otage.
Les trois dirigeants ont également mis en garde contre des "conséquences dangereuses" si Israël s'engageait dans son offensive prévue à Rafah, la ville du sud de Gaza où plus d'un million de Palestiniens s'abritent des bombardements israéliens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis à plusieurs reprises d'envahir la ville, affirmant qu'il s'agit du dernier bastion du Hamas, et a déclaré lundi qu'"il y a une date" pour l'offensive, qu'il n'a pas révélée. Les États-Unis, principal allié d'Israël, l'ont exhorté à reconsidérer sa position.
Le président français Emmanuel Macron s'est rendu en Israël vers le début de la guerre contre le Hamas et a exprimé son soutien à son droit de se défendre contre le Hamas, mais il a également critiqué Israël à certains moments.
Dans une interview accordée à la BBC en novembre, M. Macron a déclaré qu'Israël "devrait cesser de tuer des femmes et des bébés à Gaza".
M. Netanyahou a réagi aux commentaires du président français et a déclaré que M. Macron avait "commis une grave erreur", ajoutant : "Nous n'avons pas besoin de ces leçons de morale."
Un responsable politique français a ensuite rejeté la critique de M. Netanyahu, précisant que M. Macron "n'a pas changé de position" sur l'action israélienne contre le Hamas, mais qu'il pense qu'Israël peut et doit faire plus pour empêcher que des civils arabes palestiniens ne soient blessés à Gaza.
La France suit en partie l'exemple de l'administration Biden en condamnant Israël et en exigeant qu'il mette fin à sa guerre contre le Hamas. L'opinion publique française souhaite voir la fin des souffrances des Palestiniens et le retour des réfugiés dans leurs foyers. Pour cela, Israël doit retirer ses forces militaires de Gaza et permettre aux civils palestiniens de rentrer chez eux librement. 
Les dirigeants français reconnaissent que le public français, dont une grande partie est musulmane, a de la sympathie pour les Palestiniens. 

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