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Un excellent article de David Broder, paru dans le New York Times, explique ce qui vient de se passer en France.
Alors que l'extrême droite était aux portes du pouvoir et semblait en sortir victorieuse, la gauche a déferlé et pris les rênes.
Lors du premier tour de scrutin, le 30 juin, le Rassemblement national de Marine Le Pen est arrivé en tête avec 33 % des voix, dominant plus de la moitié des scrutins locaux. Le parti devant manquer de peu la majorité absolue, la France s'est retrouvée plongée dans la spéculation et l'anxiété. Le principal candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, 28 ans, a déclaré qu'il n'accepterait de devenir premier ministre que s'il avait le soutien du Parlement. D'après les sondages, il semblait bien placé pour exiger un mandat.
Le second tour de dimanche lui a toutefois donné tort. Non seulement M. Bardella n'a pas réussi à obtenir le poste de premier ministre, mais son parti n'est arrivé qu'en troisième position, avec 143 sièges. Bien qu'il s'agisse d'une augmentation par rapport à leur score précédent de 89, ce résultat est loin d'être celui qui était prévu quelques jours plus tôt.
La coalition du président Emmanuel Macron, qui avait été à la traîne tout au long de la brève campagne, a défié les attentes en obtenant la deuxième place avec 168 sièges. La plus grande surprise a été le nouveau Front populaire de gauche, une coalition de quatre partis rassemblée à la hâte avant l'élection, qui a émergé comme la plus grande force avec 182 sièges.
Il s'agit là d'un résultat tout à fait stupéfiant. Grâce à un acte stupéfiant de responsabilité collective, l'extrême droite a été stoppée. Mais la France n'est pas soudainement figée. Aucun groupe n'ayant obtenu plus d'un tiers des 577 sièges de l'Assemblée nationale, des problèmes se profilent à l'horizon. L'extrême-droite, bien que châtiée, est dans une position plus forte que jamais, à la tête d'une coalition électorale grandissante et bien placée pour l'élection présidentielle de 2027.
Mais la France vient de gagner un brillant sursis.
La coopération entre les opposants au Rassemblement national a joué un rôle crucial dans ce revirement. Après le premier tour, plus de 200 candidats du Nouveau Front populaire et de la coalition de M. Macron, arrivés en troisième position, se sont retirés, permettant ainsi à d'autres candidats de se présenter sans encombre. Cette stratégie, qualifiée de "nouveau front républicain" par Marine Tondelier, chef de file des Verts, visait à unir les électeurs contre l'extrême droite.
Les électeurs de gauche ont fortement réagi : dans les courses où les alliés de Macron ou les conservateurs affrontaient le Rassemblement national, 70 % des électeurs de gauche ont soutenu le candidat anti-Le Pen, tandis que la plupart des autres se sont abstenus. Dans les courses opposant la gauche au Rassemblement national, environ la moitié des partisans de M. Macron ont soutenu la gauche, et un sur six a voté pour l'extrême droite. Cette large mobilisation a été suffisante pour battre le Rassemblement national dans de nombreux sièges.
Cet effort unifié est remarquable compte tenu des signaux contradictoires envoyés par les membres du gouvernement. Dans le camp de M. Macron, il y a eu une division entre ceux qui défendaient tout candidat anti-Le Pen et ceux qui ne voulaient pas soutenir la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, la force de gauche la plus importante et la plus radicale. En outre, de nombreuses personnalités de centre-droit ont exhorté les électeurs à faire barrage à la fois à Mélenchon et à Le Pen, ce qui a compliqué la position contre l'extrême droite. Malgré ces messages contradictoires, la mobilisation contre le Rassemblement national s'est avérée efficace.
La coopération entre les opposants au Rassemblement national a joué un rôle crucial dans sa défaite. Après le premier tour, plus de 200 candidats du nouveau Front populaire et de la coalition de Macron se sont retirés, permettant à d'autres candidats de se présenter. Ce "nouveau front républicain", destiné à unir les électeurs contre l'extrême droite, a vu 70 % des électeurs de gauche soutenir les candidats anti-Le Pen lorsque les alliés de Macron ou les conservateurs se présentaient, la plupart des autres s'abstenant. Dans les compétitions entre la gauche et le Rassemblement national, environ la moitié des partisans de Macron ont soutenu la gauche, et un sur six a voté pour l'extrême droite.
Cette large mobilisation a été efficace malgré les signaux contradictoires envoyés par les membres du gouvernement. Dans le camp de Macron, il y a eu des divisions sur le soutien à tout candidat anti-Le Pen ou sur le refus de soutenir la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. En outre, de nombreuses personnalités du centre-droit ont exhorté les électeurs à faire barrage à la fois à Mélenchon et à Le Pen.
Malgré ces complications, l'effort unifié contre le Rassemblement national a été couronné de succès. Il ne reste plus qu'à attendre la suite des événements.