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Billet de blog 22 avril 2025

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Macron et Merz trouvent un terrain d'entente malgré les différences

L'axe franco-allemand s'est toujours nourri de compromis, et cette rencontre n'a pas fait exception. Si leurs visions de l'avenir de l'Europe diffèrent, leur engagement en faveur du dialogue permet d'éviter que les tensions ne fassent dérailler les progrès.

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La relation entre la France et l'Allemagne est depuis longtemps une pierre angulaire de l'unité européenne, mais elle n'est pas sans défis. Une récente rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Friedrich Merz, leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande, a mis en lumière à la fois les tensions et le potentiel de collaboration entre ces deux puissances. Comme le rapporte Politico, leurs discussions ont porté sur des questions essentielles telles que la défense, le commerce et l'énergie, révélant un partenariat complexe mais pragmatique
La défense reste un point d'achoppement. M. Macron s'est fait l'avocat de l'autonomie stratégique de l'Europe, prônant un cadre de défense plus fort et plus indépendant au sein de l'UE. La vision de la France met souvent l'accent sur des initiatives audacieuses et centralisées. En revanche, M. Merz, qui représente l'approche plus prudente de l'Allemagne, donne la priorité à l'OTAN et aux liens transatlantiques, reflétant la dépendance historique de l'Allemagne à l'égard des États-Unis en matière de sécurité.
Malgré ces divergences, les deux dirigeants reconnaissent la nécessité d'une position de défense européenne plus forte, en particulier à la lumière des tensions géopolitiques actuelles. Leurs entretiens ont mis en évidence une volonté de combler le fossé : M. Macron a reconnu le rôle de l'OTAN et M. Merz a soutenu des mesures progressives en faveur d'une coopération européenne en matière de défense. Il s'agit d'un équilibre délicat, mais qui pourrait ouvrir la voie à des projets communs, tels que le renforcement de l'industrie européenne de la défense.
En matière de commerce, la France et l'Allemagne sont confrontées à des philosophies économiques divergentes. La France de Macron penche vers le protectionnisme, favorisant des politiques qui protègent les industries européennes de la concurrence mondiale, en particulier de la Chine et des États-Unis. Merz, en revanche, défend le modèle allemand axé sur les exportations, qui prospère grâce à l'ouverture des marchés et aux chaînes d'approvisionnement mondiales.
L'article de Politico note que les deux dirigeants sont suffisamment pragmatiques pour rechercher des compromis. Par exemple, ils ont discuté d'un alignement sur les politiques commerciales de l'UE qui protègent les secteurs stratégiques tout en maintenant la compétitivité. Cela pourrait se traduire par des droits de douane ou des subventions ciblés pour les technologies vertes et les semi-conducteurs, des domaines dans lesquels les deux nations sont d'accord sur la nécessité de contrer les pressions extérieures.
La politique énergétique est un autre domaine de divergence, mais elle offre un terrain fertile pour la collaboration. Le bouquet énergétique de la France, fortement axé sur le nucléaire, contraste avec les efforts déployés par l'Allemagne en faveur des énergies renouvelables et sa sortie controversée de l'énergie nucléaire. M. Macron a critiqué la dépendance de l'Allemagne à l'égard des importations de gaz, en particulier après l'invasion de l'Ukraine, tandis que M. Merz défend les ambitions de l'Allemagne en matière d'énergie verte.
Néanmoins, les dirigeants ont trouvé une cause commune dans le besoin de sécurité énergétique et de durabilité. Leurs discussions ont laissé entrevoir des initiatives franco-allemandes potentielles, telles que des investissements conjoints dans l'hydrogène ou les réseaux électriques transfrontaliers. De tels projets pourraient non seulement renforcer l'indépendance énergétique de l'UE, mais aussi servir de modèle pour une coopération européenne plus large.
Ce qui ressort de la rencontre entre MM. Macron et Merz, c'est leur capacité à être en désaccord de manière constructive. L'axe franco-allemand s'est toujours nourri de compromis, et cette rencontre n'a pas fait exception. Si leurs visions de l'avenir de l'Europe diffèrent, leur engagement en faveur du dialogue permet d'éviter que les tensions ne fassent dérailler les progrès.
Pour l'Union européenne, c'est une bonne nouvelle. Un partenariat franco-allemand fonctionnel est essentiel pour mener des politiques dans tous les domaines, des objectifs climatiques à l'innovation en matière de défense. En gérant leurs différences, Macron et Merz jettent les bases d'une Europe plus forte et plus résistante, une étape pragmatique à la fois.

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