La Nouvelle-Calédonie, territoire français d'outre-mer situé dans le Pacifique, connaît de graves troubles. Les manifestations et les émeutes ont éclaté en réponse à une réforme adoptée par le parlement français, qui permet aux résidents ayant vécu en Nouvelle-Calédonie pendant 10 ans ou plus de voter aux élections provinciales locales. Ce changement a suscité l'indignation de la population autochtone kanake, qui craint que son influence politique ne soit diluée par l'inclusion d'un plus grand nombre d'électeurs non autochtones.
La situation a rapidement dégénéré, donnant lieu à des affrontements violents, des pillages et des incendies criminels. Plusieurs personnes sont mortes et des centaines ont été blessées. En réponse à ces troubles, la France a déclaré l'état d'urgence et déployé 1 000 agents de sécurité supplémentaires sur le territoire, qui s'ajoutent aux 1 800 policiers et gendarmes déjà en poste. Un couvre-feu nocturne et une interdiction de rassemblement ont également été imposés pour rétablir l'ordre.
Le Haut-commissariat de Nouvelle-Calédonie, qui représente l'État français dans le territoire, a déclaré que des effectifs supplémentaires seraient déployés pour rejoindre ceux déjà envoyés par la France.
"Le retour au calme se poursuit sur l'ensemble du territoire", a déclaré le Haut-commissariat dans un communiqué, ajoutant toutefois que l'aéroport de la capitale, Nouméa, resterait temporairement fermé aux vols commerciaux.
La France a accusé l'Azerbaïdjan d'interférer dans la situation, citant la présence de drapeaux azerbaïdjanais à côté des symboles kanaks lors des manifestations.
Le ministre français de l'intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré publiquement que l'Azerbaïdjan, ainsi que la Chine et la Russie, s'ingèrent dans les affaires intérieures de la Nouvelle-Calédonie.
"Ce n'est pas un fantasme. C'est une réalité", a déclaré M. Darmanin à la chaîne de télévision France 2.
L'Azerbaïdjan a démenti ces allégations, mais elles mettent en lumière des tensions géopolitiques plus larges, surtout si l'on considère le soutien de la France à l'Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh.
"Nous rejetons totalement ces accusations sans fondement", a déclaré Ayhan Hajizadeh, porte-parole du ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères. "Nous réfutons tout lien entre les dirigeants de la lutte pour la liberté en Calédonie et l'Azerbaïdjan.
Dans le même temps, l'Azerbaïdjan s'est ouvertement opposé à ce qu'il considère comme le colonialisme français.
La Nouvelle-Calédonie, l'un des plus grands territoires français d'outre-mer, est située entre l'Australie et les Fidji. La France a occupé le territoire en 1853 et l'a peuplé de citoyens français qui ont déplacé les communautés autochtones kanakes.
Les accords de Matignon en 1988 et l'accord de Nouméa en 1998 ont constitué des étapes importantes pour accorder une plus grande autonomie à la Nouvelle-Calédonie et répondre aux demandes d'indépendance des Kanaks. Ces accords prévoyaient une série de référendums sur l'indépendance, qui ont tous abouti à la décision de rester dans le giron de la France, bien que le référendum de 2021 ait été boycotté par les groupes indépendantistes.
Si l'indépendance reste difficile à obtenir, c'est en partie parce que la Nouvelle-Calédonie dépend fortement du soutien financier de la France. Ce soutien comprend des subventions substantielles, le financement des services publics et l'aide économique, qui sont cruciaux pour l'économie du territoire. De nombreux électeurs ont probablement craint que l'indépendance n'entraîne une instabilité économique et une baisse du niveau de vie.
Pour l'heure, la situation en Nouvelle-Calédonie reste tendue.
Si le désir d'indépendance reste fort chez une partie importante des autochtones kanaks, des considérations pratiques liées à la stabilité économique, à la gouvernance et à la composition démographique ont conduit la majorité des citoyens à opter pour le maintien dans la France lors des référendums organisés jusqu'à présent.
Mais cela doit changer si la France veut rester maître de la situation.
Le moment est venu pour la France de réaffirmer son pouvoir et son contrôle en Nouvelle-Calédonie.