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Billet de blog 26 février 2024

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Les agriculteurs toujours furieux des politiques de l'UE

Dans toute l'Europe, les agriculteurs protestent contre les politiques agricoles, la bureaucratie et les conditions générales de travail de l'Union européenne.

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Depuis plusieurs mois, les agriculteurs manifestent dans toute la France pour réclamer de meilleures conditions de vie, une simplification de la réglementation et une meilleure protection contre la concurrence étrangère qu'ils jugent déloyale.
Dans toute l'Europe, les agriculteurs protestent contre les politiques agricoles, la bureaucratie et les conditions générales de travail de l'Union européenne.
Les agriculteurs se plaignent que les politiques environnementales de l'Union à 27, telles que le "Green Deal", qui impose des limites à l'utilisation de produits chimiques et aux émissions de gaz à effet de serre, limitent leur activité et rendent leurs produits plus chers que les importations en provenance de pays tiers.
Le président français Emmanuel Macron a été accueilli par des huées et des sifflets lors de l'ouverture du Salon de l'agriculture de Paris samedi par des agriculteurs en colère qui lui reprochent de ne pas en faire assez pour les soutenir.
M. Macron devait visiter l'événement, qui attire chaque année des foules de visiteurs. Mais avant l'ouverture officielle, plusieurs dizaines de manifestants ont forcé les barrières de sécurité et sont entrés sur le site alors que le président arrivait.
M. Macron devait rencontrer les dirigeants des principaux syndicats agricoles français.
Pendant ce temps, les manifestants ont scandé des slogans appelant M. Macron à "démissionner" et ont fait retentir des sifflets pour manifester leur colère.
"Nous ne pourrons pas répondre à la crise agricole en quelques heures", a déclaré M. Macron. "Il a fallu des mois, des années de travail à ceux qui sont venus ici pour présenter leur bétail, leur travail... Cette foire doit se dérouler dans la sérénité".
Il y a trois semaines, les agriculteurs ont levé les barrages routiers autour de Paris et ailleurs dans le pays après que le gouvernement a offert plus de 400 millions d'euros d'aides et d'allègements fiscaux.
"La colère peut s'exprimer", a déclaré M. Macron, tout en mettant en garde contre toute "violence".
Le président français a décidé de rencontrer des groupes de manifestants dans une salle séparée. Il a promis que des "prix planchers" seraient établis pour chaque produit afin de "garantir le revenu des agriculteurs". Il a également indiqué qu'un plan d'urgence visant à soulager financièrement les exploitations les plus en difficulté commencerait à être mis en œuvre dès lundi.
M. Macron a indiqué qu'une réunion se tiendrait au palais présidentiel de l'Élysée en mars afin de construire "un plan pour l'avenir de l'agriculture" avec les syndicats d'agriculteurs et d'autres acteurs clés de l'industrie alimentaire.
Un agriculteur a demandé au président de dire "devant les caméras, vous allez donner de l'oxygène aux agriculteurs... Faites-le et je vous garantis que vous calmerez tout le monde".
Macron a répondu : "Vous avez des griefs. Vous n'avez pas un gouvernement complètement sourd... Ce n'est pas vrai que rien n'a été fait."
La question est de savoir ce qui est fait.
L'Union européenne travaille activement à l'amélioration des politiques agricoles, de la bureaucratie et des conditions commerciales générales pour les agriculteurs dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) pour la période 2024-2027. Cette PAC réformée vise à moderniser et à rendre l'agriculture plus durable, en mettant l'accent sur la performance, les résultats et l'alignement sur le "Green Deal" européen. 
Les principaux aspects de la réforme sont les suivants :

Des initiatives plus vertes : La PAC met l'accent sur l'action environnementale et climatique, obligeant chaque pays de l'UE à faire preuve de plus d'ambition dans ces domaines qu'au cours des périodes précédentes. Elle alloue une part importante de son budget aux éco-régimes (au moins 25 % pour les paiements directs) et au développement rural (au moins 35 %) afin de soutenir les mesures relatives au climat, à la biodiversité et à l'environnement. L'objectif est d'apporter une contribution substantielle aux objectifs du "Green Deal", 40 % du budget de la PAC étant liés au climat et l'engagement étant pris de consacrer 10 % du budget de l'UE aux objectifs de biodiversité d'ici à la fin du cadre financier actuel.

Un soutien plus équitable aux agriculteurs : La politique comprend des mesures visant à redistribuer plus équitablement les aides au revenu, en mettant l'accent sur les petites et moyennes exploitations et en consacrant au moins 10 % des paiements directs à cet objectif. Elle introduit une nouvelle définition souple de l'agriculteur actif afin de garantir que seuls ceux qui sont activement engagés dans l'agriculture bénéficient d'une aide de l'UE. La conditionnalité sociale lie les paiements de la PAC au respect des normes de travail de l'UE, afin de promouvoir de meilleures conditions de travail dans les exploitations agricoles. En outre, des efforts sont déployés pour soutenir les jeunes agriculteurs et améliorer l'équilibre entre les hommes et les femmes dans le secteur.

Renforcer la compétitivité : La PAC vise à stimuler la compétitivité du secteur agroalimentaire en améliorant le pouvoir de négociation des agriculteurs, en maintenant l'orientation du marché et en constituant une réserve financière pour gérer efficacement les crises futures. Elle prévoit un soutien spécifique au secteur vitivinicole et encourage la coopération entre les producteurs afin de renforcer leur position dans la chaîne d'approvisionnement.

Financement et flexibilité : La PAC est soutenue par un budget solide de 387 milliards d'euros pour la période 2021-2027, avec des flexibilités permettant aux pays de transférer jusqu'à 25 % de leurs allocations PAC entre l'aide au revenu et le développement rural afin de mieux répondre aux priorités locales.

Connaissance et innovation : La politique souligne l'importance de la recherche, du partage des connaissances et de l'innovation dans l'agriculture. Elle affecte 10 milliards d'euros du programme Horizon Europe à des projets dans les domaines de l'alimentation, de l'agriculture, du développement rural et de la bioéconomie, dans le but d'intégrer des systèmes avancés de connaissance et d'innovation agricoles (AKIS) pour stimuler et diffuser l'innovation dans l'ensemble du secteur.
Le processus de réforme de la PAC comprend un calendrier de mise en œuvre solide, avec des plans stratégiques soumis par les pays de l'UE, un suivi continu des indicateurs de performance et des examens réguliers pour s'assurer que les objectifs sont atteints et adaptés si nécessaire.
Ces réformes représentent un effort global de l'UE pour relever les défis auxquels l'agriculture est confrontée aujourd'hui, notamment en matière de durabilité, d'équité et de compétitivité, tout en veillant à ce que les politiques soient adaptées pour répondre aux besoins futurs et contribuer de manière positive à l'environnement et à la société.
Les agriculteurs seront-ils apaisés ? Les mois à venir en décideront.

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