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Billet de blog 29 septembre 2024

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L'ironie du dernier gouvernement Macron est frappante

M. Macron ne pouvant dissoudre le parlement pendant au moins un an après l'élection, des concessions sur l'immigration, la sécurité et les impôts devront être faites pour apaiser l'extrême droite et faire passer des projets de loi au sein de l'assemblée de 577 sièges.

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Depuis le pari fou du président français Emmanuel Macron de dissoudre le parlement avant l'été, des rumeurs ont circulé sur la façon dont l'Assemblée nationale nouvellement divisée serait représentée dans l'administration. 

M. Macron a finalement dévoilé son cabinet, dirigé par le Premier ministre Michel Barnier, qui marque un changement significatif vers la droite et laisse les politiciens de gauche en dehors du cabinet. 

Cette annonce intervient plus de deux mois après des élections anticipées qui ont débouché sur un parlement sans majorité. Le bloc de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP), a remporté le plus grand nombre de sièges, mais pas suffisamment pour obtenir la majorité absolue. Le parti centriste Ensemble de M. Macron est arrivé en deuxième position et le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen en troisième position. 

Initialement plus proche que jamais du pouvoir, le RN a été contrecarré, principalement en raison du retrait de nombreux candidats de gauche et centristes du second tour, dans une tentative stratégique d'éviter de diviser le vote.

Mais le premier ministre et le cabinet de M. Macron ne ressemblent guère aux résultats des élections législatives de juillet. 
Le cabinet, fortement ancré à droite, ne manquera pas de provoquer de nouvelles turbulences politiques dans un pays fatigué de son président. Au risque de s'effondrer avant la fin de l'année, la nouvelle équipe devra exécuter une danse délicate avec l'extrême droite pour survivre. 

En attirant des ministres issus des rangs conservateurs et centristes, M. Barnier dirige toujours un gouvernement minoritaire. La coalition de gauche ayant juré de le renverser à la première occasion, c'est avec le soutien tacite du RN qu'il a le plus de chances de survivre à un vote de défiance. 

En se pliant aux exigences de la droite, M. Macron espère que son gouvernement pourra préserver son héritage après que la gauche se soit engagée à abroger certaines de ses politiques clés, telles que les réformes controversées des retraites. 

Parmi les nouveaux visages, on trouve le conservateur chevronné Bruno Retailleau au ministère de l'intérieur, dont la position intransigeante sur l'immigration plaît à l'extrême droite. Cet ancien sénateur de 63 ans s'est également opposé au mariage homosexuel et a voté contre l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution française. 

Bien qu'elle ait remporté le plus grand nombre de sièges lors du scrutin de juillet, l'alliance de gauche n'a réussi à obtenir aucun poste au sein de l'équipe de 39 membres. 

M. Macron ne pouvant dissoudre le parlement pendant au moins un an après l'élection, des concessions sur l'immigration, la sécurité et les impôts devront être faites pour apaiser l'extrême droite et faire passer des projets de loi au sein de l'assemblée de 577 sièges. 

M. Barnier prévoit de présenter un plan budgétaire pour 2025 afin de lutter contre le déficit croissant de la France et de proposer des réductions de dépenses impopulaires. M. Barnier pourrait invoquer un outil constitutionnel controversé pour le faire adopter, mais cela exposerait le gouvernement à un vote de défiance puisque le parlement devrait l'approuver. 

En outre, il risquerait de provoquer la même colère que l'avant-dernier gouvernement de M. Macron, qui a utilisé cette clause constitutionnelle controversée pour tout faire passer, des budgets aux réformes des retraites. Depuis lors, cette clause symbolise le style de gouvernement très critiqué de M. Macron : impatient de parvenir à un consensus et considéré par beaucoup comme irrespectueux de la volonté de l'électorat. 
Qu'il s'agisse de survie politique ou d'habileté politique, l'ironie du dernier gouvernement de M. Macron est frappante.

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