Dans la stratégie électorale, Annie Genevard était chargée d'enfoncer la gauche sur le terrain de la politique éducative, en faisant croire que son parti allait changer radicalement la donne grâce à l'alternance politique escomptée pour 2017
Logiquement, l'opération était gagnée d'avance, tant la politique actuelle est massivement désapprouvée, notamment par trois enseignants sur quatre
Malheureusement pour ce nouveau fer de lance de la droite, chaque fois qu'elle fait une nouvelle proposition ou intervention concernant son projet pour l'école, elle se prend en pleine figure une argumentation contraire préexistante, situé dans le dossier accablant constitué en une dizaine d'années dans le cadre de l'opération Ortograf
A - C'est une violation nette et caractérisée du principe de liberté d'expression qui a déclenché la volée de bois vert infligée actuellement à notre députée
Fin 2015, quand les médias ont révélé l'implication d'Annie Genevard dans la politique éducative et laissé entendre qu'elle était en piste pour remplacer en 2017 la désastreuse ministre actuelle, il était logique de lui rappeler l'existence du dossier Ortograf-FR et l'intérêt qu'il pouvait avoir pour étoffer un débat qui en a grand besoin
C'est l'absence de réponse, puis le faux arguments utilisé pour dire niet, qui ont fait basculer la situation
Le prétexte utilisé était une espèce de leçon de morale confidentielle dans le genre : « si tu veux qu'on t'écoute, tais-toi ! », un terrorisme anti-gros-mots à cause de l'utilisation des mots « peste » et « choléra » utilisés dans l'un des documents
Le débat ne pouvant se faire avec la députée, se fait donc maintenant contre elle. C'est un jeu d'enfant de reprendre le dossier accablant de l'orthographe française et de l'école française,pour le diriger cette fois précisément contre celle qui symbolise à elle seule toute la situation
Un supplément de drôlerie est dans le fait que les nécessités de la campagne électorale amènent souvent la leader de la droite à s'exposer elle-même pour se faire fouetter, comme on va le vérifier ci-après avec les gaffes numéros 3, 4, 5, et 6
B – Gaffe numéro deux : la promesse intenable et mensongère d'un retour de l'autorité à l'école
Le mensonge de cette promesse est dû au fait que ceux qui tiennent la réalité du pouvoir dans l'Education Nationale depuis la révolution pédagogique des années 1960 ont toujours sapé les diverses formes d'autorité, ceci pour des raisons idéologiques héritées de la lutte des classes, et quelle que soit la majorité politique du moment
Noter d'abord que, si Annie Genevard peut espérer devenir ministre, c'est justement parce qu'elle a le profil idéal pour faire croire à ses électeurs que ça va changer, tout en donnant en même temps aux éminences grises du pouvoir les meilleures garanties pour qu'elles soient sures que rien ne changera
La phrase-clé de cette gaffe se trouve dans son interview par Jean-Paul Brighelli dans Le Point, intitulée : « Programmes scolaires : "Nous avons subi l'emprise idéologique du ministère" »:
Brighelli interroge :
« Et si vous m'autorisez un peu de politique-fiction… La droite revient aux affaires, vous voici ministre de l'Éducation. Quelles sont vos trois premières mesures – ou vos trois premiers chantiers ? »
Pour les chantiers concernés, la réponse de la députée contient plusieurs fois l'idée du retour à l'autorité. La réponse est à priori séduisante devant la situation que l'on sait, mais elle est , comme par hasard, un amalgame du meilleur et du pire :
- le meilleur pour tromper les électeurs,
- et le pire pour les conséquences concrètes que ça promet : le discours tenu par Annie Genevard ne sera jamais appliqué et s'il l'était, ça ne changerait rien au marasme scolaire français actuel
En plus des réponses préexistantes, Ortograf-FR a alors versé dans le débat un nouvel article intitulé :
Avant cet article, on avait déjà :
« Précarisation-asservissement des enseignants: la télé en accusation » (« Un 20 heures à vomir sur la 2, le 04 09 2014. Tremblez! enseignants. Le terrorisme à l'état pur est en place dans la présentation française du modèle américain »)
Remarque. Avant Annie Genevard, et sur la même idée d'un renforcement de l'autorité, Nicolas Sarkozy avait déjà génialement trompé ses électeurs, en caressant devant eux la fameuse idée de la « promotion des enseignants au mérite ». L'analyse de cette tromperie est esquissée dans l'article intitulé : « Politique éducative : les bonnes raisons de craindre le pire »
En bref : quand Sarkozy préconisait la promotion des enseignants au mérite, les responsables du syndicalisme enseignant pouffaient de rire dans leurs barbes. En effet, ladite « promotion au mérite » a toujours été contrôlée par l'appareil syndical lui-même
Une anecdote significative : vers la fin des années 1990, un slogan syndical affiché dans les salles des profs des lycées déclarait : « Le poids des notes, le choc des promotions ». Ca veut d'abord dire qu'avec ladite « promotion au mérite », Nicolas Sarkozy ne faisait jamais qu'enfoncer une porte ouverte, mais ça veut surtout dire que, ce faisant, il se faisait le garant d'une rente de situation pour ces fameux syndicats dont il faisait croire à ses électeurs qu'il en était le pourfendeur
C – Gaffe numéro trois : le communiqué du 2 février 2016 intitulé : « Que dit le rejet de la réforme de l'orthographe ? »
Annie Genevard se jette là une fois de plus dans la gueule du loup. Cette fois, c'est parce que sa tromperie n'est pas parfaitement camouflée
Le génie de sa ruse consiste à défendre ses propres objectifs en mettant dans la bouche de ses supporters des arguments qu'elle n'ose même pas assumer personnellement :
« De nombreux Français(sic) sont ulcérés par cette réforme qui, à leurs yeux (sic), est une atteinte de plus à leur identité »
La motivation des Vaillants Défenseurs de l'Orthographe en question est rendue possible par une ignorance crasse concernant l'histoire de notre langue, de son orthographe et de son alphabet, mais aussi par la chape de plomb qui cache aux VDO en question le point de vue selon lequel ils agissent contre leur propre intérêt, contre celui de leurs enfants, et contre une politique crédible pour l'avenir de la langue française et de l'école française
La documentation préexistante est alors rappelée par un article intitulé :
« Réforme ratée de l'orthographe : Annie Genevard fuit le débat et s'en tient à la langue de bois »
D – Quelques autres gaffes
Pour chacune de ces gaffes, on donne ici seulement le document le plus bref qui la présente, et qui tient sur une page. C'est chaque fois le résumé d'un document plus long argumenté avec force détails et assorti de tous liens utiles, qui a été dans un premier temps diffusé par courriel, puis posté dans les blogs de Mediapart
a) avec la gaffe numéro quatre, notre députée nous prépare, face à la langue turque, un Waterloo supplémentaire dont la langue française n'a vraiment pas besoin
Suite à une provocation de Najat Vallaud-Belkacem, notre députée nous fait le coup de la chevalière courageuse partie en guerre contre l'enseignement de l'arabe et du turc à l'école
Or, elle n'a jamais pris connaissance d'une information préexistante selon laquelle, contrairement à la langue française, la langue turque a bénéficié d'une gestion honnête : Mustafa Kemal Atatürk y a en effet imposé vers 1930 une écriture phonétique de la langue parlée courante
Le tract intitulé :
« Ces profs de turc en France, dont aucun ne parle français », montre alors que la politique linguistique secrètement défendue par Annie Genevard développe à grande vitesse une situation où des turcs de plus en plus nombreux vont afficher avec de plus en plus d'arrogance, sur le territoire français, leur refus de la langue française !!!!
b) dans sa gaffe numéro cinq : notre députée nous joue la gestionnaire rigoureuse des deniers publics
En riposte à une autre provocation de Najat Vallaud-Belkacem, qui a promis pour plus tard une revalorisation salariale des enseignants, Annie Genevard profite de l'occasion pour prendre l'avantage sur la ministre par un nouveau coup médiatique. Elle ne manque pas de faire un scandale contre le gaspillage en publiant un article intitulé : « Une reconquête des enseignants à un milliard d'euros »
Cette fois, si elle se jette dans la gueule du loup, c'est parce qu'elle ignore le tract intitulé : « Orthographe et santé : l'exploitation intellectuelle nuit gravement à la longévité »
En bref, une comparaison occasionnée par la crise politique belge montre que le handicap dû aux difficultés d'apprentissage de la langue française représente en fin de compte une pénalité financière d'un montant moyen de 150.000 euros par personne sur une carrière complète, à quoi s'ajoute une espérance de vie amputée de deux ans
La riposte à la donneuse de leçons se fait alors avec un tract intitulé :
« Annie Genevard : quand on aime l'orthographe, on ne compte pas »
En bref :
- le milliard d'euros économisé grâce à la gestion qui se veut rigoureuse de notre députée représente moins de 20 euros par français et par an
- la pénalisation infligée par les marchands de béquilles de l'échec scolaire et l'orthographe dont elle est une éminence grise représente plus de 2000 euros par français et par an
c) dans sa gaffe numéro six, il s'agit de trouve le remède à apporter à l'école française du djihad : notre députée nous fait alors le coup du cautère sur jambe de bois
En juin 2016 : Annie Genevard part en guerre à sa façon sur le terrain électoralement payant de la xénophobie-islamophobie. Elle fait à la Chambre des Députés une intervention largement médiatisée, à quoi s'ajoutent deux articles : « Arabe enseigné dès le CP : voulons-nous arrêter vraiment les communautarismes ? » et : « Enseignement de la langue arabe à l'école : arrêtons les hypocrisies ! »
Ses supporters voient alors en elle, comme on l'a dit plus haut, un courageux toréro, puisqu'elle ose affronter le taureau islamiste, au risque de sa vie
Mais il y a un petit problème : la députée chargée du projet de la droite pour l'école a jusqu'à présent ignoré royalement les alertes intitulées: a) «Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos voyous » (2007, 6 p.) et b) « Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos djihadistes »
L'article intitulé : « Les jeunes, le djihad, et les techniques de tromperie d'Annie Genevard » fait alors les remarques gênantes suivantes :
« Lorsque des français de souche, issus des classes moyennes, partent faire le djihad en Syrie, ils n'ont pas eu besoin pour cela d'apprendre le turc ou l'arabe à l'école
La Forteresse Orthographe - dont Annie Genevard est une éminence grise – est par elle-même un moyen plus que suffisant pour fournir, plus qu'on ne pourrait l'imaginer, les troupes désirées par les organisateurs du djihad
E – Conclusion
Beaucoup d'autres articles peuvent encore s'ajouter à la volée de bois vert présentée ici
En ce début de campagne électorale, les médias, les hommes politiques et les électeurs seraient bien inspirés de tenir enfin compte de la sentence :
« Un homme politique qui élude le problème de la réforme
de l'orthographe ne peut être qu'un charlatan et un voyou »
Une version pdf du présent article peut être chargée en cliquant ici:
« La droite va-t-elle perdre les élections à cause de son projet pour l'école ? », 3 pages
Ortograf-FR doc g191-g10-D octobre 2016