Si Annie Genevard a caché comme elle l'a fait, pendant des dizaines d'années, son appartenanceau clan des éminences grises de l'orthographe française, si elle a toujours été farouchement opposée à tout débat concernant la faisabilité de l'indispensable réforme, on peut en déduire qu'elle est parfaitement au courant de ses honteuses fonctions antisociales, parmi lesquelles sa fonction de diversion : le long et laborieux apprentissage de l'orthographe est le meilleur moyen de tenir les français à l'écart des savoirs fonctionnels qui, eux et eux seuls, sont synonymes de pouvoir
A - Noter que cette fonction obscurantiste, à la fois anticulturelle et antisociale de l'orthographe ne concerne pas seulement le pourcentage bien connu de 20% d'illettrés qui sortent chaque année du système scolaire français. Noter aussi ce qu'Annie Genevard ne risque pas de vous faire remarquer : l'orthographe sert avant tout à piéger les heureux élus qui parviennent à la maitriser. La fonction de diversion de son apprentissage estla conséquence de la considération "plus les ânes sont chargés, mieux ils vont"
La question des apprentissages de diversion a été posée dès 1880 par Jules Vallès, dont le livre « Le Bachelier » est dédié « à ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim ». Elle nous amène au très vaste problème du contenu des programmes scolaires
B - Quel est alors le point de vue de la porteuse du projet de la droite pour l'école sur cette question des programmes de diversion ?
Elle l'a forcément abordée dans le cadre de la Commission Nationale des Programmes, mais elle n'en a pas dit un mot lorsqu'elle a démissionné en août 2015. La manière dont elle sacralise une Orthographe dont elle est totalement incapable d'organiser un enseignement efficace donne déjà un élément de réponse
C - Les Eminences Grises de la religion Orthographe, dont Annie Genevard fait partie, ont toujours eu en mains toutes les données permettant de réussir impeccablement l'indispensable réforme. Mais elles fonctionnent suivant la logique « saboter plus pour gagner plus », et elles inventent au contraire tout et n'importe quoi - y compris la réforme ratée de 1990 qui a fait débat en 2015 - pour que cette réforme ne puisse pas se faire
D - Si, fin 2010, Valérie Pécresse a jugé bon de mettre en place un enseignement de l'orthographe dans les universités, il faut naturellement en déduire que l'inefficacité de l'enseignement de l'orthographe nécessite unetrès grande mobilisation. La loi des vases communicants entraine alors fatalement un laminage des enseignements pratique, professionnel et technique
Ce laminage va continuer parce que la fonction actuelle de notre députée, dans la perspective des élections de 2017, c'est de donner l'illusion que tout va changer, tout en étant sûr que, en dehors de l'habillage politique, rien ne changera
Les médias vont continueront leurs présentations triomphales de nos éternels battus de Waterloo, éternels battus qui fonctionnent suivant la logique : « quitte à former des SDF, autant qu'ils soient très cultivés », Cultivés ? avec une culture qui consiste à savoir écrire ce qui ne se prononce pas
En résumé, la sacralisation de l'orthographe est forcément fondée sur un mépris de la culture pratique, de la culture professionnelle et de la culture technique. Le résultat en est une déstructuration des individus qui commence dès l'apprentissage de la lecture et de l'écriture
Se pose alors la question: cette sacralisation est-elle pour autant un atout pour les enseignants ?
On va voir ici que c'est maintenant exactement le contraire
E - La sacralisation de l'orthographe pour motiver les élèves ne marche plus, mais Annie Genevard n'y a rien vu et elle ne veut pas le voir
Il y a trente ans, la sacralisation de l'orthographe était obtenue soit avec la grand-messe de la dictée de Pivot, soit avec les fameux arguments mensongers de l'étymologie, du patrimoine, de la nécessaire distinction des homonymes. Elle était perçue comme une aide aux enseignants. On pouvait en effet encore croire qu'elle servait à motiver les élèves dans leur indispensable apprentissage
Aujourd'hui, cette sacralisation ne marche plus. Les drames de l'école française du djihad sont là pour le prouver. Mais la formidable chape de plomb de l'industrie du mensonge empêche cette vérité gênante de parvenir jusqu'au grand public. Coincée dans sa religion d'un autre âge, notre grande prêtresse le l'orthographe n'y a rien vu
F- Cette sacralisation de l'orthographe est désormais une agression contre les enseignants pour deux raisons :
- plus le culte de l'orthographe est important, plus les enseignants sont culpabilisés dans l'échec programmé de son enseignement
- en raison de l'échec scolaire et social évident, les mensonges qui servent à sacraliser l'orthographe sont perçus au moins inconsciemment comme tels. Donc, plus l'école sacralise l'orthographe, plus elle se discrédite par le mensonge de son discours
G- Encore une bonne! alors qu'Annie Genevard annonce par ailleurs vouloir rétablir un rapport d'autorité à l'école, elle fait tout ce qu'il faut pour arriver au résultat contraire
Le retour de l'autorité à l'école passe par le retour à un discours de vérité, c'est à dire exactement à l'opposé de la sacralisation mensongère de l'orthographe à laquelle la porteuse du projet de la droite pour l'école se tient sans même oser l'avouer.
En conséquence, le résultat fatal du projet de la droite pour l'école va être exactement à l'opposé des intentions annoncée
H- Attaques contre les enseignants : Annie Genevard avait bien caché son jeu
S'agissant de tromper les français, une preuve de l'intelligence au-dessus de la moyenne d'Annie Genevard est tout simplement donnée par le tract « Marchands d'orthographe, fabricants de haine »
L'objectif de ce tract, c'était - déjà - de montrer la responsabilité de l'orthographe dans un conflit entre « le monde du travail » et les enseignants
Résumons les faits :
- au printemps 2003 : réforme du régime de retraite des fonctionnaires,
- puis manifestations des fonctionnaires pour riposter contre cette réforme,- puis contre-attaque des PME et artisans, avec notamment des explications données par une affiche traitant les enseignants de « nantis » et de « fainéants »
Dans le tract qui rapportait ce conflit, on ne savait pas du tout qu'Annie Genevard faisait partie des « marchands d'orthographe, fabricants de haine ». Se tromper ainsi était parfaitement excusable. En bonne logique, en effet, ses responsabilités politiques étaient censées l'avoir amenée à faire passer l'intérêt général au dessus de celui des marchands d'orthographe
C'est pourquoi le tract « marchands d'orthographe, fabricants de haine » la gratifie alors sans la nommer du discret éloge suivant :
« un an plus tard, une enseignante engagée dans la politique, se désolait face à la réaction de riposte provoquée par ce tract en déclarant: "Depuis cette date, tel magasin n'a pas vu passer un seul enseignant" »
CONCLUSION : en tant qu'Eminence Grise de l'Orthographe, Annie Genevard faisait partie du microcosme qui tire les ficelles du conflit entre les entreprises et les enseignants. Or, pendant que les troupes des deux camps se chamaillaient douloureusement, elle arrivait encore à se faire passer pour un conciliatrice!!!
Ortograf-FR (Louis Rougnon Glasson) doc g142-g07 juillet 2016
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