Incompétence, incurie, suffisance et corruption dans la gestion de la langue française
Citons d'abord une analyse datant d'octobre 2009, facile à trouver sur internet, et qui n'a jamais risqué de faire un gros titre au journal de 20 heures, pourtant friand de scandale :
« Cest une gestion complètement godiche de la langue française qui est la cause de son déclin »
Le présent article peut être chargé au format pdf, 6 pages, en cliquant ici
La nécessité d'en finir avec un sabotage systématique du débat sur la politique éducative nous amène ici à durcir le ton et à prolonger l'article en question en y ajoutant les constatations qui suivent.
A – Incompétence et incurie
1°) les sons de la langue orale et les lettres de sa forme écrite
Un architecte qui construit un immeuble connait en principe parfaitement les briques dont il dispose pour cette construction.
Les briques constitutives de la langue française, ce sont les lettres pour sa forme écrite et les phonèmes pour sa forme orale.
- en ce qui concerne les sons, les gestionnaires de la langue française ont certes bien reconnu la nécessité de définir une norme de prononciation, mais, à partir de là, ils n'ont pas été capables de faire l'inventaire exact de la cinquantaine de phonèmes à retenir comme étant les sons constitutifs normaux de notre langue
- en ce qui concerne l'écriture de ces sons, les lettres utilisées sont les plus sordides que l'on puisse imaginer . Elles appartiennent à un alphabet phonétique conçu pour ne jamais pouvoir fonctionner correctement : l''API ou alphabet phonétique international.
Pour un aperçu du très mauvais choix de ces lettres, voir les documents suivants:
a) "Interdiction de l'API demandée pour nos écoles, lycées, collèges"
c) « Bataille des alphabets : AFF contre API : la comparaison qui accuse »
d) "Homonymes: le coup de génie des VDO se rendant aux os, aux eaux, au zoo".
Ce mini-tract met en évidence la nécessité de la qualité de la prononciation, mais aussi, celle de ce que l'on peut appeler l'économie du langage
2°) cas des timbres des voyelles de la famille du « e »
Dans la pratique, cette nécessaire qualité de la prononciation laisse la place, par exemple, à une confusion de plus en plus grande entre les six timbres de sons de la famille du e, confusion relevée notamment au journal de vingt heures. Chacun de ces six timbres apparait une fois et une seule dans chacune des expressions suivantes, à l'exception de toute autre voyelle. Entre parenthèses, on a mis l'écriture quasi phonétique utilisant l'alphabet universel, de chacune de ces voyelles prises dans l'ordre où elles apparaissent.
a) "Mes deux belles soeurs se gênent" (é, eu, ε, œ, e, ê)
b) "Peu de fleurs, mais des belles" (eu, e, œ, ê, é, ε )
c) "je peux faire des erreurs" (e, eu, ê, é, ε, œ)
d) "les peurs bleues de cette fête" (é, œ, eu, e, ε, ê)
ou aussi "peurs bleues de guerre des chefs » (œ, eu, e, ê, é, ε)
on y ajoute donc :
e) « Mercédès, coeur de feu » , dont l'écriturepréphonétique alphabet-U est alors :
M ε r ç é d ê s, k œ r d e f eu
Dans la gestion à la va-com'j'te-pousse de la prononciation du français que nous dénonçons ici, il n'y a pas à s'étonner si, dans certaines régions de France, un futur tel que « je chanterai » a une prononciation identique à celle du conditionnel « je chanterais ».
De même, la tentative de certains instituteurs pour que « et » soit prononcé « é », et que « est » soit prononcé « ê » méritait une réflexion, mais celle-ci ne risquait pas d'avoir lieu
3°) problème de l'économie du langage : remplacer le thym par la farigoule et la pomme de terre par la patate
Ceux qui ont décidé souverainement de garder des adjectifs numéraux cardinaux tels que « soixante-dix-huit » ou quatre-vingt-dix-neuf » savaient sans doute compter avec le repère « un, deux, trois, beaucoup ».
Ils n'ont pas compris que des mots formés seulement de deux ou trois phonèmes avaient presque automatiquement des homonymes, pas plus d'ailleurs qu'ils n'ont vu que les homonymes sont une faiblesse de la langue.
Dans l'autre sens, ils n'ont pas vu que des mots d'une longueur inutile sont une source de lourdeur.
A mi-chemin entre les mots trop courts et les mots trop longs, il serait pourtant facile de remplacer « thym » par farigoule (mot provençal), « pomme de terre » par « patate » (adopté par le bon sens populaire), « taon » par « tawin », « paon » par « pavanan », etc.
4°) « L'Académie de la carpette anglaise » ne fait pas le poids pour sauver la langue française
Par rapport à la manière dont ce bon Monsieur Toubon a réglé l'invasion de l'anglais, voir le paragraphe « Gestion du franglais : aux fourches ! », dans « C'est une gestion complètement godiche de la langue française qui est la cause de son déclin », déjà cité
Actuellement, nos éternels battus de Waterloo se sont trouvés un nouvel étendard pour, une fois de plus, faire disparaître de notre langue des mots qui en font partie depuis longtemps.
Cet étendard, c'est « l'Académie de la Carpette anglaise ». Il est brandi par Philippe de Saint-Robert, le célèbre inventeur du mot « sabadomi », évoqué jadis une fois dans une émission télévisée pour remplacer celui qui devrait s'écrire « wikënd ».
Cette Académie de la carpette anglaise a au moins le mérite de mettre en évidence les ambigüités de nos hommes politiques qui, à l'intention des publics les plus naïfs, cultivent un chauvinisme pour une langue française qui handicape notre jeunesse, tandis que, dans leur propre microcosme, ils se moquent éperdument de notre langue, au bénéfice de l'anglais. Voir : « Les 7 casseroles de Valérie Pécresse »
C – Incurie active
Par rapport à l'incurie simple, synonyme de « jmenfoutisme », celle concernant la gestion de la langue française doit être qualifiée d'active, en ce sens qu'une nuée de perroquets a toujours la réponse toute prête mais erronée pour donner une justification à quelque chose qui n'en a pas
Ils vous disent par exemple :
1) « une orthographe phonétique appauvrirait la langue ».
Au contraire, une écriture phonétique rigoureuse contient exactement la même information que le message oral correspondant, et donc qu'elle apporterait exactement la même information que ce message. Dire qu'une orthographe phonétique appauvrirait la langue équivaut à dire que le fait de s'exprimer oralement appauvrit la langue.
2) ils disent encore: « compte tenu de la diversité des accents régionaux, la définition d'une norme de prononciation n'est pas possible ». La réalité qui prouve exactement le contraire, c'est l'adoption officielle de la « phonétique », vers 1975, en dépit de ses grossiers défauts
3) Autre affirmation traduisant une incurie active: « Seule une réforme profonde pourrait apporter à l'orthographe du français les améliorations nécessaires, et une réforme profonde est actuellement impossible » (Nina Catach, « L'orthographe » coll. « Que sais-je ? »)
En réalité, au contraire :
a) une réforme profonde serait très facile à la simple et unique condition d'être précédée de l'actualisation la plus judicieuse de notre alphabet, et elle n'apporterait alors que des avantages à toutes les étapes de sa mise en application. Voir:
"Passage à l'orthographe: les meilleurs seront les premiers", dans les blogs Mediapart
b) l'équipe de Nina Catach était censée diffuser une « information sur l'orthographe et les écritures ». Mais on constate au contraire un black out intégral sur l'histoire de notre alphabet. Voir:
- « Histoire interdite de l'alphabet français » 7 pages
La méconnaissance des français concernant l'histoire de leur langue s'intègre dans la gigantesque manipulation qui nous fait gober l'orthographe la plus bête du monde
- « L'alphabet français : histoire et situation fin 2012 » dans les blogs Mediapart
- La même équipe (AIROE) a été au minimum passive, sinon une des principales responsables de l'adoption, vers 1975, du fameux API fait pour ne pas marcher.
Voir dans le paragraphe A les articles 1), 2), et 3) et ajouter :
« Pour diaboliser-ridiculiser l'idée d'écriture phonétique, tous les moyens sont bons », une page
Cette incurie active ne concerne pas seulement la gestion de la langue française, il faut y ajouter toute une manipulation qui arrive à faire ignorer les dégâts dûs aux difficultés excessives de son apprentissage, à inventer des miracles pédagogiques, et à rejeter la responsabilité de l'échec scolaire sur les enseignants, sur "les parents qui démissionnent", ou sur divers autres boucs émissaires
Le polycop Ortograf 2010 contient à ce sujet beaucoup d'articles qui clouent le bec à ce genre d'argumentation. Voir par exemple :
« Débâcle francophone: au Québec aussi ! »
« Un concours du meilleur charlatan pourrait terminer la Journée Nationale de l'Orthographe »
« Le soi-disant bon vieux temps de l'orthographe: là encore, les perroquets vous mentent ! »
« Dyslexie, comparaison internationale : nos perroquets habituels sont bizarrement silencieux »
« Mammouth et stakhanovisme: le chef d'oeuvre de l'étoile filante Prof 16 »
D – L'étonnante suffisance des gestionnaires de la langue française
On pense ici, naturellement, à Bernard Pivot officiant triomphalement devant a télévision », avec sa fameuse dictée qui, pourtant, « mettait en exergue les bizarreries les plus incohérentes et les plus débiles de notre orthographe »
Pas un seul média n'a alors mentionné cette objection de l'AIROE, ni fait remarquer que le succès de cette suffisance était limité aux publics les plus désinformés de l'Hexagone, et que cette manière de présenter la langue française devait logiquement précipiter son déclin dans le monde.
A partir des dégâts prévisibles et ainsi constatés, Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, est maintenant géniale pour positiver sur l'air de « tout va très bien, Madame la Marquise ». Elle déclare que, pour la place dans le monde de ceux qui pratiquent notre langue, on n'a certes plus la quantité, mais on a la qualité ».
Son triomphalisme rejoint ainsi celui d'une armée de perroquets pour qui le rayonnement passé de notre langue est une raison suffisante pour se boucher les yeux sur l'incertitude de son avenir.
Dans le répertoire Ortograf-FR qui met les points sur les i pour ces championnats d'orthographe et autres tournois, et sur leurs avantageuses présentations médiatiques, voir :
« Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos voyous »
« Dictée miraculeuse dans une école laïque »
« Napoléon III a aimé l'orthographe »
« Un concours du meilleur charlatan pourrait terminer la journée nationale de l'orthographe »
« Tournois d'orthographe 2009 : des pères Noël voyous montreurs de marionnettes »
« Le soi-disant bon vieux temps de l'orthographe: là encore, les perroquets vous mentent ! »
« La dictée qu'il aurait fallu faire »
Ajouter encore l'épinglage de la façon triomphale dont certains médias ont présenté la croisade de l'orthographe de la ministre Valérie Pécresse, fin 2010. Voir :
« Les sept casseroles de Valérie Pécresse »
E – Corruption dans la gestion de la langue française
Sur le site internet de la Cour des Comptes, il n'est pas évident de trouver un bilan du coût des complications inutiles de notre langue, ni de leur impact, que ce soit au niveau de la société française elle-même ou au niveau du rayonnement international.
Cette carence est d'autant plus regrettable qu'une véritable industrie de marchands de béquilles de l'échec scolaire réclame sans cesse « plus de moyens » pour remplir ce qui n'est rien d'autre qu'un tonneau sans fond.
Ce qualificatif « tonneau sans fond » a une justification évidente dans le fait que Valérie Pécresse, a mis en place, fin 2010, un enseignement de l'orthographe dans les universités. Voir : « Les 7 casseroles de Valérie Pécresse » déjà évoqué ci-dessus
Une révélation cocasse de la gestion corrompue des deniers publics tournant autour des difficultés de la langue française est dans un article de complaisance consacré à l'échec scolaire, signé Bernard Payot, dans un numéro de l'Est Républicain de juillet 2009. Cet article est épinglé dans le tract intitulé : « Des pompiers d'élite sacrifiés délibérément dans un incendie criminel »
L'incendie de l'échec scolaire est là, gigantesque. Pour faire semblant de le combattre, ceux qui l'organisent n'hésitent pas à y jeter leurs meilleurs soldats du feu: recteurs, préfets, présidents de régions, journalistes
Un aperçu de l'étendue des dégâts de cette corruption est donnée par le tract
« Orthographe et santé : l'exploitation intellectuelle nuit gravement à la longévité »
La crise politique belge a pour cause un handicap des francophones caractérisé par un revenu moyen inférieur de 22%, soit 150000 euros par personne sur une carrière complète, et par une espérance de vie diminuée de deux ans pour la population francophone globale par rapport à la population néerlandophone globale.
Voir aussi : « Indécrottable ! »
et :
« Débâcle francophone : au Québec aussi »
Mais le top de la corruption est encore dans les diverses fonctions antisociales de l'orthographe, que les pédago-marxistes passés au service de leur célèbre « adversaire capitaliste » entretiennent en parfaite connaissance de cause.
L'orthographe française est à la fois
- un instrument de ségrégation sociale
- un dérivatif, c'est à dire un moyen de tenir un public le plus large possible à l'écart des savoirs fonctionnels, qui, eux et eux seuls, sont synonymes de pouvoir
- un échec garanti pour quelques uns, à partir de quoi l'argument de l'égalité des chances est ensuite utilisé comme prétexte pour retarder la progression de tous.
Voir
« Le bac à douze ans et le Professeur Singe », sur le blog Ortograf nouvelobs
Le fameux argument de l'égalité des chances a en réalité été utilisé comme prétexte par les pédagos du mouvement fantoche Ortograf.NET, pour aligner sur des enfants handicapés intellectuels la progression des enfants provenant des classes moyennes et populaires, dans une démarche où un microcosme privilégié était censé se donner les moyens d'échapper à leurs dégâts.
« Bernard Pivot fait beaucoup mieux que l'Abbé Pierre (dérision) »
« Atatürk donne des sueurs froides à nos voyous »
« Fabriquer des crétins pour dynamiser la France. Les confessions involontaires d'un pédago voyou»
« Mammouth et stakhanovisme : le chef d'oeuvre de l'étoile filante Prof16 »
« Un mouvement Ortograf.NET ségrégationiste sans le savoir »
« L'orthographe de tous les mensonges »
« Saboter plus pour gagner plus: trois produits intellectuels faits pour être en panne: 1°) l'orthographe française, 2°) l'alphabet phonétique international (API) 3°) le projet de réforme Ortograf.net»
« Dyslexie, comparaison internationale : nos perroquets habituels restent étonnamment silencieux »
Ortograf-fr, F-25500-MONTLEBON tél: +(33)(0)3 81 67 43 64 louis.rougnon-glasson(à)laposte.net sites: 1°) http://www.alfograf.net 2°) http://ortograf.blogs.nouvelobs.com/ 3°) http://alrg.free.fr/ortograf 4°) blog mediapart lrg : http://www.mediapart.fr/blog/193651
doc f428-d03 mars 2013