François Hollande a été élu grâce à la promesse d’un autre destin pour la politique européenne. Une politique plus sociale, plus humaine et plus solidaire. Tout le monde se souvient d’une campagne intelligente avec des propositions claires : un projet ambitieux dans son énonciation, précis dans sa construction, et réaliste dans son financement.Oui la promesse était belle et crédible, elle emportait dans son sillage non seulement l’adhésion des français mais aussi l’espérance de bien des peuples d’Europe : l’offre d’une Europe enfin réorientée vers l’humain et arrachée à l’emprise des magnas du capital. François Hollande faisait figure d’homme providentiel, grâce à qui une solution globale allait enfin émerger en Europe. Seulement voilà, la condition du financement, devait passer par un bras de fer contre Angela Merkel et l’armée de spéculateurs qui la soutient. Hollande devait et c’était là son engagement, taper du poing sur la table et imposer ‘’Sa’’ solution à l’Allemagne. David Cameron s’y est employé avant lui avec succès, en menaçant simplement de ne pas voter le budget européen, s’il n’obtenait pas de rabais substantiel sur sa contribution financière à l’union européenne.
La solution globale voulue par Hollande (mais bien vite abandonnée) nous la connaissons toutes et tous, les grandes puissances en usent depuis toujours pour maintenir leurs économies à flot, amortir le choc des crises, relancer l’innovation et poursuivre le progrès social : une banque centrale au service des politiques publiques.Cette solution ne relève pas d’un miracle, il s’agit d’un instrument économique puissant, que les états forts ont toujours pris soin de garder à disposition. Les Etats Unis, le Japon et même la Grande Bretagne par ailleurs, ont largement sollicité leur banque centrale pour soutenir leurs investissements publics et privés.Ne restait plus à François Hollande, fort de la confiance dont il bénéficiait, qu’à engager un bras de fer pour imposer ce changement.
Ah, si Hollande avait tenu tête à Merkel sur le traité de stabilité. Ah, s’il avait dit : « Je ne signe RIEN tant que la BCE ne prête pas aux états », il aurait gagné sa stature d’homme d’état. Qui peut envisager un instant l’Europe sans la France ? Il aurait eu le soutien des autres états, accablés par une succession de plans d’austérité inopérants, qui n’ont fait qu’aggraver leur situation.
Il y a des moments comme ça où les hommes d’état ont rendez-vous avec l’histoire : De Gaulle a saisi sa chance en partant à Londres, il a réussi l’exploit de revenir en vainqueur pour libérer la France ; François Hollande a eu lui aussi l’occasion d’entrer dans l’histoire, simplement en tenant son engagement ; simplement en disant NON au traité de stabilité. Il n’en fut rien.
Après ça, rien ne peut plus marcher. Aucune politique de relance, aucune politique d’innovation, de progrès social, nous sommes durablement ancrés dans l’Etat impuissant. Jugez plutôt : il faudrait 1 milliard d’euros pour nationaliser Florange et reprendre la main sur notre sidérurgie ? Alors on abdique.
Il faudrait 20 milliards pour de nouvelles lignes TGV ? Alors on abandonne.
Il faudrait 10 milliards pour que vive le Grand Paris ? Alors on sauve la face avec un métro Paris-Banlieue pour 2030. Même le débat sur une possible réforme fiscale est un leurre ; et comment parler de compétitivité quand le dumping social imposé par la commission de Bruxelles fait rage en Europe.
Pourtant celui qui a battu Sarkozy ne peut pas être un looser, celui-là pouvait battre tout le monde.
La voilà, la raison de l’échec de François Hollande : Son refus d’affronter Angela MERKEL. Pris au piège de sa politique de consensus, François Hollande n’a pas eu cette vision effrayante de l’état impuissant qui se profilait.
Pour sortir de ce marasme dont il fait largement les frais, tant il est malmené dans l’opinion et même par ses partisans, seul un combat à l’échelle européenne lui redonnera une stature crédible. Monsieur le président, vous pouvez encore changer l’Europe et faire revivre la France, en opérant ce bras de fer contre Angela Merkel mais cette fois-ci il ne faudra pas que la main tremble.