Les Hommes politiques d'hier, de Robert Schuman à Jacques Delors, bâtisseurs de l'Europe, l'ont fondée sur l'acier. Le premier accord de l'Europe des nations c'est la société du charbon et de l'acier. Comment quelques décennies plus tard, un seul homme, Monsieur Mittal a pu prendre le contrôle de tout un pan de l'industrie européenne ? Le premier Ministre Jean Marc Ayrault, soucieux de sonner la fin de la polémique a déclaré : « Il n'y a pas que Florange » expliquant qu'il devait s'occuper de tout le monde. Ceci pour nous signifier son sens des responsabilités. Mais l'acier Lorrain est emblématique de cette industrie Française laissée à l'abandon par des politiques incapables de se projeter dans l'avenir en soutenant l'innovation et en protégeant les secteurs stratégiques. Il n'est pas ici question de nationaliser une usine de mouchoirs en papiers, il s'agit de sauvegarder le savoir-faire d'un pays et plus encore
L'acier c'est le bâtiment. L'acier c'est l'automobile, Mercedes et Volkswagen exigent la qualité de Florange et en payent le prix. L'acier c'est aussi, il faut le dire, le matériel militaire et l'armement. Qu'est-ce qui pourrait empêcher Mittal de décider demain, pour des raisons diverses, de réserver cet acier ultra résistant à des clients privilégiés ou à l'Inde. Fantasmes? Pendant que l'intelligentsia s'interrogeait sur les investissements du Quatar et ce que l'on a appelé poliment la diplomatie du carnet de chèque, Mittal s'offrait toute l'Europe de l'acier.
L'hésitation du gouvernement à nationaliser le site de Florange est comparable à la peur qui avait paralysé les dirigeants d'Arcelor face à l'OPA de Mittal à l'été 2006. Cédant ainsi et à moindre coût, les usines, le savoir- faire et le tiroir caisse. Il est trop tard pour se poser la question de la compétence de nos ex-dirigeants français à préserver notre patrimoine mais en refusant la nationalisation, le premier ministre Jean-Marc Ayrault vient de revendre une 2ème fois les ascieries Lorraine à M. Mittal.
Tous les experts le disent, le site de Florange est non seulement rentable et viable mais sa qualité est supérieure par l'expérience et le savoir-faire de ses ouvriers. Alors oui, Arnaud MONTEBOURG a eu raison de mener ce bras de fer.
L'histoire en témoigne, la nationalisation est le recours ultime en temps de crise pour épargner une activité en péril. Comment comprendre que Nicolas Sarkozy n' hésite pas à sauver les banques mais que les socialistes tremblent à l'idée de sauver l'acier Lorrain? Barak Obama, président du pays le plus capitaliste au monde, n'a pas rougi au moment de nationaliser Général Motors, sauvant ainsi l'industrie automobile américaine d'une faillite certaine. Partout les usines sont en difficultés pour la simple et bonne raison qu'elles ne sont plus dirigées pas des industriels mais par des financiers : Tout un modèle économique au service de la finance. Le candidat Hollande a gagné l'élection sur cette promesse « Maîtriser la finance ». Une phrase qui fait basculer l'élection comme le fit celle du «Gagner plus (...) ». Mais une phrase qui engage, comme une dette imprescriptible.
*Mots de Jacques Attali à propos de la carrière de Coluche