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Billet de blog 23 mai 2018

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1968, après le printemps ... l'hiver

Un jour, en rangeant des papiers, j'ai retrouvé ce texte, écrit par un copain

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La fin des désillusions

La tendresse est à marée basse

La nuit est tombée, il a plu

Sur nos feux de joies et nos traces

Dans les bois où nous n'irons plus

Où est-il, où s'est-il tari

Le fleuve rouge de nos vies

Qui dévalait les rues d'été

La ville chaude sous nos pieds ?

Ô mes copains d'une autre vie

Le temps du rêve est bien fini

A mots couverts et le dos rond

Les fous se font une raison

Ceux qui rêvaient les yeux ouverts

Regagnent leurs quartiers d'hiver

Ne parlons que pour ne rien dire

Finis les jeux trop dangereux

Le temps des paroles de feu

Les bouches qui tremblaient de rire

Ô mes copains d'une autre vie

Le temps du rêve est bien fini

Sur les carreaux d'une fermette

Vingt briques, occasion à saisir,

Il finit sa vie en carpette

Le tapis volant des désirs

On aura beau forcer les doses

ça tourne à la cuite morose

Je vous le dis c'est le regel

La fête a pris du plomb dans l'aile

Ô mes copains d'une autre vie

Le temps du rêve est bien fini

L'utopie encerclée, meurtrie,

Se rend aux flics de l'évidence

Il y a du sommeil sur la France

L'hiver sera long, les amis

Poème de Philippe Lecarme, alors professeur à Lyon (1977)

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Depuis, cinquante printemps, cinquante hivers ont passé

Bruits retentissants de retournement des vestes de quelques figures médiatiques squattant sans vergogne les plateaux télévisés.

Mais qui a raconté les cinquante années de vie silencieuse des milliers d'ex- étudiants de 68 qui, sous des formes variées, sont restés fidèles aux idéaux de leur jeunesse ?

J'en connais, beaucoup. Engagés dans le syndicalisme, les associations, les mouvements sociaux, écologiques, féministes, ou encore dans la politique de la « gauche radicale » comme on dit. D'autres, enseignants, médecins, chercheurs, avocats … ont choisi de réinvestir dans leur vie professionnelle leur désir de « changer la vie ».

Oublié.e.s de l'histoire officielle, ils/elles ont contribué à garder allumé le flambeau de la contestation de l'ordre établi.

Et aujourd'hui, Philippe, dans nos rues, les feux de la révolte continuent de brûler. 

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