Je ne comprends pas.

Je ne comprends pas.
J’ai la sensation d’être enfermée dans un donjon dont on a jeté la clé. Et comme je ne vais plus chez le coiffeur, je me transforme en Raiponce.
Non seulement on a été placé en isolement forcé, mais on n’intéresse personne, on n’existe pas.
Je ne comprends pas.
En plus, scoop : le moral joue sur les maladies chroniques. Du coup, double effet kiss cool, rien ne va.
Je comprends que la vie continue, que c’est dur pour les jeunes et les autres. Je comprends et j’entends celles et ceux qui ont mal vécu le confinement ou qui en ont tiré plein d’enseignement. Mais je ne comprends pas que notre confinement prolongé n’intéresse personne. Nous ne semblons même pas exister. Notre réalité n’intéresse personne.
Je ne comprends pas.
Les posts de @rizzo_boring sur Instagram me font un bien fou, je ne suis plus seule au monde. J’ai ressenti une immense bouffée de gratitude en voyant Pénélope Bagieu se filmer en story masquée dans la rue après l’autorisation de ne plus en porter.
Je comprends d’autant moins que notre confinement n’est pas une fatalité. Nous ne devrions pas être obligés de nous retirer du monde. On a des masques, on a du gel désormais. Il suffirait de nous prendre en compte, de nous offrir quelques espaces safe. Mais j’ai jeté l’éponge. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. C’est toujours aléatoire et c’est mal vu de demander aux autres de faire un effort. Et puis il faut toujours s’expliquer et ça fatigue. Quand c’est possible, quand on nous offre un peu d’écoute. Quand on n’est pas confronté au jugement des autres qui nous font sentir qu’on emmerde le monde. C’est plus simple de rester chez soi.
Ça ne se voit pas toujours qu’on fait partie des vulnérables, des fragiles, des immuno-déprimé-e-s, de celles et ceux pour qui la vaccination ne fonctionne pas. Dans mon cas, trois injections et zéro anticorps. Dommage, essaye encore.
Ça ne se voit pas forcément et pourtant c’est notre vie qui est en jeu. Le covid nous fait courir un risque vital, c’est aussi simple que ça.
Dans mes rêves, souvent je ne porte pas de masque et tout à coup je me rappelle qu’il en faut un. Et je n’en ai pas. Et personne n’en porte. Et je me réveille.
Avant de sortir, je vérifie que j’ai assez de gel hydro-alcoolique, assez de masques chirurgicaux et FFP2 dans ma pochette, bien rangée dans mon sac. J’ai appris à être organisée.
Je me sens moins seule quand je lis des posts qui interpellent sur la question des masques mais aussi un peu coupable. Je ne suis pas handicapée, je n’ai pas l’air malade. Avant le covid, tout allait bien, je n’avais pas besoin de parler de ma maladie. Je n’avais même pas à y penser. Avant. 
Je ne comprends pas.