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Billet de blog 18 juin 2015

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Ma déclaration du 18 Juin ou pourquoi je ne démissionne pas du PG

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A 3 semaines du congrès du Parti de Gauche, on voit fleurir dans les journaux et sur la toile un certain nombre de  messages de démissionnaires qui ont tous de bonnes raisons pour expliquer de manière fracassante (ou moins) et médiatiquement égocentrique pourquoi ils démissionnent.
Les médias qui semblent fort intéressés par ces démissions seront ils aussi intéressés par les raisons qui m'incitent à ne pas démissionner ?


La principale critique serait que le PG est l'instrument entièrement dévolu à un seul homme et de sa garde rapprochée.
Ce que je peux dire depuis le département provincial où je vis, c'est que le PG me semble plutôt être vivant de nombreux points de vue exprimés par différentes tendances. Derrière ces tendances, il y a des êtres humains avec leurs qualités et leurs défauts, leurs doutes et leurs certitudes.

Le Parti de Gauche est un parti jeune. Il est constitué de personnes venant d'horizons différents. Des démissionnaires du PS, d'anciens membres du PCF, de la LCR et petits partis de l'ultra gauche, de personnes qui se sont engagées lors des élections de 2012 et de l'espérance qu'elles ont fait naître.
L'année 2014 a particulièrement été difficile pour ces militants parce qu'elle a marqué l'éclatement de la stratégie (du Front de Gauche) de l'autonomie conquérante aux élections municipales et la stagnation lors des élections européennes  couplée à la montée du FN. L'éclatement de la stratégie a ravivé  les douleurs des anciens adhérents du PCF; l’atteinte de cette stratégie et la stagnation des européennes ont déstabilisé les nouveaux venus en politique, non préparés qu'ils étaient (que j’étais) aux revers et à ce que les gens ne nous entendent pas (alors que nous avons, nous, entendu et compris la dérive mortifère du système).


Vu de l'extérieur, le PG est dépeint comme un parti politique sans stratégie qui passe d'une marotte à une autre. L'autonomie conquérante, puis l'écosocialisme, puis le lancement du M6R, les listes citoyennes aux élections départementales. Celles et ceux qui veulent continuer à discuter avec les partis du FDG et d'autres partis (façon Isquerda Unida en Espagne ou Syriza en Grèce), les autres qui ne veulent plus de ces discussions et veulent faire ce que PODEMOS fait en Espagne (et qui voulaient le faire avant que PODEMOS existe).
Mais tout cela est le résultat de la diversité des militants du PG qui fait la richesse de ce petit parti. Beaucoup de militants sont ouverts à la discussion, à la réflexion et à la construction d'une alternative avec qui souhaite cette alternative. Pour ces militants du PG, le parti est un outil et non une fin en soi.

C'est un bouillonnement continuel avec des gens qui veulent faire entendre leur façon de voir les choses. Mais tous ces sujets évoqués comme un manque de stratégie et de vision ne sont pas antagoniques.

  • L'autonomie conquérante vis à vis du PS reste d'actualité, l'alternative ne pourra devenir majoritaire qu'à cette condition.
  • L'écosocialisme est la philosophie et le programme de fond de l'alternative (les 12 thèses ont été réfléchies et rédigées avec des personnes bien au delà du PG).
  • Le M6R est la condition de la souveraineté retrouvée du peuple pour travailler au remplacement de la cinquième république (là encore, bien qu'à l'initiative de JLM, cette structure travaille au delà du PG et innove sur son mode de fonctionnement).
  • Le plan B dans la plateforme du congrès « tout est possible » soumise à amendements dit qu'il faut prévoir et rendre crédible une sortie éventuelle de la zone Euro si la souveraineté du peuple français est remise en cause par la troïka quand « l'alternative » arrivera au pouvoir.
  • L'implication citoyenne a été cherchée et mise en œuvre lors des élections départementales par un certain nombre de militants du PG avec des militants d'autres partis, d'associations, de citoyennes et de citoyens. Forts de ces expériences, tous  ces militants et citoyens veulent continuer pour les prochaines élections régionales en y associant, en soutien, les partis politiques partisans de l'alternative.
  • Pour fédérer, être entendus et faire participer les citoyennes et citoyens de notre pays, nous devons changer nos modes de communication et le fonctionnement de notre parti comme PODEMOS l’a fait en Espagne. C’est ce que portent, entre autre, les rédacteurs de la plateforme « clarté et courage politique ».

Ce foisonnement d’idées et de volonté ne demande qu’à être mis en ordre suivant la synthèse que je viens de faire. Ce sera l’objet, et nous y travaillerons, du congrès qui vient. Nous sommes en train de construire cette intelligence collective qui décuple nos  intelligences individuelles.  

Vous comprendrez que je n'ai aucune raison de démissionner du PG et que j'invite même celles et ceux qui veulent que « l'alternative » au capitalisme financier devienne majoritaire à nous rejoindre.

Je finirai par ces quelques mots: je considère que Jean Luc Mélenchon est et reste le meilleur porte-parole de « l'alternative ». Bien sur, il a quelques défauts, mais quel être humain n'en a pas? J'estime sa sincérité, quoiqu’en disent ses détracteurs. Cependant, comme disait un représentant de Podemos sur médiapart au sujet de Pablo Iglésias, si un jour, il trahit l'ambition et la cause, je serai sans pitié pour qu'il retourne à sa vie privée.

Maintenant, les commentateurs aigris et savants vont pouvoir s’en donner à cœur joie sur le crédule provincial qu’ils ne vont pas manquer de dénoncer.

Luc Rousselot

Militant PG du Gard

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