Dans son billet « Pour une pédagogie du terrorisme », publié le 27 juillet par Médiapart, Antoine Perraud écrit :
« Lorsque la télévision s’imposa dans l’univers tout entier, surgit une modalité de l’OLP : le détournement d’avion ; au bénéfice de la libération des peuples. Aujourd’hui, avec le règne sans partage de la Toile, la férocité se réclamant de l’islamisme nous inflige ses conventions délirantes. »
J’ignore si ce rapprochement entre, d’une part le combat du peuple palestinien contre le colonialisme israélien, et de l’autre, la logique apocalyptique (ou maffieuse ?) de Daesh, est délibéré ou non. Il est en tout cas malvenu et déplacé. Le premier, quelqu’en soient les modalités et le jugement qu’on peut porter sur elles, se donne pour objectif de contraindre une puissance occupante à respecter le droit international, rappelé de manière constante par l’ONU depuis 1948 ; alors que la seconde ignore et bafoue l’idée même de tout droit autre que celui d’un Dieu dont tous les égarés du monde se disputent le privilège d’être les « élus ».
Quant aux références historiques du terrorisme, que le mot soit déjà apparu ou non, il est évidemment impossible d’en faire une mention exhaustive tant la liste serait longue.
Mais un souci d’impartialité un peu plus affirmé aurait imposé de ne pas faire abstraction de toutes les horreurs commises par l’église catholique (à commencer par ses fidèles soldats dominicains) pour imposer sa domination sans partage sur les esprits et soumettre les populations aux souverains par elle adoubés ; qu’il s’agisse de toutes ses croisades (y compris celle des Albigeois), des persécutions et des affreuses tortures commises par sa « Sainte » Inquisition (toujours pas d’autocritique connue à l’heure actuelle) et de sa furie meurtrière contre ceux qui tentèrent – en vain – de la réformer. Le massacre de la St-Barthélémy (1572) et ses 5 000 victimes (au bas mot) n’est pas, lui non plus, un « détail de l’histoire ».
L’Islam n’est évidemment pas en reste et le Coran comporte un certain nombre de versets dont les plus bornés des prêcheurs littéralistes peuvent tirer les conclusions les plus criminelles… comme d’autres du Talmud (pas mal non plus dans le genre…), ou de la Bible…. Faute de vouloir resituer ces textes (retranscrits et réécrits à plusieurs reprises) dans le contexte des civilisations antiques qui les ont inspirés, et d’admettre que les récits qu’ils contiennent n’ont aucune valeur de témoignage historique.
Mais rappelons quand-même au passage que si la prise de Jérusalem en 1099 par les Croisés venus d’occident se solda par le massacre de la quasi totalité de ses habitants : musulmans, juifs et chrétiens d’Orient… un siècle plus tard, en 1187, le sultan Salah-ed-Din laissa la vie sauve à tous les survivants du siège, lorsqu’il reprit la ville.
Quant au judaïsme, c’est aussi en son nom que ce cet avatar de l’idéologie colonialiste qu’est le sionisme et ses groupes terroristes de la Haganah, de l’Irgoun et de Stern (Lehi) marquèrent les lendemains de la seconde guerre mondiale par des attentats et des massacres répétés, inaugurant la longue liste des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par cet État qui s’est unilatéralement proclamé comme le représentant des juifs du monde entier : 1946, attentat conduit par Menaghem Beghin à l’hôtel King David à Jérusalem, 91 morts (dont 17 juifs) ; avril 1948, massacre des villageois de Deir Yassin par le groupe Stern-Lehi (Menaghem Begin), 120 morts ; septembre 1948, assassinat de l’ambassadeur de Suède Folke Bernadotte par le groupe Stern-Lehi (Yitzhak Shamir) ; octobre 1956, massacre des villageois de Kafr Kassem par le Magav (police des frontières israélienne), 47 tués dont 11 enfants….
Sinistre ironie de l’histoire, c’est à la proximité immédiate du village palestinien de Deir Yassin, rasé et dont il ne reste que quelques ruines mangées par la broussaille, que s‘élève aujourd’hui le mémorial de Yad Vashem, à la mémoire des victimes de la destruction des juifs d’Europe par les nazis.
Car si l’espoir, ou l’espérance, que certains nomment la foi, est un moteur indispensable de l’existence humaine, les religions (le culte de la nation en est une autre) en sont un formidable détournement, par leur prétention à encadrer et à régir cet espoir, et plus encore par la matière première et le prétexte qu’elles ont si souvent fournis aux idéologies et aux projets les plus criminels.