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Contrairement à sa propagande, le “programme” d'Emmanuel Macron me semble être plus le tremplin du FN, que son rempart. Cela dit, je partage sa répulsion – soudaine certes, opportune sans doute – à hurler avec les loups, son aversion, à aboyer avec la meute.
Je ne parlerai pas des accusations de viols à l’encontre de Gérard Depardieu. Je me réfugierai derrière la formule pas si sibylline, toute Ponce Pilatine, de laisser la justice de “mon” pays suivre son cours. Je connais, un tant soit peu, toute la profondeur et la bassesse de toutes nos saloperies patriarcales. Je n’en suis pas exempt. Tous ces crimes et ces délits, même si qu'un seul n'en est, en justice, condamné, n’en feront que rendre cet homme, plus répugnant, et, pour notre malheur, plus “attirant”, en corps, qu’il ne se donne déjà à voir.
Par contre, que le point de bascule de l'émotion publique, tel qu'il m'a semblé le percevoir, dans ce qui devenait, “en même temps”, un hallali et une affaire d’État, ait été ses propos, dans Compléments d’enquête, sur cette fille montant sur un cheval, m’a fait peur, puis m’a interrogé.
Ce que raconte Depardieu sur le fond, à ce moment-là, grosso modo, c’est du Freud dans le texte. Si les propos de ce monstre du cinéma sont condamnables, c’est, à la rigueur, sur leur forme, version salace/gros dégueulasse. L’on ne peut pas, pour autant, qualifier ces propos de pédocriminels ; à aucun moment, il ne souhaite se la, cela, “faire”, de quelques manières, “en” abuser, de toute l’étendue de ses pouvoirs, se l'approprier.
Il ne fait que reprendre, en quelque sorte, avec même quelque gêne, de la Sexualtheorie de Freud lui-même. Dans ses Trois essais, dont la première version a paru en 1905, l’inventeur de la psychanalyse (re)donne une sexualité aux enfants, sexualité, qu’il qualifie, last but not least, de perverse polymorphe, et pour autant, ni Bien, ni Mal, seulement nécessaire, et à chaque fois, si singulière, à notre développement.
C’est précisément là, que gît le scandale de l’analyse freudienne. Qu’il y ait un Inconscient, que nous tentions d’interpréter nos rêves, cela faisait longtemps que l’humanité s’en préoccupait. Paul l’écrivait déjà dans son épître aux Romains (7 : 20) : « Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi. »
Le scandale de la psychanalyse, c’est d’avoir révélé que les enfants ne sont pas innocents – du péché, du péché originel, du péché des origines, fonds sans fond du patriarcat lui-même : Mater certissima, Pater semper incertus ! La Mère est certissime, le Père, toujours incertain ! Ça le rend fou, l'homme, de ne pas pouvoir s'approprier. Il faut absolument qu’ils le soient, innocents, les enfants, pour que l’hom puisse vraiment les massacrer, et que leur massacre en devienne si effroyable, que n’en soit que plus grande, la gloire du Rédempteur, qui le provoque, en réchappe, et n'en finit pas de “nous” en sauver, d'agoniser sur la croix…
Nous devrions, toutes et tous, souhaiter que le féminisme, dans son juste combat pour (nous) défaire le patriarcat, n’oublie pas que l’infantilisme – la “propriété” des enfants par les parents, voire par le corps social – en fait autant partie, que le racisme, l’animalisme, et, au bout du conte, que l'hom se la raconte, le naturalisme, dont on pète de se croire comme maître et possesseur…
L'adversaire, ce n'est pas le nazisme – il est vain de tenter de convaincre les cons. La tolérance avec les intolérants, c'est l'intolérance (Karl Popper). L'adversaire, c'est le christianisme, qui, trop souvent, laisse faire, voire espère, voire adhère, dans cette folle croyance d'un post-mortem, en une jouissance éternelle avec le Père (sic)… (le Fils et le Saint-Esprit…)
La dernière fois (et, en l’occurrence, c’était la première) que l’hom a brûlé les livres de Freud, c’était en 1933 … God win, ou pas …