J’écoute les commentaires hystériques de France Inter et les bavardages convenus de France Culture sur les élections américaines. Quelques mots ou expressions clés : débats inintéressants, doigt d’honneur aux élites, la jeunesse s’enthousiasmait pour Bernie Sanders, pas de message des démocrates, faillite des instituts de sondage... Et les commentateurs de se lamenter de ce qu’on ne comprenne pas le vote populiste. D’invoquer l’impossibilité de détecter ces électeurs, qui auraient honte de se déclarer et ne se manifesteraient que dans l’isoloir, dernier endroit sans caméra de surveillance. Et les invités démocrates de constater que les dictateurs du monde espèrent la victoire de Trump et que le « trumpisme » se répand partout : Angleterre, Brésil, Europe de l'est...
Et nos journalistes de disserter gravement : pourquoi diable les couches populaires ne se rassemblent elles pas derrière la bannière des milliardaires « de gauche » et leur font elles un doigt d’honneur en votant pour un milliardaire de droite extrême ?
Résumons. Le vote populaire serait respectable s’il se conformait aux idées établies, s’il ne sortait pas du cadre que les classes dirigeantes veulent lui imposer. Votez inutile, votez pour que rien ne change, mais votez politiquement correct. Il ne suffit pas que l’élu ne change rien à votre vie, il faut aussi qu’il soit lénifiant. Vous refusez de vous conformer au schéma ? Vous êtes un populiste !
Au-delà des motivations des électeurs qui votent pour la droite dure, il y a manifestement un rejet des « élites ». Rejet de ces hommes politiques qui promettent une vie meilleure et ne font rien. Qui font la politique des riches contre les pauvres. Qui parient que pour être élus, il n’est pas besoin de programme, mais simplement de clamer qu’avec l’autre, ce sera pire.
Le choix est alors entre Joe Biden et Donald Trump. Comme disait Jacques Duclos il y a bien longtemps, entre bonnet blanc et blanc bonnet. Désertion de la jeunesse, qui se passionnait pour Bernie Sanders, le seul à ouvrir des perspectives. Participation des électeurs plus âgés qui y croient encore un peu, naïvement. Et qui, tant qu’à voter inutile, se font plaisir en votant pour le moins politiquement correct.
Vote populiste ? Le peuple semble en avoir simplement par dessus la casquette de tous ces imposteurs. La seule question est de savoir quand le peuple va se réveiller et opter pour des solutions radicales. Gageons que les révolutionnaires de 89 seraient aujourd’hui des « populistes ».