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Billet de blog 12 décembre 2020

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Les réseaux sociaux sont-ils la seule source d'insécurité pour l'armée française ?

La désinvolture des militaires français dans leur utilisation des réseaux sociaux est certes susceptible de compromettre la sécurité des opérations, comme le montre Mediapart. Cependant, il y a quelques années, c'est l'institution elle-même qui ouvrait les portes du renseignement à Microsoft. Si le ministère donne l'exemple...

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Bon, c'est entendu, les réseaux sociaux sont une mine de renseignements sur leurs utilisateurs et ipso facto, sur les activités professionnelles de ceux-ci et sur leur employeurs. En ce qui concerne les opérations militaires, c'est dommageable, évidemment. Les consignes internes d'éviter de divulguer des informations personnelles sont bien le moins que l'institution puisse faire pour garantir leur sécurité. Cependant, cette sécurité est-elle fragilisée par la seule inconséquence des personnels ?

Depuis 2004, le ministère des armées reconduit sans appel d'offre un contrat open bar avec Microsoft Irlande portant sur l'utilisation des logiciels de bureautique. Par ce contrat, les fonctionnaires peuvent télécharger sur leur poste de travail les outils bureautiques dont ils ont besoin. Le contrat est actuellement en vigueur jusqu'en 2021. Or, c'est bien connu, les logiciels Microsoft fonctionnent dans un environnement Windows truffé de portes dérobées permettant l'espionnage des utilisateurs. Microsoft ne s'en cache d'ailleurs pas, surtout depuis que ces portes dérobées ont été rendues obligatoires par le patriot act à la suite de l'attentat contre le World trade center. La NSA peut ainsi tout savoir de ceux qui utilisent des logiciels Microsoft.

Le site nextinpact raconte l'histoire de cet accord. Il remonte à 2001, quand le ministère des armées conclut un contrat global avec Microsoft Irlande pour l'utilisation des logiciels de la firme de Redmond. Cet accord cadre se prolonge en 2003 par un contrat de licence dit Select. Dès février 2005, le contrat est contesté par le rapport 455/DEF/CGA/PRB/T/JDR du Contrôleur général des armées Jean Tenneroni qui dénonce les clauses léonines de Microsoft et préconise l'utilisation de logiciels libres. Ce rapport est discuté dans la note de Catherine Bergeal, alors directrice des affaires juridiques du ministère. Notons que Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, avait approuvé les conclusions de Jean Tenneroni. Notons aussi que Jean-Pierre Raffarin avait, en mai 2004, dénoncé les gaspillages occasionnés par le choix de Microsoft au détriment des logiciels libres. Signalons aussi que les associations de promotion du logiciel libre (APRIL, AFUL...) soulignent depuis le début de cette affaire les dangers que fait peser ce contrat sur la sécurité nationale.

Pourtant, le contrat est conclu. En 2013, le Canard Enchaîné aurait rapporté dans un article (cité ici) la responsabilité de l'OTAN dans la volte-face du ministère, au nom d'une prétendue interopérabilité entre le ministère français et ses partenaires de l'OTAN qui ont fait le choix d'un partenariat avec Microsoft. La sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam peut bien en 2017 interroger Florence Parly, actuelle ministre des armées, le contrat est reconduit jusqu'en 2021.

Autrement dit, coup double pour les Américains. Microsoft engrange les bénéfices d'un contrat financièrement léonin. La NSA peut sans vergogne tout savoir de la politique française de défense.

On peut bien aujourd'hui souligner le rôle des réseaux sociaux dans la divulgation des informations. Au sommet de l'État, on fait les choses en bien plus grand.

Cette histoire me fait penser aux cris d'orfraie sur la pollution. Honte aux automobilistes ! Ils devraient utiliser leur vélo au lieu de leur gourmand SUV. Mais qui essaie de faire honte aux propriétaires de tankers dont un seul pollue autant que tout le parc automobile français ?

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