La récente inscription – par l'Union européenne (UE) – de la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes a été justifiée par la participation présumée de ce groupe dans un attentat contre des touristes israéliens qui voyageaient dans un autobus en Bulgarie.
La décision de l'UE relance le débat à propos de l'absence d'une définition internationale du terrorisme. Cette absence permet – notamment – aux États-Unis de qualifier le groupe Hamas de terroriste, tandis que cela n'est pas le cas pour l'UE. Ainsi, le terroriste de l'un peut ne pas l'être pour l'autre.
L'objectif de cette série d'articles est de répondre aux deux questions suivantes :
Pour quelles raisons les pays ont-ils autant de difficulté à trouver une définition précise et consensuelle du terrorisme ?
Les différences entre les nombreuses conventions internationales de lutte contre le terrorisme et la raison pour laquelle la recherche d'une nouvelle définition du terrorisme est une priorité pour l'Organisation des Nations Unies (ONU)
Il existe plusieurs traités internationaux de lutte contre les actes terroristes. Chaque traité aborde un aspect très spécifique du terrorisme : détournement d'avion (1970), destruction ou sabotage d'avions (1971), attaques contre le personnel diplomatique (1973) prise d'otages (1979), détournement de navires (1988), attentats à l'explosif contre une population civile (1997).
Tous ces traités possèdent un point commun : peu importe les caractéristiques de la personne qui les transgresse ou la cause qu'elle défend, elle est un terroriste selon la loi internationale. Ainsi, ces traités ne jugent pas de la justesse ou non d'une cause ni des motivations des personnes qui commettent les actes visés ; plutôt, ils déterminent la nature de certains actes afin de les qualifier comme terrorisme.
Il existe également d'autres conventions qui traitent des formes plus récentes de terrorisme : empoisonnement en utilisant des produits chimiques (par exemple : contaminer l'eau), attaques contre le personne de surveillance de l'ONU (les « soldats de la paix »), terrorisme financier (fournir l'aide financière à des terroristes)...
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'ensemble de ces conventions ne couvre pas la totalité des crimes internationaux imaginables. Le fait qu'une définition précise et claire du terrorisme n'est pas encore été élaborée laisse la porte ouverte à un certain nombre d'actes qui se trouvent à l'extérieur des définitions de ces traités. En voici quelques exemples :
Attaquer une population civile sans l'utilisation d'explosifs (par exemple : les attentats du 9 septembre 2001 de New York dans lesquels des avions ont été utilisés.). Dans ce cas, ces actes ne correspondent pas aux différentes définitions du terrorisme. Pour les attentats de New York, il s'agit sans doute de crimes contre l'humanité.
Attaques contre des trains. Un attentat contre un train dans lequel la personne impliquée n'utiliserait pas d'explosifs ne peut pas être qualifié d'acte terroriste. Même si l'attaque parvient à faire dérailler un train et à causer un nombre important de victimes, les coupables d'un tel acte ne pourraient pas être condamnés pour terrorisme.
Attaques contre des autobus. Une attaque dans lequel une arme à feu serait utilisée ou une pierre jetée dans le pare-brise d'un autobus ne sont pas des actes de terrorisme, peu importe le nombre de victimes. (Il n'est pas anodin que l'attentat commis en Bulgarie par le Hezbollah contre un autobus qui transportait des civils israéliens fut commis avec l'usage d'explosifs. Il n'est pas certain qu'en l'absence de ces explosifs, l'UE eut classé la branche armée de ce groupe sur sa liste d'organisations terroristes.)
Dans les cas cités ci-dessus, peu importe les motivations des personnes qui auraient commis de tels actes – alerter l'opinion publique pour une cause précise, défendre les droits d'un peuple, etc – elles ne seraient pas jugées comme des terroristes.
Dans la deuxième partie de cette série d'articles, nous essaierons de réfléchir sur les différentes définitions qui pourraient qualifier le terrorisme.
À suivre...