Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon porte à peu près le même cri que Georges Marchais il y a 30 ans face à un système médiatique qu'il critique. Qualifié de "populiste" de gauche selon certains, peut-il vraiment être comparé à Marine Le Pen ? Portrait satirique d'un personnage médiatique.
Il y une trentaine d'années déjà, le communiste Georges Marchais s'amusait à la provocation sur les plateaux télés avec Jean-Pierre Elkabach. La même recette faisait marchait Marchais : dénoncer le monde médiatique en se plaignant de ne pas avoir accès à l'expression.
Aujourd'hui, l'ex-socialiste Jean-Luc Mélenchon use presque de la même ficelle. Inconnu du grand public il y a 2 ans, le co-président du Parti de Gauche a réussi son plan dans les médias.
Ce même système médiatique qu'il est en train de dénoncer. Ce leader naturel a annoncé début février sur les antennes de BFMTV sa candidature pour la présidentielle de 2012 au nom du Front de gauche.
Depuis 2008, le parti que Mélenchon co-préside, le Parti de gauche, était presque inconnu sur l'échiquier politique français et se faisait attendre. Situé entre les communistes et l'aile gauche du PS, il veut se démarquer du Parti Socialiste et se situer à « la gauche de la gauche ».
Mélenchon, un déçu du PS. Déçu par toute la cacophonnie interne lors du Congrès de Reims en 2008, Mélenchon trouve aujourd'hui toutes les recettes pour se faire entendre. Là où Eva Joly porte un message politique fort, il y ajoute un goutte d'oralité étonnante. C'est un tribun des foules, ne nous le cachons pas.
A 59 ans, l'ancien trotskiste fait parler de lui pour ses dérapages incontrôlés. La langue de bois et le politiquement correct ? Oui, il les bannit de sa communication.Jusqu'à parfois insulter de « petite cervelle » un étudiant en journalisme du CFJ de Paris en mars 2010. A l'époque assez médiatisée, cette mini-polémique n'est pas la seule : le cumulard Mélenchon en a pas mal à son compte. Le cultissime Petit Journal de Canal+ lui a même demandé si ils prendraient de bonnes résolutions en 2011 : être gentil avec la personne des journalistes. Résolution promise, et tombée à l'eau cinq minutes plus tard. Le sens comique est présent chez cette homme de gauche, mais est-ce de la provocation ?
Certains médias analyseront cela comme des actes de « populisme ». Mais que veut dire ce mot, si souvent apprécié comme péjoratif ? Une dénonciation des élites, et de la « méchante Europe », responsables de tous les maux de la crise actuelle. Dans ce cas, le populisme est une bonne et une mauvaise chose. Mélenchon assume d'y être considéré ainsi dans son livre « Qu'ils s'en aillent tous ! », mais refuse une comparaison à Marine Le Pen, montrant sa rage après un dessin de Plantu pour montrer « l'ascencion des néo-populistes ». Tout d'abord, certains préfèrent le sourire de Jean-Luc que de Marine.
Lors d'un débat sur RMC par Bourdin entre les deux « populistes » le 14 février, Mélenchon a su montrer ses différences en matière de laicité et surtout d'économie et ne pas se laisser séduire le jour la St-Valentin. Insulté « d'Yvette Horner de la politique » par « Marine », montrant son sens de l'humour jusque dans les bas fonds ; l'ex-socialiste n'est pas un populiste dans l'âme. C'est un homme de gauche, et un homme qui n'apprécie guère le FMI et son dirigeant socialiste français, DSK. DSK dont le silence pour 2012 pèse pour certains. Pour Mélenchon, aussi. Sa stratégie pour 2012 dépend de lui : si il se présente, bon score ; et si DSK reste à Wahington, score plus faible ...
Aujourd'hui, ce programme du « Tous pourris » est-il crédible ? Non, il fait porter un sentiment de ras-le-bol général. A ce jeu, le Front National gagne malheureusement souvent. « Qu'ils s'en aillent tous », crie t-il dans son livre. Ce message et cette comm' de l' ancien ministre de Jospin sont-elles viables pour 2012 ? Son combat n'est pas dans cette idée populiste, mais ces idées sont intéressantes, et contestables ou pas selon les convictions de chacun. Son mode de communication va t-il desservir cette homme de gauche dans ces idées face aux médias ? A ce jeu, l'éditorialiste de France Soir, Gérard Carreyrou, journal pour les plus de 60 ans, comparait le « Qu'ils s'en aillent tous » de Mélenchon au « Sortez les sortants » de Pierre Poujade. Poujade, leader de l'extrême droite des années 50. C'est sûr, Marchais aurait répliqué : « Mais c'est un scandale ! » .