La nouvelle est mauvaise, mais pas inattendue. Sans vouloir trop amplifier ce qu'il ne l'est pas, la montée du Front National n'est pas inédite. C'est une récidive constante de la Cinquième République.
La question se pose sérieusement : comment est-ce possible en 2011 ? En 2007, le Front National obtenait 11 % à la présidentielle. Un score très faible au vu des débats et du rôle qu'ont joué les candidats, porteurs d'espoir, ce qui a amené à une faible abstention de 15%.
2010 : l'année de la renaissance. Alors que les finances du parti semblaient toucher le f(r)ond(t), un débat urgent et qui alllait bouleverser notre République : le débat sur l'identité nationale !
Depuis, Jean-Marie Le Pen a laissé lors du Congrès de Tours en janvier le rôle de présidente du parti à sa fille. Tout a soit disant changé : la communication, l'image rénovée du parti. Pourtant, selon ce quadragénaire croisé place des Carmes : « La communication et la diffusion des idées a changé . Mais elle est aussi forte que son père, elle a un talent d'oratrice ».
Ainsi soit-il … c'est surtout le comportement de certains journalistes qui a changé envers le FN et « Marine », comme ils aiment tant l'appeler. Certains oublient surtout d'appuyer que c'est une Le Pen. Mais posons-nous la question : doit-on arrêter de diaboliser le FN, ou doit-on, comme le pense Mélenchon, « réfuter les mini-propositions offertes par Le Pen » une à une. Aujourd'hui, devant la montée du FN, dire que le FN est mal ne marche plus trop, autant se tuer dans un débat presque démocratique …
Et pourtant, dans un débat, « Marine » a la recette pour séduire. Un brin populiste dans tout son sens péjoratif, elle joue aux jeu des médias et de la petite phrase. Elle se déchène contre « l'Europe libéral », et veut sortir de l'euro comme le préconise l'économiste Maurice Allais. Les propositions crédibles ? Elle n'en a pas, tout simplement. Quand elle est élue députée européenne, elle ne pointe jamais à Strasbourg... preuve que la présidente du FN n'exerce pas ses fonctions « d'élue du peuple » alors qu'elle dénonce cela. Pour les deux élus FN dans les conseils généraux, c'est pareil ! Tout le monde a le souvenir que les villes gagnées dans les années 1990 pour l'extrême droite ont été conduites à la perte. Que faut-il donc conclure ? Que le vote FN n'est pas un vote d'adhésion, mais un vote de protestation contre les partis traditionnels. Et pourtant, avec des candidats inconnus, le Front National a su séduire une partie de l'électorat ouvrier qui avait voté Sarkozy en 2007, et depuis longtemps délaissée par les socialistes. Profitant de l'abstention dans un climat général où Sarkozy parle des racines chrétiennes de la France, Guéant lache quelques phrases parasites sur l'immigration, et où Copé organise le débat sur la laicité et l'islam ; Marine Le Pen ne pouvait pas rêver mieux que de faire 15 % au 1° tour des cantonales, et près de 40 % aux seconds tours où le FN s'était maintenu. Pour ce trentenaire croisé place des Carmes, « le vote FN a malheureusement toujours existé, c'est juste le fait que les gens se désintéressent de la politique en n'allant pas voter qui provoque cela ». Analyse juste, en effet.
Mais alors, le front républicain contre l'extrême droite doit subsiter. Quand certains hommes politiques de droite comme de gauche se taisent sur la question, c'est qu'il y a un problème. Sujet tabou ? Non, proximité avec la « Marine » ! De mon simple point de vue, le Front National n'a jamais changé et reste un danger pour la démocratie. Personne n'a vraiment envie du FN. Tout le monde a envie que la cacophonie politique quotidienne se calme quelque peu. C'est tout. Le chanteur engagé de Noir Désir, Bertrand Cantat, disait à ce propos : « Mais son terreau (ndlr : du Front National), c'est [...]la corruption financière et politique, cette grosse boule de pourriture où les municipalités ont trempé[...] ».
Une autre raison de cette montée des idées de l'extrême droite dans l'opinion : le gouvernement. Qu'ils ne sont jolis ces jeux de celui qui lachera le premier une phrase polémique dans la presse … De plus,«débattre en particulier» sur une religion n'est-ce pas pointer du doigt une partie de la population et accentuer les traits du véritable problème nommé "integration" ?
Si ce billet est totalement engagé, chers lecteurs, c'est que devant la montée du FN dans les sondages, comme dans les urnes, nous nous inquiétons. Forts de vouloir nous exprimer et de vouloir un bon avenir, nous ne voudrions pas revivre un 21 avril 2002. Nous avions presque 8 ans, et nos parents nous disaient : « C'est grave ce qu'il se passe ... ».
Non, la France ne va pas toucher le F(r)ont, enfin, on l'espère !