Nous avons perdu. Quoi qu’il se passe dimanche 24 avril, le libéralisme économique et l’autoritarisme seront élus. Pourtant, quelle que soit la personne élue, elle aura la majorité du pays contre elle, et elle devra faire face, très vite, à une forte contestation. Nous devons affaiblir sa victoire et, pour cela, il ne nous reste qu’une possibilité : nous abstenir en masse. Il faut que dimanche 24 avril, le gagnant soit annoncé dès 19h00 : une abstention record, au-delà de 50%. Celle-ci empêchera le candidat élu de s’abriter derrière une quelconque légitimité électorale pour lancer ses futures réformes et ignorer les manifestations.
Nous ne devons pas voter blanc ou nul, nous devons nous abstenir. Même si nous considérons que le vote blanc devrait être reconnu et avoir des conséquences sur le scrutin, ce n’est pas le cas. Son chiffre n’est jamais annoncé dans les médias, sa proportion n’est jamais affichée dans les graphiques. Il n’est qu’une ligne ignorée dans l’annonce du Conseil Constitutionnel. Ce n’est pas respecter la démocratie et faire honneur à ceux qui se sont battus pour le droit de vote que de voter blanc : c’est se donner bonne conscience en faisant un geste qui n’a, aujourd’hui, aucun sens politique. Seul le chiffre de l’abstention compte.
Nous ne devons pas faire barrage, nous devons nous abstenir. L’expérience nous a montré, en 2002, en 2017, que ceux qui appellent au barrage décident dès 20h01 que les voix récoltées étaient des voix d’adhésion à un programme. Ils gouverneront en feignant d’ignorer que les suffrages de l’un exprimaient avant tout le refus de l’autre. Si, dimanche, nous votons pour Emmanuel Macron, nous votons bien pour son programme, quoi que nous nous disions en mettant le bulletin dans l’urne. Si nous votons pour Marine Le Pen, nous votons pour son programme. Si nous refusons les idées de l’un et de l’autre, nous devons nous abstenir.
Notre abstention est politique, et ne pourra être ignorée si elle est massive. De la même façon que nous avons milité pour un candidat, nous devons militer pour elle. Nous devons convaincre autour de nous ceux tentés par le piège du barrage, dont l’appel émane essentiellement des partis encore en lice. Nous devons manifester pour emmener avec nous les citoyens prêts à voter blanc.
Dimanche 24 avril, pas un vote blanc, pas un bulletin pour l’extrême-centre, pas une voix pour l’extrême-droite.