XVI siècle . Mishima ;une révolution arabe à la japonaise Naissance de l 'Art en temps de l 'Avent .
« La littérature est une fleur impérissable .Et bien entendu, une fleur impérissable est une fleur artificielle »©Mishima
le « Le soleil et l 'acier » , Mishima s' impose à moi comme le compositeur d' un livre d 'art qui naît sous mes yeux comme naîtrait celui dont personne n'a jamais vu le visage, le sans -papiers, celui qu 'on aime, dont on ne sait rien et qui nous tient en haleine depuis deux mille ans, à se demander si même il a foulé la terre que d' autres souillent de leur sang sans savoir pourquoi.
Si je fais légèrement cabrioler la chronologie de l 'un et de l'autre ,c'est que tous deux ont participé
volontairement à la mise en scène de leur calvaire, le premier en écartant les bras vers le ciel, le second en repliant ses bras sur son ventre ; le premier en expirant, le second en expirant aussi mais sans ardent soutien
Un jour, le premier fut prêt
à mettre à feu et à sang les annonades des médias de l 'époque ardemment nourris des marginales pernicieux asservissements de l'oracle de Delphes. Depuis je n 'ai cessé de lui parler, de le tutoyer même, convaincue d' avoir passé une partie de ma vie à ses cotés en parfaite osmose, finissant même par le peindre .Tous les blessés les humiliés , les faibles de la terre lui parlent comme à un frère bien
Le second est un réglo,origine connue, artiste célèbre , portrait officiel , Madame Marguerite Yourcenar en a même fait une œuvre littéraire qui , soit dit , en passant, n'étant pas une artiste elle même l 'a regardé avec les yeux de la raison .
L' un , phagocyté par les mots ,aveuglé par un soleil où Dieu est absent, témoin érotisé sur les pas du sacrifié par anticipation, allaite avec une disposition naturelle et une assiduité due à mille ans de tradition sa démarche vers la mort déjà vécue à la fin de la premièrePAGE
Il nous arrache à un matin de printemps pour nous admettre dans
une twilight zone, une dimension différente de celle de l 'homme abouti . . « Ma mémoire des mots a nettement antécédé ma mémoire de la chair ».Une action de la mort par l ' intérieur, une pathologie des mots qui étripent le sens des mots dans un décalage de deux mémoires .Le danger dans le danger de la longue durée de la méditation .Les mémoires d' un nageur de combat dont les écailles d'or perdirent leurs couleurs éclatantes singulières parce que, enfin , un jour il manipula le vocable impressionnant : sepukku .
L'autre,nomade aussi , innommable par avance, roi des sables sans en avoir le moindre grain, agité par les muses de mer des orgies des temps anciens, réanimant les morts et les moitié-morts , ne disposant que de deux mots le premier : rarement, le deuxième ,alors; dans les deux cas, pas une réponse ne fut comprise donc la lumière clignote toujours !
Dans les moments de grâce que Mishima eut dans sa vie aucun ne fut aussi puissant que celui du « petit garçon qui regardait les jeunes gens porter en cortège les châsses mobiles par les rues , lors de la fête locale religieuse ».
Dans la petite enfance du Christ , rien à signaler .
Dans ses moments de magie, le second eut la bonne idée de ne ja
mais marcher ailleurs que dans des chemins creux, muni de sandales de cuir et sans lanières, ce qui fit dire à ses compagnons : on est manipulé par un champion du décathlon , mais nous ne nous comparons ni à un confère ni à une page de roi car il est marginal et sans défenses .
Dans les normes de la magnifique composition « Le soleil et
l 'acier » le double de lui même eut le mauvais goût de souligner le mot « norme » comme si le je était un essai de sublimation du moi sans le je, perception qui fut une grâce monastique alliant le doute de sa propre pureté à la pureté même des mots dans le sens spirituel des deux mots « beauté » et taciturnité ».
Menant sa rêverie aux confins de la question de la chair , comme Jean , celui de l 'Apocalypse , Mishima implose progressivement dans une lumière de petits noyaux de compréhension imitant le génial apôtre imaginaire décrivant les montagnes de la lune
, les trompettes d e la Samaritaine et miracle! Il put se découvrir en amant de la Chine éternelle ; mariant le sexe et la maladie
d'amour, la mort et la souffrance, le mot et le jour de la mort, un magnifique entretien avec un Dieu de l 'amour et un aparté avec soi -même …..Mishima errant de part et d'autre du milieu d' un centre judéo -chrétien au centre d' un milieu bouddhiste réalisant dans une amère géométrie existentielle que l 'aménité du corps se mérite dans la transcendante initiation de l 'acte sacrificiel unique même si toi et croix n 'ont eu aucun entretien privé .
Pendant les cinq dernières minutes
qui paraissent chacune unique, menant à la fantasmagorique unicité de la mue du je en jus de raisin divinisé par un Christ en habit de nippon , Mishima réalisa la miraculeuse phase de la troisième heure : all is done .
Tel fut ce traité sur l 'art où en cent vingt pages Mishima le parfait artiste dessine le fameux dragon -nuage , dont il va prendre la forme dans une spirale montant « vers les cieux étoilés » pour se positionner face au lecteur en dégainant l'acier de son étui de cuir .
Oui , Mishima est l ' homosexuel du XVI siècle prêt
à expérimenter la souffrance liée à la jouissance « où seuls les corps placés dans les mêmes circonstances peuvent connaître une souffrance commune » .
Ma raison fut amochée pendant cette lecture, car par respect pour l 'auteur, j'en fis un métier de décryptage de chaque ligne à la manière d' un scribe peureux d' égarer un signe du maître magicien des manipulations de la souffrance et de la jouissance de son corps
Je rejette cependant la magnanimité du poids de l 'image
sanglante, dure, que l 'artiste Mishima adopte mécaniquement par effraction avec la même condition que le Christ menant un homme au soleil, soleil quinze fois cité dans deux page méritant la beauté physique à travers la mort :…...soudain c'est moi qui me trouvait posséder la beauté physique …..mais donnant le rouge à la couleur de sa folie .
« Pourquoi , quand ont été strictement calculés
L'équilibre et le vol au mieux de la raison ,
Pour bannir l 'élément échappant à la norme ,
Pourquoi , même en ce cas, l 'élan vers les sommets
Doit -il paraître , en soi côtoyer la folie ?»
Aventure de la partie engluée d' un conscience européenne qui me laisse encore interdite de raison par le geste d' éventration qui donne accès à la Lumière ; un corps d' homme a joué un rôle de support dans l ' histoire d' un roman alors qu ' autre corps a joué le même rôle dans le monde , piratant ainsi avec deux mille ans d'avance la première partie du dernier chapitre de« Le soleil et l 'acier ».