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Billet de blog 15 janvier 2024

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Mal-logés : l'épuisement des associations, un podcast « coup de poing »

Dans un podcast en forme de coup de poing, l’artiste Catherine Perrocheau donne à entendre l’immense lassitude de ceux qui au quotidien accompagnent les sans-abris, confrontés à leur impuissance grandissante face à l’abandon des pouvoirs publics.

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« Faut voir ce que vivent les gens qui vivent à la rue et dans les bidonvilles  (…) on peut difficilement se représenter… des fois y’a des visites qui dépassent l’imagination », souffle Florie, salariée à l’Alpil une association lyonnaise qui accompagne les personnes confrontées au mal-logement.

Le podcast commandé par l’association à l’artiste Catherine Perrocheau est un document sonore d’une rare intensité sur des personnes qu’on entend très peu : celles qui, quotidiennement, aident les sans-abri et les mal-logés dans leurs démarches pour trouver un toit.

Pendant deux mois, Catherine Perrocheau a suivi ses salariés a accompagné les salariés de l’Alpil dans les permanences juridiques, lors des maraudes et dans les interventions dans les squats et les bidonvilles.

Alors que la crise du logement fait rage, elle fait parler ceux qui ont souvent le sentiment de ramer à contre-courant de politiques publiques qui se sont désengagées de la question.

Après neuf ans d’engagement au sein de l’association, Marion qui travaillait à la mission « squat-bidonville » raccroche, épuisée. Florie continue à travailler mais reconnait que tout cela « l’entame ». Mois après mois, il devient de plus en plus difficile de trouver la moindre solution aux familles à la rue.  surtout quand elle constate son impuissance.

 « C’est un coup de poing dans le ventre », admet Catherine Perrocheau frappée par le nombre de femmes et d’enfants qu’elle croise dans des abris de fortune.

La parole des salariées de l’Alpil lui semble importante. « J’ai été touchée par ces femmes hyper sensibles et très humaines qui avaient un propos très politique. Très vite j’ai proposé de les suivre elles », raconte la metteuse en scène formée à l’anthropologie. « Le thème central c’est l’écoute. Je voulais rappeler que prendre soin c’est politique », assure celle qui a fait des mises en scènes sur le travail des soignants à l’hôpital.

Des quarante heures d’enregistrement elle a tiré un podcast d’une trentaine de minutes où se dessine le drame des mal-logés et l’épuisement de ceux qui les accompagnent.

L’idée de faire un poscast sur ce sujet a germé chez les salariés de l’Alpil au moment où la loi anti-squat était en train d’être discutée à l’Assemblée nationale. « Il y avait une forme de sidération devant ces débats sur le squat », raconte Sarah Folléas de l’Alpil.  

 « On voulait raconter la réalité de ces personnes qui sont souvent des familles avec enfant qui cherchent à se mettre à l’abri loin des clichés médiatiques sur les squatters véhiculés par les médias », poursuit-elle.  « Plus encore que des images, le podcast vient parler de l’intime et rentre dans l’intime. Il y a une finesse dans l’objet radiophonique qui nous plaisait ».

Ce podcast réalisé par Catherine Perrocheau et mis en musique et mixé par Marion Julien a été présenté une première fois à l’occasion de la Biennale de l’hospitalité organisée par la Métropole de Lyon et les villes de Lyon et Villeurbanne, à l’automne 2023. Il a été produit par l'association Alpil avec le soutien financier de la ville de Villeurbanne et la Fondation Abbé Pierre. 

Il est en accès libre sur Mediapart toute cette semaine.