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Billet de blog 1 mai 2025

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Un choix cornélien.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Incontestablement, Fabien Roussel passe bien à la télévision ! Comme il y est souvent invité, le secrétaire national du PCF maîtrise de mieux en mieux l’exercice, avec aisance et naturel.

Les journalistes en tiennent compte et en général font preuve de bienveillance, ce qui est loin d’être toujours le cas.

C’est aujourd’hui un atout tant les médias ont pris de l’importance dans l’activité politique.

Il peut même rendre accessibles les 5% d’influence nationale à la prochaine élection présidentielle. Bien des adhérents fêteraient dès lors légitimement l’évènement.

Champagne ! Doubler son influence après l’avoir vue depuis si longtemps s’effondrer serait pour tous en effet un évènement considérable qui aurait des répercussions sur les résultats des élections législatives qui suivront.

Il suppose bien sûr, pour pouvoir être mesuré, une candidature communiste à l’élection présidentielle qui vient, portée par celui qui réussit si bien à la télévision, Fabien Roussel.

Certes, en matière électorale, rien n’est jamais acquis d’avance. Le mode de scrutin présidentiel a ses logiques qui n’ont pas été concoctées pour favoriser les opposants au pouvoir en place, c’est le moins que l’on puisse dire.

Dès le premier tour, l’électeur est poussé à choisir entre un vote dont il considère qu’il sera à ses yeux utile ou inutile.

Utile à quoi ? A la victoire de celui ou celle qu’il espère voir gagner au second tour. C’est ainsi que de moins en moins le vote du premier tour porte sur un projet de société et plus sur la volonté, dès le départ, d’écarter la candidature d’extrême droite.

C'est une réelle difficulté pour les formations qui entendent privilégier le contenu d'une politique plutôt que le casting d'un candidat.

L’électeur sera spontanément tenté de se donner le plus de chances d’y parvenir en accordant son vote à la candidature dont il estime qu’elle est la mieux placée. Plus le danger d’extrême droite est grand et avéré, plus le phénomène est efficace.

C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a pu être élu et réélu pour deux mandats présidentiels sans jamais rassembler une majorité d’électeurs sur un programme qu’il s’est dispensé de leur présenter. La crise politique profonde que connaît le pays trouve là une de ses causes majeures.

Une candidature communiste ne contribuerait en rien à la résoudre, bien au contraire.

Quand les composantes du Nouveau Front Populaire sont d’une telle faiblesse électorale, affronter divisées l’élection présidentielle ne laisse pratiquement aucune chance d’atteindre le deuxième tour.

L’électorat progressiste le sait. Sa déception serait telle que beaucoup viendraient renforcer encore l’abstention. Tous les mécanismes précédemment décrits se trouveraient renforcés. Ce qui éloignerait à la fois la perspective d’atteindre les 5% espérés et abandonnerait à une droite radicalisée et à l’extrême droite trumpienne le privilège de se disputer la présidence d’une des nations qui siègent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Avec des pouvoirs plus importants que ceux dont dispose le président américain.

Situation cornélienne qui conduit les adhérents du Parti communiste français à devoir choisir entre ce qu’ils peuvent considérer comme étant l’intérêt de leur parti et l’intérêt général.

Elle n’est pas nouvelle et pas propre aux communistes. C’est même un handicap majeur de l’engagement partisan tel qu’il est conçu aujourd’hui.

Lors des dernières élections présidentielles et européennes, la majorité des adhérents communistes ont choisi ce qu’ils estimaient être les intérêts de leur parti. Les adhérents des autres partis du NFP ont fait des choix similaires. Au PCF, une minorité, dont je fais partie, a préféré privilégier ce qu’elle considérait être l’intérêt du pays et de la gauche.

Pour contribuer à dépasser cette contradiction, encore faut-il en avoir l’ambition en analysant honnêtement, avec esprit de responsabilité, sans vaines polémiques, les conséquences des choix opérés.

Avec l’objectif, s’ils étaient appréciés comme négatifs, ce qui est mon opinion, de ne pas les reproduire.

A toutes, à tous, bon premier mai !

Sous le soleil, en famille, quel bonheur que la fête des travailleuses et des travailleurs !

Elle est encore bien meilleure quand elle est unitaire.

(A chanter dans les manifs)

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