Un beau matin, un jeune ministre aux dents qui rayent le parquet, décide, seul, pour faire parler de lui, d’interdire ce qui jusqu’ici était autorisé.
Question gravissime qui concerne quelques dizaines d’établissements scolaires en France. Grave question pourtant qui vient ajouter de la discrimination à la vie de jeunes filles qu’elle n’a pas épargnées jusqu’ici. Ce qu’elles éprouvent avec la privation de la liberté de choisir comment se vêtir, les bonnes âmes s’en fichent. Ces jeunes filles se sentent, bien que françaises, parce qu’elles ont la peau un peu plus mate que leurs copines, une fois de plus stigmatisées.
Avez-vous entendu ces copines se plaindre ? Non !
Ma fille est une d’entre elles qui a encore pour amies ces parias qu’elle a fréquentées des bancs de l’école maternelle à ceux de l’Université, pour l’essentiel en Seine-Saint-Denis.
Notre ministre a d’autres chats à fouetter. Il est pressé et regarde déjà du côté de l’Elysée. Au moins deux concurrents ont pris de l’avance sur lui. Le premier en trouvant la fasciste propre sur elle trop molle. Le second, qui a réussi à devenir le chef du gouvernement que le premier voulait être, est venu déclarer sa flamme dans « L’Express » sur un sujet unique : l’immigration !
Fabien Roussel va courageusement l’affronter à la Fête de « L’Humanité ». J’ai le mauvais pressentiment que le secrétaire national de mon parti ne le lui rappellera pas. Allez donc savoir pourquoi.
Notre jeune loup, qui a en charge la formation de nos enfants, a choisi comme entrée en matière un vêtement féminin au nom arabe. Il a un retard à combler, alors il met le paquet : le sexe, l’origine et la religion. De quel droit décide-t-il que le dit vêtement, soudainement, afficherait ostensiblement une opinion religieuse ? Aucun.
Les autorités musulmanes affirment même le contraire mais notre République laïque, très légitimement, ne donne pas force de loi à leur opinion. Qui en a le pouvoir ? Le Conseil d’Etat qui, seul, peut dire si l’abaya tombe ou pas sous le coup de la loi de mars 2004. Chacun peut avoir un avis sur la question et personne depuis un certain temps ne s’en prive. Les micros ont été tendus comme chaque semaine sur un thème différent, soigneusement sélectionné depuis le Palais présidentiel, parce qu'il a un fort potentiel de division de la Nupes, l'ennemie à abattre.
Le ministre aussi a parfaitement le droit d’avoir son opinion, mais il lui est interdit d’en faire une loi s’il n’y a pas été autorisé par un arrêt du Conseil d’Etat. Pour occuper, comme ses camarades, une case privilégiée de l’extrême droite, il enfreint allègrement l’état de droit. A la discrimination, à la stigmatisation, à la diversion, il ajoute l’arbitraire. Il déroule le tapis rouge qui peut conduire au pire, comme en Italie.
Il m’est intolérable que parmi tous les soutiens qu’il a reçus, il y ait celui de Fabien Roussel, le secrétaire national de mon parti. Je parle ici de soutien à ce ministre dans l’exercice de ses œuvres, pas de celles et ceux qui partagent son point de vue qui n'est pas le mien.
La preuve : j’ai salué la rigueur intellectuelle de Sophie Binet, secrétaire de la CGT, qui ne propose d’appliquer les dispositions de la loi de 2004 que si les conditions nécessaires en sont réunies. J’invite à écouter attentivement sa déclaration. Le replay est sur ma page.