Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

557 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 février 2022

Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

Bolloré voudrait que le sinistre Z devienne président ? Mon oeil !

Jusqu'ici, le piège mis en place par François Mitterrand en 1981 a interdit que droite et extrême droite gouvernent ensemble.

Lucien Atencia

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qui peut croire que l'objectif de Bolloré est que le sinistre Z devienne président. de la République ? Cela n'a pour lui aucun sens et est pourtant véhiculé par la quasi totalité des médias.

Au nom d'une partie de l'oligarchie, plus traditionaliste que moderniste, il utilise cette candidature pour tirer toujours plus la droite vers son extrême tandis que l'habituelle candidate d'extrême droite, se dédiabolisant, perd en efficacité pour y parvenir et se heurte à un plafond de verre infranchissable.

Jusqu'ici, ce dernier a interdit que droite et extrême droite gouvernent ensemble permettant au piège mis en place par François Mitterrand en 1981 de continuer à diviser la droite.

Emmanuel Macron, en menant la politique économique et sociale que les milieux patronaux attendaient depuis si longtemps, en rajoute une couche qui vient menacer l'existence même du Parti républicain.

La ligne rouge dressée par Jacques Chirac n'y change rien, bien au contraire. Outre qu'elle ne permet pas d'élargir les bases sociales et culturelles de la droite, elle devient plus perméable si le souvenir de la collaboration de l'extrême droite avec Pétain et l'occupant, celui de l'attentat contre le général de Gaulle perdent en efficacité.

S'ils s'estompent au fil des ans, et Z s'emploie à les banaliser, tout devient possible. Du moins est-ce ce que pensent Bolloré et les forces qu'il représente, soucieuses de la fragilité politique à leurs yeux du télé-président-candidat.

En effet, les institutions de la Ve République, leurs aménagements successifs, permettent aujourd'hui d'accéder au second tour de l'élection présidentielle si l'actuel locataire de l'Elysée ne rassemble que le quart des votants, si ce quart n'est valorisé que par une abstention en hausse, l'absence d'une alternative crédible mobilisatrice et si l'électorat d'extrême droite se divise en deux parts sensiblement égales.

Beaucoup de conditions certes mais qui sont capables pour la première fois d'être réunies et ainsi permettre à Valérie Pécresse, la candidate de la droite, d'accéder au second tour car beaucoup des idées qu'elle véhicule taraudent depuis un bon bout de temps la société française.

Il y a plus de trois ans, j'écrivais ici que "la France est un des pays de l'Union européenne dans lequel les conceptions d'extrême droite ont atteint le niveau le plus élevé et avec le plus de constance".

Nombreux sont ceux qui n'en prennent conscience qu'aujourd'hui alors que, de barrage en barrage et avec une ligne rouge chiraquienne, notre pays se retrouve avec deux candidatures d'extrême droite pour le prix d'une, chacune atteignant dans les sondages des scores plus élevés que celui du candidat de gauche le mieux placé !

De ce côté là, plus on est faible plus est recherché le meilleur moyen de le dissimuler avec des martingales politiciennes. Aucune ne parviendra à surmonter la cause principale d'une faiblesse historique : la crise d'identité à laquelle sont confrontées les deux formations politiques qui, unies, incarnaient une perspective de progrès pour le monde du travail et de la culture, le parti socialiste et le parti communiste qu'aucune autre force ne parvient à remplacer, qu'il s'agisse des Insoumis ou des écologistes.

Crise qui ne date pas d'aujourd'hui ni d'hier mais qui a atteint son paroxysme avec le quinquennat du "pourfendeur de la finance", François Hollande, au point de lui interdire de se représenter et de nous laisser Emmanuel Macron en héritage.

Des questions d'égos et de désunion sont remises sans cesse sur le tapis alors que la désunion est la conséquence d'une faiblesse qui empêche que prenne corps une dynamique électorale que seul l'espoir d'une gagne possible pourrait susciter. Mission impossible en moins de 70 jours.

En avoir pris conscience est loin d'être devenu une idée dominante dans une gauche rabougrie, en manque d'un projet transformateur digne de notre époque pour faire face aux enjeux colossaux qu'elle doit affronter ! Elle n'en retrouvera le chemin qu'en faisant preuve de lucidité sur elle-même, sûrement pas en tentant de ressusciter un passé définitivement révolu qui n'était pas empli que de jours heureux, loin s'en faut. Sinon, de ce côté là, implosion et disparition peuvent définitivement tourner la page.

Quant à Valérie Pécresse, si elle parvient à atteindre le second tour, elle devra dès lors rassembler son électorat du premier tour et ceux des deux candidats d'extrême droite pour espérer l'emporter. Emmanuel Macron dans ses pire cauchemards n'avait pas imaginé un tel scénario.

L'élection présidentielle de 2022 constituerait une étape de poids vers l'objectif poursuivi par Bolloré et son fusil à deux coups, avec pour figure de proue la nièce Le Pen qui de longue date en a adopté la posture.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.