L'explication tient peut-être aux profondes divergences révélées sur les réseaux sociaux par les commentaires que postent des militants communistes.
Les uns considèrent que Mikhaïl Gorbatchev, avec la perestroïka, a tenté courageusement de réformer un système qui, en niant les exigences de démocratie et de libertés, conduisait le pays à son effondrement. Ils expriment les espoirs qui ont été les leurs quand le processus a été engagé et attribuent, pour l'essentiel, son échec au retard pris à le mettre en oeuvre et à l'absence de soutien de la population.
Les autres attribuent à Mikhaïl Gorbatchev et aux pressions de l'Occident la responsabilité de l'effondrement de l'URSS qui aurait donc été sur la bonne voie. Ils disent qu'ils ont vécu la perestroïka comme une trahison de leur idéal révolutionnaire et qu'ils le pensent encore.
Radicale opposition qui touche à la conception même qu'ont les militants du parti communiste, aujourd'hui, du communisme. Parmi les adhérents qui ont voulu que Fabien Roussel remplace Pierre Laurent à la responsabilité de secrétaire national afin que renaisse l'identité communiste à leurs yeux disparue, on retrouve, ensemble, les deux conceptions réunies. Ce qui peut expliquer qu'il n'est pas simple de trouver sur le sujet une expression commune.
Si on considère, comme moi, que le déclin que connaissent les partis communistes dans le monde tient beaucoup au fait que les populations les assimilent à la caricature de communisme menée en son nom au XXe siècle, notamment en URSS et aujourd'hui en Chine, on mesure combien une métamorphose publique du PCF serait nécessaire avec un choix clair de la conception du communisme qu'il propose à nos concitoyens et dont il parle si peu.
La page n'est pas blanche car de nombreux philosophes dans le monde et en France, dans le sillage de Marx et Engels, travaillent et s'expriment sur un sujet existenciel que d'anciens dirigeants communistes ont voulu traiter sans y parvenir comme d'autres s'y efforcent actuellement.
Sa situation interne ne pousse pas le PCF à le faire alors que l'incapacité du capitalisme à affronter et résoudre les immenses contradictions qu'il génère, fait grandir la conscience qu'il faut, ici et maintenant, d'urgence dépasser ce type d'organisation de la société qui, aujourd'hui, met en cause le devenir même de la civilisation.
Ce que Emmanuel Macron a exprimé en ces termes devant la Conférence des ambassadeurs : "Notre système est profondémént remis en cause...Il faut regarder avec lucidité, même si la réalité est cruelle pour nous, et sans pour autant nous affaiblir nous-mêmes, la situation dans laquelle nous sommes. L’ordre économique, le capitalisme ouvert, libéral, qui était une force, qui je crois, le demeure, et qui avait permis de sortir tant de millions de citoyens du monde de la pauvreté, s’est déréglé. Et la confiance dans celui-ci n’est plus la même, dans notre pays et à l’international. C’est une réalité."
Si les choses ont rarement été dites aussi clairement, c'est que pour lui et sa classe sociale, le temps presse.
Pour le monde du travail et de la création aussi !