La conception de la politique qui domine actuellement en éloigne de plus en plus les citoyennes et les citoyens. C’est un fait alors que leur vie, celle de leurs proches, leur présent, leur avenir, le devenir du pays, la marche de l’Union européenne et du monde, que la politique prétend traiter, devraient en faire les principaux acteurs, il n’en est rien.
Cette situation, si elle devait perdurer, rend illusoire toute transformation progressiste durable de la société capitaliste et impossible un processus démocratique de son dépassement, qu’on le nomme communisme ou autrement. Le capital la cultive constamment puisqu’elle empêche d’abord les catégories sociales les plus nombreuses et qui souffrent le plus, qui ont donc le plus intérêt à se rassembler pour passer à un niveau supérieur de civilisation, de prendre conscience qu’elles en ont la force et le pouvoir.
C’est là une question décisive, de grande actualité, qui ne se résoudra pas d’un coup de baguette magique tant est grande la prise de distance et la méfiance des milieux populaires à l’encontre de cette conception dominante de l’activité politique.
Quand le monde du travail et de la création aspire tant à son unité pour faire face aux crises sociale, démocratique, environnementale, culturelle et morale qui l’assaillent, quand il estime que son union et son rassemblement, sur des projets qui changent sa vie, sont indispensables pour remporter les prochaines élections européennes et présidentielles, il a le sentiment qu’il ne lui reste que les yeux pour pleurer quand il constate que la politique ne l’écoute ni le respecte.
Plus précisément, les partis politiques qui avaient ses préférences. Ce monde du travail n’a donc pas conscience de sa puissance et de sa capacité, s’il est rassemblé, à soulever des montagnes.
Si ces partis politiques continuent prétendre monopoliser la vie publique, ils perdront le peu de crédit qui leur reste. En effet, en apparence paradoxalement, la méfiance, chez un même individu, cohabite avec une aspiration à maîtriser son destin. On l’a bien vu avec le passage en force de la réforme des retraites qui a conduit, pour la première fois, de nombreux citoyens et citoyennes à contester le caractère antidémocratique des institutions de la Ve République alors qu’elles sont défendues par la quasi-totalité des partis.
Ceux de la Nupes doivent comprendre que la société attend d’eux un renversement de leur rôle. Le passage de machines électorales qui demandent au peuple de se rallier aux mêmes dates à leurs panaches blancs respectifs, à des organisations démocratiques qui mettent leur énergie et leur créativité au service de l’implication populaire à l’activité politique et pas que le jour d’un vote.
Ce processus, il faut que les partis de la Nupes l’enclenchent rapidement pour qu’il devienne le terrain entre eux d’une saine émulation qui vienne se substituer à celui des querelles, invectives, mensonges et injures qu’ils affectionnent tant et qui scie la branche sur laquelle ils sont assis.
Cette révolution copernicienne, si elle s’accompagne d’une recherche permanente des conditions de l’union qui permet de gagner, offrirait, aujourd’hui, la perspective d’envisager une victoire aux conséquences transformatrices durables dès les élections européennes de 2024 et l’élection présidentielle de 2027.
Quelle chance d’avoir su conserver en France un quotidien, « L’Humanité », de sensibilité communiste dont la direction est légitimement soucieuse de lui préserver son indépendance à l’égard des puissances d’argent et des partis politiques ! Le développement de la démocratie ici proposé lui confèrerait des responsabilités accrues mais aussi des possibilités importantes de développement.
Certes, ce processus démocratique inédit a besoin de temps et de tâtonnements pour s’installer définitivement mais en donner le signal dès maintenant ouvrirait la porte à une dynamique populaire elle aussi inédite.
J’en ai la profonde conviction.