La sidération est mondiale depuis que s’est déroulée dans le bureau ovale de la Maison Blanche une pièce de théâtre qui s’est achevée en tragédie.
Son caractère historique et paraît-il imprévisible en constituent la force propulsive.
Je les conteste depuis vendredi soir.
Bien sûr, tout dépend de quel point de vue on se place.
Je n'ai vu dans ce spectacle mondial aucune improvisation. Le déroulement en avait été minutieusement préparé. Les quatre acteurs principaux ont parfaitement interprété leur rôle et atteint leurs objectifs.
Je veux parler des deux Présidents, du vice-Président et du journaliste qui a allumé la mèche. Sans sa question, la sidération mondiale que nous vivons n'aurait pas eu lieu et le scénario n'aurait même pas été nominé aux Oscars.
Donald Trump, avec la brutalité nécessaire, est désormais l'allié de Vladimir Poutine, le doute n'est plus permis. Dès sa première vigoureuse poignée de mains et sa remarque sur la tenue de son invité, le dénouement de la pièce était connu.
Son vice-président a très bien montré que ce n'était qu'un début.
Quant à Volodymyr Zelensky, acteur de profession, avec, à la fois, la modestie et la pugnacité indispensables, il a parfaitement incarné la résistance héroïque de son peuple et de sa jeunesse.
L'humiliation qui les menace tous et à laquelle ils vont désormais s'efforcer d'échapper tient en une seule question. Elle leur sera d'abord posée en Ukraine et en Russie puis partout dans le monde : "Tout ça pour ça ?".
Ce "ça-là" est particulièrement lourd et accusateur. Un million de morts et de blessés ukrainiens et russes, des générations sacrifiées, des destructions massives, un nouveau Yalta imposé, des institutions internationales bafouées, les fauteurs de guerres récompensés, l'Union européenne militarisée, la lutte contre le réchauffement climatique abandonnée...
Tous ensemble, allons-nous préparer la lutte finale contre la Chine ? Allons-nous encore longtemps ignorer que ce chemin vers l'apocalypse est celui qu'ont choisi les oligarques pour surmonter la crise de leur système, le capitalisme dans sa phase actuelle ?
Les discours contre la montée des fascismes, ceux pour la paix au Proche Orient et les droits des Palestiniens, pour l'égalité, la justice et la paix resteront vains tant que ce seront ces oligarques qui écriront le scénario et que les peuples n'auront qu'à siffler ou à applaudir le spectacle offert.