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Billet de blog 3 avril 2025

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En sortir par le haut.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En politique, chacun, alors que la crise est particulièrement grave et dangereuse, a pour premier réflexe d’adopter une posture dont il estime qu’elle est favorable aux objectifs personnels qu’il poursuit avec son parti.

J’ai beau cherché, je ne perçois aucune exception.

Voyez le Rassemblement National, coupable et lourdement condamné pour avoir commis des délits d’une extrême gravité. N’a-t-il pas organisé un système mafieux de détournement de fonds publics ?

Certes, le parti d’extrême droite n’est pas le seul mais il a l’exclusivité d’avoir bénéficié de bien des complicités dans son ascension vers le pouvoir. Des complicités pour crédibiliser qu’il aurait changé, que la fille ne serait plus fasciste comme l'a été son père !

Des complicités aujourd’hui pour crédibiliser que sa cheffe serait la victime du pouvoir des juges.

Devenu le premier parti de France, il croit que tout lui est permis. Ses dirigeants se pensent intouchables. Les magistrats n’ont voulu que les détromper et mettre un terme à leurs pratiques fascisantes.

Que dire de ceux qui se drapent d’honorabilité en clamant à tout vent :

« La loi, rien que la loi, toute la loi ! ».

Tous se réfèrent à une constitution qu’ils ont copieusement violée au point de voir celui chargé de garantir son respect s’assoir sur les résultats électoraux.

Ces institutions n’ont-elles pas produit un des régimes les plus personnels de la terre ? N’ont-elles aucune responsabilité dans la profonde crise politique, démocratique, morale et sociale que connaît le pays ?

Les magistrats, comme tout un chacun, ont des points de vue différents sur la constitution et sur les lois mais ils respectent la première et appliquent les secondes.

Est-ce à dire que la justice serait indépendante ? Comme tout le reste, elle n’a pas la capacité de s’extraire de ce qui domine dans la société dans laquelle elle s’exerce. Or, le capitalisme, par essence, est profondément injuste. Les juges ont beaucoup de mérite quand ils résistent à cette tendance lourde.

Il est odieux et extrêmement périlleux de les menacer, de devoir les protéger parce qu’ils font ce que l’on attend d’eux.

Alors que tous les partis politiques devraient ensemble dire :

« Dès lors que le RN a été pris la main dans le sac, que la justice a amplement démontré la réalité, la permanence et la gravité des délits, qu’il a eu la capacité de se défendre, il doit être condamné à des peines à la hauteur des infractions commises et il doit l’accepter ».

Ce n’est pas le cas et donc peut triompher la loi de la jungle, celle du plus fort, à l’œuvre aux Etats-Unis.

Il est significatif que le débat public occulte cette réalité et ne se situe désormais que sur le terrain choisi par les coupables pour la nier.

Significatif d’une conception de la politique qui ne cherche pas à transformer pour davantage d’humanité, trop occupée à reproduire l’existant à bien des égards insupportable.

N’est-ce pas la Cour d’appel qui, face aux risques de troubles publics, prend la responsabilité de permettre aux condamnés par la juridiction de première instance d’aller au bout de leurs possibilités légales de recours ?

Effectivement une bonne nouvelle puisque réparant ce qui relève de la responsabilité de la politique, la misère de l’appareil judiciaire et les imperfections d’une loi.

Immédiatement, ces magistrats deviennent des complices du RN !

Comme d’être sensibles au sort et à la cause des Palestiniens fait de vous des complices antisémites du Hamas.

Ou encore qui vaut aux pacifistes d’être accusés d’en pincer pour Poutine.

Ces inversions des valeurs, de plus en plus banales, sont devenues des poisons mortels pour la civilisation. C’est dire la misère du débat public, de la politique et donc de la démocratie.

Le fond des problèmes, leurs causes, les contradictions qui les génèrent sont soigneusement dissimulés. Place aux apparences et au bon sens !

Que pensent nos concitoyens de tout cela et surtout comment pouvons-nous ensemble sortir par le haut d’une situation qui ne cesse de se dégrader ?

Tels qu’ils sont, les partis politiques ne contribuent pas à ce que les citoyennes et les citoyens puissent enfin devenir les principaux acteurs de leur destin qui, s’il est singulier, n’en est pas moins commun.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.