Qu’ils le veuillent ou non, les progressistes vont être amenés à se poser la question de savoir si Adrien Quatennens pourra conserver son mandat de député ou s'il devra se représenter devant les électeurs.
Ce qui arrive dépasse de beaucoup sa personne et ses responsabilités. Pourrait en effet être compromis l'avenir de la Nupes qui seule aujourd'hui, pour le peuple de gauche et de l'écologie, peut incarner une perspective crédible d'avenir face à la politique du président de la retraite à 65 ans et aux prétentions de l'extrême droite.
Mais ils ne devront y répondre qu'en conservant la plus grande rigueur intellectuelle possible.
Ainsi, on ignore si les SMS dont il est fait état aujourd'hui ont été adressés à la victime avant l'aveu de la gifle ou postérieurement. Dans le premier cas, l'enquête de justice en cours les considèrera sans doute comme un élément du premier dossier. Dans l'autre, comme relevant d'une récidive et d'une toute autre gravité du point de vue du droit.
C'est dire combien il est périlleux de faire des suppositions alors que nous ne savons rien de la nature des relations de ce couple en instance d'un divorce compliqué.
Mais nous avons l'aveu public d'un coupable et c'est décisif.
Ce qui n'est absolument pas le cas de Julien Bayou.
Personne ne sait ce qui lui est reproché, lui et son avocate non plus. Malgré ses multiples demandes, ni la justice, ni la cellule d'investigation de son parti ne l'ont entendu et on apprend qu'un groupe de femmes a espionné sa vie privée pendant trois ans.
Dans l'état actuel de ce que nous savons, le prétendu coupable apparaît en réalité comme la victime jetée en pâture à l'opinion publique. Si tel était le cas, on ne peut qu'espérer que les investigations de la justice mettront à nu les responsabilités de tous ceux et celles qui ont contribué à clouer au pilori l'honneur d'un homme et son avenir.
Ils et elles sont plus nombreux qu'on ne le pense car la façon dont sont conduites ces affaires constitue une terrible remise en cause de l'avancée de civilisation qu'est la libération de la parole des femmes pour effacer tout ce qu'elles subissent depuis des siècles et enfin être respectées, considérées comme nos égales.
Oui, une avancée historique à laquelle sont encore refusés les moyens de sa concrétisation, en particulier le milliard d'euros que les associations réclament depuis plusieurs années sans être entendues. Le vote de la prochaine loi de finances donnera une indication sur les groupes qui soutiennent ou non la cause des femmes.
Tout cela intervient dans un contexte qui à bien des égards est marqué par les signes de décomposition du système actuel d'organisation de la société. Il n'est pas la seule cause de ce qui advient mais on ne saurait non plus oublier ce qui relève de sa responsabilité.