Lucien Atencia

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Billet de blog 4 juin 2025

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Le tournis.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’était hier, c’est maintenant que l’on échoue. La défaite annoncée de 2027 sera une conséquence, pas une cause. La politique aux effets rétroactifs n’existe pas. C’est avant qu’il fallait y penser. Mais avant, les têtes étaient ailleurs. La faute à qui ? A une certaine conception de la politique, précisément.

Augmenter les peines de prison quand elles sont déjà pleines, oublier qu’aux USA, le maintien de la peine de mort n’a pas fait reculer la criminalité, renoncer à combattre la présence de particules fines dans l’air alors qu'elles tuent des enfants, les envoient dans des hôpitaux publics exsangues, croire aux sornettes du président de la Cour des comptes qui feint d’oublier que les dépenses de santé vont forcément augmenter avec le vieillissement de la population et le maintien du monopole de l’état sur le commerce des cigarettes alors que celui de la SNCF, de la RATP dans les transports en commun a été abandonné, découvrir que le capitalisme produit de l’injustice quand le constat est fait qu’un ouvrier, une employée, une prof ne peuvent pas se payer une voiture électrique, il faut croire au miracle pour penser que des primaires pourraient compenser le travail que pendant des années des partis politiques dits d’opposition se sont refusés de faire. 

Si l’intention est bonne, le chemin reste à découvrir. Ce ne sera pas dans un claquement de doigts car de mauvaises habitudes ont été accumulées. Produire, créer a de tout temps nécessité plus d’efforts, de travail collectif et individuel que reproduire.

Bien davantage que de chercher à plaire, c'est qu'ils fassent avec qui est attendu des femmes et des hommes politiques. Avec qui ? Avec les citoyennes, les citoyens, les jeunes appelés à devenir les principaux acteurs d'une activité dont ils ne sont que des consommateurs. Enorme contradiction puisqu'il est question de leurs vies, de celles de leur proches, du présent et du devenir de l'organisation de la société, de la planète et de sa biodiversité.

Les rédacteurs de la Constitution, les inventeurs du mode de scrutin de l’élection présidentielle avaient compris bien avant tout le monde que pendant qu’ils ne pensent qu’à trouver la ou le candidat idéal, les électeurs négligent le projet de société, ce qui arrange bien la bourgeoisie. Plus ils s'abstiennent, plus ils cèdent aux sirènes de l'extrême droite, au spectacle sans intérêt de la politique privée de sens commun, plus les actionnaires des grands groupes y trouvent leur compte. Compter, ils ne connaissent que ça !

Qu'y changeront des primaires ? Il peut légitimement être redouté, sur la base de l'expérience, qu'elles maintiendront au chaud ce qui était prévu et produiront les divisions qu’elles prétendent dépasser. Dès lors, aux illusions pourraient succéder des déceptions qui font le miel de l’extrême droite. Mais il y a pire que ces illusions, quand vient le temps de leur disparition et avec elles de l'espoir qui fait vivre et lutter. 

La construction du projet d’une société post capitaliste est à l’ordre du jour. Que la bourgeoisie soit la seule à en prendre conscience, que cela la pousse à s’acoquiner avec l’extrême droite, à faire de Donald Trump son modèle, restera le drame de ce quart de siècle.

Ce qu’a été le précédent, les effondrements, les pertes d’illusions qu’il a connues y ont beaucoup contribué. Qu’ont de socialiste, de communiste, d’écologiste les partis qui en portent les noms ? D’insoumis le vote récent des députés qui se réclament de l’insoumission ?

L’état de droit dont tous se réclament prévoit que tout délit doit être sanctionné mais dans des conditions humaines qui facilitent la réinsertion du condamné. Il s’agit de protéger la société, pas de la venger. Si les conditions d’incarcération par manque de moyens matériels et humains aggravent le sort des prisonniers le résultat est pire qu’au départ. Pourtant, deux ministres d’état se livrent à une surenchère sans fin sur cette aggravation elle-même toujours inachevée et tous les médias ne parlent plus que de ça.

Ils ont inventé l’arme absolue, la prison étanche, celle qui parvient à s’extraire de la société qui l’accueille. Le premier ministre les soutient. Il veut des peines planchers. Celles qui ont été abandonnées il y a quelques années. Pour faire bonne mesure, il ajoute la TVA sociale, arme de destruction massive du financement de la protection sociale, du système solidaire de retraites, de ce qui reste des acquis du programme du Conseil national de la Résistance qui a permis à une France détruite de se reconstruire au sortir de la guerre. Y ajouter une hausse des prix à la consommation, le déclin des services publics et la baisse de la consommation et de l'activité économique qui en résulteront, de quoi attraper le tournis. Surtout, nous devons le conserver ce premier ministre aussi courageux, sinon, il pourrait bien y avoir des élections. Comment construire un projet de société avec des citoyennes, des citoyens et des jeunes dont on redoute à ce point les réactions ? Que faire pour que l’indispensable confiance supplante la défiance qui s’est installée. La colère est partout qui ne produit qu’impuissance et violence. Comment faire que quête de sens partagée, elle devienne irrésistible au point de soulever des montagnes ?

Les réponses, comme l’écrasante victoire du PSG, ne pourront être produites que par du commun.

La racine de communiste. Le XXe siècle en a fait son contraire.

Mentir aux agriculteurs au point de leur cacher que leur légitime revendication de pouvoir vivre de leur travail demeurera insoutenable tant qu'une population, consommatrice de leurs productions sera convaincue qu'elles l'empoisonnent est criminel puisqu'elle provoque la mort, épuise la terre nourricière et empoisonne l'atmosphère. On ne peut en même temps satisfaire le complexe agro-industriel et les paysans dans leurs fermes familiales. 

Du passé faisons table rase. Tous ensemble, unis par une ambition d'avancée de civilisation, construisons du neuf !

Telle est la vocation historique de nos générations, en premier lieu de la plus contemporaine d'entre elles.

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