Alors qu'elles n'auront lieu qu'en 2024, les sondages sur les prochaines élections européennes se multiplient, sans compter ceux que font réaliser les partis politiques et le pouvoir qui restent confidentiels.
Un tel engouement si précoce pour un scrutin qui habituellement mobilise bien peu les électrices et les électeurs a de quoi surprendre. A moins de considérer que cette fois ses résultats pèseront sur ce qui se passera pendant les trois années qui restent à accomplir au monarque méprisant et sur ce que sera la prochaine élection présidentielle.
Plusieurs billets de ce blog s'efforcent de développer cette idée.
Nous devons cette singularité au formidable mouvement populaire que nous vivons à plusieurs millions d'intelligences rassemblées sur des objectifs partagés. Il a fait grandir les exigences démocratiques, jusqu'à la mise en cause des institutions de la Ve République, face à un pouvoir autoritaire qui a osé s'en prendre aux libertés individuelles et collectives pour imposer de force son point de vue à la multitude qui n'en veut pas, sur une question vitale pour la population.
Il est allé jusqu'à priver les parlementaires de l'exercice de leurs prérogatives constitutionnelles et les députés de celui de voter la loi. Un régime d'exception en quelque sorte dans la communauté européenne et au-delà.
Ne soyons pas étonnés si l'idée de revanche a pris une telle ampleur, attisée par ceux qui soucieux de tourner la page des retraites au plus vite, claironnent qu'il convient désormais de passer à autre chose et d'attendre les prochaines élections pour solder les comptes. Résultat, la page n'est pas tournée et c'est elle qui influencera pour beaucoup les motivations des votes prochains !
Quelles belles dynamiques en perspective !
S'ajoutent les difficultés que rencontre la macronie alors que celui qui est son soleil et auquel elle doit tout a vu se dissiper peu à peu sa capacité à créer des illusions qui lui avait si bien réussie pour l'emporter. Beaucoup de ceux que cette faculté avait trompés sont aujourd'hui parmi les plus virulents dans la détestation de celui qu'ils ont tant aimé.
Des millions lui reprochent d'avoir trahi le mandat qu'il avait reçu de barrer la route à l'extrême droite.
Pire, cette dernière est aujourd'hui aux portes du pouvoir, travestie en un fascisme qui se veut désormais propre sur lui. Le peuple de gauche et de l'écologie, s'il est saisi d'effroi à l'idée que ce que connaît déjà l'Italie pourrait nous arriver, ne se laisse pas tromper. Il se montre disponible pour affronter ce péril extrême et pour imposer un tournant progressiste à la marche du pays, à sa politique européenne et internationale.
C'est précisément ce que nous dit un sondage au statut un peu particulier. Commandé début mai à l'institut IFOP par le "Journal du Dimanche", ce dernier ne l'a jamais publié dans sa version papier dominicale, celle de très loin qui connaît la diffusion la plus large. Il est donc inconnu.
Il est vrai que ses résultats ont de quoi surprendre puisque qu'ils prennent le contrepied d'une petite musique qui quotidiennement nous dit que la Nupès serait au bord de l'implosion, sans avenir tandis que le RN arriverait largement en tête des élections européennes.
Qu'en est-il ? Plus des trois quarts, au total, des sympathisants du PS, du PCF, de LFI et des Verts souhaitent que ces partis présentent ensemble une liste et un projet unique de la Nupès aux prochaines élections européennes. S'il en est ainsi, c'est qu'ils considèrent que cette liste unique peut l'emporter, faire mordre la poussière à Renaissance, à LR et au RN.
Quand on constate que les sympathisants du PCF sont à 90% pour une liste unique et ceux des Verts à 70%, alors que ces deux partis lors de leurs deux derniers congrès ont fait le choix de l'autonomie, on est en droit de se demander où et quand s'est produite la panne de courant.
J'ai suggéré dans un de mes billets précédents que les composantes de la Nupès rivalisent d'originalité, d'inventivité et profitent d'un climat favorable pour commencer à faire vivre dans le pays une conception citoyenne de la politique qui associe, en bas et en haut, le maximum possible de citoyennes, de citoyens et de jeunes à la concrétisation du projet et de la stratégie électorale.
Rien de tel pour que recule l'abstention et qu'ainsi la victoire soit la plus démonstrative possible.
Ici le sondage IFOP inconnu jusqu'à ces derniers jours :
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2023/05/120028-Rapport.pdf