Rarement la gestion du temps aura eu autant d’importance.
Le maître des horloges pensait l’avoir résolue en imposant aux deux assemblées une méthode qui ne laisse que 9 jours et 11 pour examiner un projet de loi d’une telle importance et ses 20 articles.
Quel mépris de la représentation nationale !
Des députés, en utilisant tous les outils que leur offre la Constitution, ont transformé l’arme présidentielle en un redoutable boomerang et le projet a mordu la poussière. Bravo !
Au Sénat, un inattendu accélérateur de débats est mis en oeuvre : la grève des interventions de celles et ceux qui y sont majoritaires. Il permet de garantir que le but -l'adoption du projet- sera atteint dans les délais impartis !
Confirmation que nos institutions arrivent au bout d’un rouleau affiché par ceux qui ne cessent d'en proclamer l'efficacité. On se doute pourquoi.
Les mêmes qualifient de ZAD l'Assemblée nationale, émanation du suffrage universel, au profit d'une Chambre Haute, émanation de quelques milliers de grands électeurs, certes respectables mais par opposition aux petits, vous et moi. Mais qui présente l'immense avantage de priver plus de 40% de nos concitoyens de toute représentation.
Vive la démocratie représentative !
En embuscade aux portes du pouvoir, la raciste se frotte les mains au constat d’un tel antiparlementarisme qu’elle se réjouit de ne plus être la seule à le porter avec autant de force.
Au Palais du Luxembourg, nom fort approprié, c’est encore la gestion du temps qui commande le résultat final.
Les sénatrices et sénateurs de gauche et écologistes ont beau faire tout ce qu'ils peuvent avec intelligence et détermination, c'est au mur du temps et aux immenses pouvoirs du Président Larcher qu'ils se heurtent, qui viennent s'ajouter à ceux du locataire de L'Elysée.
Bravo Mmes et Mrs pour votre courage alors que vous avez toutes les raisons de craindre que vos efforts soient platoniques.
Pas si sûr.
A l’Assemblée nationale, celles et ceux qui ont retourné la gestion du temps à leur avantage avaient pourtant tous les autres groupes contre eux et jusqu'à l'intersyndicale, par ailleurs irréprochable. Ils étaient encore bien plus minoritaires que ne l’est aujourd’hui la gauche au Sénat.
Il est vrai que cela leur vaut "d'en prendre plein la poire » et d’être à la "une" de toute la presse qui se charge, dans une belle unanimité, de les habiller pour le prochain hiver.
Ce qui ne saurait faire peur aux sénatrices et sénateurs de gauche et écologistes si cela permettait, comme à l'Assemblée nationale, de rejeter au Sénat le projet Macron honni, dès lors privé de toute légitimité, ce que ne pourrait que sanctionner le Conseil constitutionnel.
N'est-ce pas ce qu'espèrent les millions de compatriotes qui mardi prochain vont emplir les rues de notre beau pays de leurs clameurs joyeuses.