Lors des dernières élections sénatoriales, un accord des composantes du Nouveau Front Populaire était possible qui permettait au PS, au PCF, aux écologistes d’obtenir plus de sénatrices, de sénateurs et à LFI d’en avoir un seul.
LFI ne revendiquait rien d’autre et s’engageait à ce que ses grands électeurs partout votent pour les candidats des trois autres composantes.
La faiblesse relative de leur implantation locale ne permettait pas aux Insoumis d’avoir d’autres prétentions.
PS, PCF et écologistes ont préféré barrer la route du Sénat à ceux qui il y a peu étaient encore leurs alliés. Ce qui a pour première conséquence d’assurer une majorité plus large à Gérard Larcher et de renforcer le groupe LR, dont le président était un certain Bruno Retailleau.
Que le parti qui à gauche a une certaine influence soit exclu de la Chambre Haute devrait poser questions à quiconque est attaché aux valeurs républicaines, quelle que soit sa famille politique. Communiste depuis 1968, cela m’en pose alors je l’écris.
Je l’écris maintenant parce que la même tambouille se prépare pour les prochaines élections municipales.
Elle a déjà été expérimentée avec succès dans des communes comme Villeneuve-Saint-Georges dans lesquelles des facteurs de division nationaux ont été délibérément introduits dans des élections locales, avec pour première conséquence, une augmentation de l'abstention dans les milieux populaires. C’est ainsi que la gauche peut perdre des communes que la droite n’aurait jamais dû gagner. Que deviennent les intérêts des populations dans ces conditions ? Celui de la politique ? Celui d’aller voter ?
Au Sénat, qu’une partie de notre pluralisme politique ne puisse s’exprimer devrait indigner. Des pans entiers de nos libertés, de notre conception de la représentation parlementaire, des valeurs qui nous rassemblent, des droits conquis par les générations qui nous ont précédés disparaissent. Un pas de plus vers la société sans foi ni loi de Donald Trump est en cours.
Échaudée par les comportements de ses alliés, LFI choisit la seule façon d’y faire face pour un jour avoir une sénatrice qui puisse faire résonner sa radicalité dans la quiétude du Sénat : augmenter ses implantations locales et ainsi disposer de davantage de grands électeurs. La parade est inefficace si après s’être vue refuser l’accès du Sénat, désormais au tour des conseils municipaux de subir le même interdit. Ce qui ajouterait à un mode de scrutin contestable une discrimination de fait à l’encontre d’une sensibilité autant représentative que d’autres sinon plus.
Les enjeux doivent être de taille pour que soient abandonnés à leur sort, à la politique d’austérité de François Bayrou, à son dépeçage des derniers conquis du programme national de la Résistance, aux obsessions racistes de l’extrême droite, les millions de nos concitoyens qui risquent fort de se retrouver avec un maire LR, du RN ou de la macronie. Ils attendaient des élections municipales qu’elles les protègent de la déferlante de réductions de crédits publics décidée à Paris. Ils auront des hommes et des femmes qui leur promettent d’en finir avec des déserts de toutes sortes, décidés à en ajouter une louche en matière d’austérité, à nulle autre pareille. De grands comiques prétendent que cela créera les meilleures conditions pour l’élection présidentielle. Sans préciser cependant si c’est pour la perdre.
Les enjeux sont effectivement colossaux. Ils surpassent de beaucoup les résultats des élections qui viennent sans pour autant réduire la portée de leurs conséquences, au contraire. Les résultats électoraux sont devenus l’obsession partagée des partis politiques. D’instruments de mesure de ce qu’ils ont fait bouger dans les consciences au service d’un plus haut niveau de civilisation de la société, ces résultats concentrent toutes les ambitions. Les atteindre rend fou.
L’organisation de la société, la Ve République, ses institutions sont au bout du rouleau. L’omerta recouvre d’un manteau protecteur toutes les turpitudes d’un régime, d’un système qui n’en révèlent pas moins que leurs partisans voient dans le modèle Trump leur planche de salut. Ils se serrent les coudes pour défendre ce qu’ils ont. Leur veau d’or, le capitalisme qui ose encore le nommer ? Leurs victimes se divisent, là est la différence d’une lutte des classes aux forces en présence très déséquilibrées. On se tient par la barbichette.
Dès lors parler, se parler, parler vrai, dire ce qui est devient une force révolutionnaire si c’est à des centaines de milliers de voix. Cela permet de ne pas être dominé par ses colères. Je m’y efforce sans toujours réussir et être compris. Mais comme je ne suis candidat à rien, je continue.
Créateurs, grands intellectuels, artistes, champions votre force d’entrainement est considérable. Les petites gens dont le nombre, l’unité et la détermination qui font les victoires ne sont qu’en colère. Elle peut se révéler dangereuse si la violence l’emporte.
Il est encore temps, chacun, chacune à sa place, de prendre ses responsabilités et de briser la loi du silence.
Parlons ensemble, crions, chantons, jouons, il est encore temps mais demain il sera trop tard.
C’est aujourd’hui que des glaciers s’effondrent, des plages se réduisent, que des enfants et des otages meurent à Gaza, que la guerre terrifie en Ukraine et au Darfour et qu’à Malaga la chaleur est insupportable. En mai, il faisait 32 degrés en Occitanie.
Est-ce le meilleur moment pour y construire une autoroute qui n’enrichira que les gros industriels du BTP, détruira de bonnes terres agricoles, le moment de creuser des bassines utiles à une poignée de gros propriétaires terriens ?
L’exploitation en surface ne leur suffit plus, désormais, ils s’attaquent au sous-sol et aux nappes phréatiques.
Les agriculteurs, eux, continuent à ne pas pouvoir vivre de leur travail. En voie de disparition, qui va nous nourrir, entretenir les haies et les chemins vicinaux, redonner vie à nos villages ?
Ils ne pourront jamais gagner si leurs alliés naturels, ceux qui consomment leurs productions, les fruits de leur travail, sont convaincus que les paysans les empoisonnent.
A marcher sur la tête, la migraine nous paralyse.
Soulever le couvercle de l’omerta devient une urgence absolue.
A la portée de chaque individu, femme, homme ou jeune.
Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
Que la parole se libère !
La mienne ne demande qu’à être contestée.
De la confrontation loyale des opinions naît la lumière de la connaissance.
Du silence, celui qui maintient l’existant, il n’y a à attendre que le maintien de ce qui nous met en colère.