Lucien Atencia

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Billet de blog 6 septembre 2022

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Silence révélateur

Quand allons-nous enfin réussir, en nous métamorphosant comme le souhaitait déjà Georges Séguy, à donner envie à nos concitoyens de communisme ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après le décès du dernier président de l'URSS, il n'y aura donc eu pour toutes réactions collectives , que celle de la Jeunesse communiste qui considère que Mikhaïl Gorbatchev a été le fossoyeur du communisme en Russie et d'un groupe de militants qui pensent le contraire. Ces points de vue radicalement opposés, des militants du parti communiste français les ont exprimés abondamment sur les réseaux sociaux.

Beaucoup estiment que le système qu'a tenté de réformer Gorby, parce qu'il nie démocratie et libertés, restait à leurs yeux promis au plus bel avenir sans l'oeuvre destructrice de ce dernier et les pressions de l'occident.

De tout cela, l'immense majorité de nos concitoyens ne s'en préoccupent pas car il y a bien longtemps qu'ils ont forgé leur opinion et que les multiples périls qui les assaillent en cette rentrée, après les catastrophes climatiques de l'été, retiennent légitimement toute leur attention.

C'est sans doute ce qui pousse la direction du PCF à ne rien dire en considérant qu'elle aurait tout à perdre en s'adressant à des adhérents aussi divisés et de longue date sur le sujet.

Par des réactions de valeur stimulant la réflexion, seuls d'anciens dirigeants l'on fait, tels Francis Wurtz, Roger Martelli, Olivier Gebuhrer et quelques députés. Leur petit nombre tranche surtout avec celles, assez nombreuses, d'adhérents du parti. Tous parlent en des termes opposés du présent sur la question des questions pour eux : la conception du communisme.

De m’efforcer de sans cesse développer ici la mienne, modestement et maladroitement sans doute, m’a valu en retour bien des fois d’être traité de fossoyeur de mon parti. Avec beaucoup de noms d’oiseaux parce que, ne confondant pas communisme et Parti communiste, j’ai osé publiquement critiquer la campagne électorale de Fabien Roussel, devenu aux yeux de beaucoup de mes camarades une idole parce que, pour eux, il a fait revenir un communisme que ses trois prédécesseurs auraient enterré. Or, jamais Fabien Roussel, candidat du Parti communiste, n’y a explicité sa conception du communisme.

Au mieux, à quelques reprises et pas toujours clairement, a-t-il dit ce qu’elle n’était pas. J’y ai vu une volonté de contourner par le silence des adhérents très divisés sur cette question pourtant existentielle pour eux comme le montrent leurs réactions aujourd’hui. Le même silence et pour les mêmes raisons qu'actuellement.  

Notre secrétaire national a fait l’autre choix de se différencier d’abord d’un Mélenchon rendu responsable d'un déclin qui affecte tous les partis communistes dans le monde, quand ils n'ont pas disparu comme en Italie. Avec une série d’expressions publiques discursives de valeurs habituellement attribuées aux communistes. La démarche a été immédiatement très appréciée des porte-voix du capitalisme et aussi de nombreux adhérents qui considèrent que leur candidat a fait une magnifique campagne, soldée par un résultat ridicule, dont les causes, comme toujours, sont attribuées à d’autres. Les participants à la dernière université d’été le lui ont exprimé en l’accueillant en scandant pendant de longues minutes : « Fabien président ! ».

Le déclin se poursuit, Mélenchon n’en est pas la cause mais le bénéficiaire.

Quand allons-nous enfin réussir, en nous métamorphosant comme le souhaitait déjà Georges Séguy, à donner envie à nos concitoyens de communisme ? Le moment est propice quand les dirigeants du capitalisme eux-mêmes reconnaissent qu’il est perçu de plus en plus au bout du rouleau par les peuples et qu’il devient urgent pour sauver leur système d’en modifier les formes pour préserver l’essentiel : la domination qu’exerce la grande propriété privée sur le travail, nos vies et la nature.

Préserver de quoi ? Pour moi, d’un communisme dépouillé des caricatures du XX e siècle et de l’image repoussante qu’en donnent la Chine et les partis communistes dans le monde aujourd’hui.

Il reste à en convaincre les peuples. Ce n'est pas une mince affaire surtout si continue d'être reculé sans cesse le moment de s'en donner enfin les moyens.   

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