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Billet de blog 6 septembre 2024

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Déni de démocratie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le déni de démocratie est caractérisé quand c’est un membre de la formation politique (LR) qui a obtenu le plus mauvais résultat électoral (6%) qui se voit confier la responsabilité de constituer un gouvernement.

Ce seul constat suffirait à caractériser un déni qu’aucun autre pays ne tolèrerait, à l’exception des dictatures.

Certes, le RN est le parti qui a obtenu le plus de voix mais aussi celui auquel une majorité absolue d’électeurs a barré la route du pouvoir. Impossible donc de lui confier la responsabilité de constituer un gouvernement.

Si la démocratie était respectée, c’est au Nouveau Front Populaire, arrivé en deuxième position après le RN et à sa candidate qu’il aurait fallu laisser tenter leur chance devant l’Assemblée nationale. C’est dans cet ordre qu’ont pratiqué les Espagnols.

Comme eux, si Lucie Castets était immédiatement censurée, dès lors il aurait fallu se tourner vers le bloc arrivé en troisième position.

Si ce dernier subissait un nouvel échec, Emmanuel Macron aurait dû constater un blocage institutionnel significatif d’une crise de régime.

Il a préféré voler le résultat du vote des électeurs ce qui constitue un déni de démocratie.

Le monarque l’a choisi pour ne pas être obligé de démissionner pour sortir de la crise de régime. Sans même avoir besoin de recourir à la procédure de destitution car nul ne peut gouverner la France pendant trois ans s'il est rejeté à ce point par sa population.

Rejet d'autant plus large qu'il concerne ce à quoi nos concitoyens tiennent le plus : la démocratie, les libertés individuelles et collectives.

Nous sommes confontés à une bourgeoisie radicalisée qui depuis des décennies rêve d'aligner notre pays sur les autres nations capitalistes. Systématiquement, elle s'est attaquée à toutes les conquêtes sociales et démocratiques qui constituaient l'exception française. Elle voudrait achever le travail et n'hésite pas, pour cette finalité, préférer le RN au Nouveau Front Populaire.

C'est dire combien elle redoute qu'un gouvernement issu du NFP soit en mesure de prendre un certain nombre de décisions qui répondent aux attentes populaires en matière de pouvoir d'achat, de santé , d'éducation, d'âge de départ à la retraite ou de vie démocratique. 

Ce n'est pas tant les mesures elles-mêmes qui leur font peur. Elles n'ont pas le caractère révolutionnaire que leurs adversaires leur prêtent. Ce qu'ils redoutent par dessus tout, n'est-ce pas qu'une dynamique transformatrice plus ambitieuse en soit le prolongement par contagion ? 

Dans ces conditions, impossible de prétendre pousuivre comme avant une politique rejetée, au risque de provoquer des désordres et des affrontements qui ne peuvent que permettre à l'extrême droite de lever les derniers obstacles qui la prive du pouvoir d'Etat.

Rien ne dit qu'Emmanuel Macron a échappé à l’auto-sanction suprême. On peut même considérer qu’il a aggravé son cas. Notamment en accomplissant son coup de force grâce à un compromis ostensible avec une extrême droite, interdite de pouvoir par un Front républicain.

Ce n'est pas sans danger pour le RN qui, après s'être découvert en fin de campagne des élections législatives, révèle aujourd'hui plus crûment sa nature de béquille du capital. 

Interdit de pouvoir, mais faiseur de roi ! On marche sur la tête.

L’avenir proche nous dira si les  Français ont retrouvé la possiblilité de choisir librement leur destin par une voie pacifique. 

Leur concours est indispensable puisque les partis politiques seuls et les institutions de la Ve République n'y parviennent pas. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.